En une semaine, Yves Fernand Manfoumbi, président en exercice du FOHBAC (Forum des Hauts Fonctionnaires des Directeurs du Budget de l’Afrique Centrale), a sillonné les sept pays membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) y compris la RD Congo et le Burundi. Objectif, préparer la région à basculer d’une logique de gestion par les moyens, à un principe de gestion par les résultats. Dans une interview au terme de ce périple, Yves Fernand Manfoumbi revient sur les enjeux des reformes en cours qui vont révolutionner la gestion des deniers publics d’ici 2023.
GABONEWS (GN) : Quel est l’objectif de cette tournée qui vous a conduit dans les pays de la CEEAC ?
Yves Fernand Manfoumbi (YFM) : ce déplacement s’inscrit dans le cadre des recommandations les plus fortes de nos assises de N’Djamena au Tchad (du 7 au 12 janvier 2013) qui ont consacré la nécessite d’assurer un suivi régulier des Etats membres de l’AFRITAC Centre en matière de modernisation de nos finances publics.
Donc, avant les assises de Kinshasa (27 janvier 2014), il était pour nous important de nous assurer de l’état d’évolution de chaque pays membre non seulement en matière de reformes de deuxième génération mais également sur l’état d’avancement des transpositions des directives de la CEMAC. Il s’agit aussi de donner l’information sur l’évolution et l’ouverture du Master 2 des finances publiques pour les Etats membres de l’AFRITAC Centre. Il est question aussi de s’assurer de la nomination des membres permanents et suppléants qui doivent désormais étoffer la structure du FOHBAC par rapport aux défis à relever.
Nous avions pour mission de recueillir de chaque Etat membre les projets de communication des thèmes pour les assises de Kinshasa.
Tout ceci pour vous assurer que nous préparons une révolution dans la gestion des finances publiques en Afrique centrale.
GN : Après cette tournée, peut-on conclure que les réformes sont appliquées par les pays membres ?
YFM : C’est un constat de satisfaction qui en découle. Cela voudrait dire que les Etats membres de l’AFRITAC Centre ont pris, à bras le corps, la question de modernisation des finances publiques. Aujourd’hui c’est une nécessité de passer vers une logique des moyens à une logique des résultats. Il y a naturellement quelques difficultés indépendantes de la bonne GN : Quelles sont ces reformes et que visent-elles ? volonté des Etats membres. L’exemple de la Centrafrique en pleine crise politico-militaire est une parfaite illustration. Mais dans l’ensemble, les avancées sont déjà palpables sur le terrain.
Nous appelons surtout l’attention des plus hautes autorités, notamment les chefs d’Etat à soutenir cette initiative du FOHBAC pour que l’instrument qui est le budget joue son rôle de catalyseur dans le processus de développement. C’est le seul instrument dont dispose chaque Etat pour assurer son développement économique et social. Donc, nous pensons qu’il faut une totale et réelle implication des plus hautes autorités pour accompagner les collègues et directeurs généraux qui ont la charge des questions de reformes des finances publiques dans chaque Etat.
GN : Quelles sont ces reformes et que visent-elles ?
YFM : Ces reformes sont un bouleversement, sinon une révolution de l’environnement financier dans tous les pays membres d’AFRITAC Centre. Ca voudrait dire que hier nous avons longtemps fonctionné sur une logique de moyens. Rendre compte n’était pas obligatoire.
Aujourd’hui, pour impulser le développement, il faut dégager les responsabilités des uns et des autres. Ceux qui ont la charge de gérer les deniers publics doivent en assurer une gestion efficiente. Ils doivent rendre compte de leur utilisation, bonne ou mauvaise. Voici pourquoi nous pensons aujourd’hui qu’il n’est plus question de laisser poursuivre le processus de gestion axé sur les moyens. Il faut appliquer les nouvelles directives qui voudraient que nous allions vers une gestion axée sur le résultat comme dans les entreprises privées.
GN : Quels sont les moyens mis en œuvre pour atteindre les objectifs visés ?
YFM : Les moyens ce sont les plus hautes autorités. La première chose, il faudrait que l’autorité suprême de chaque pays prenne en considération les propositions des techniciens que nous sommes. Le FOHBAC jouera pleinement son rôle si les plus hautes autorités s’impliquent. Rappelons que la CEMAC a déjà dicté les directives d’un basculement vers une gestion axée sur le résultat à l’horizon 2023.
Il appartient désormais à chaque pays de pouvoir transcrire ces directives en lois plus où moins nationales pour que la loi supra nationale puisse s’impliquer dans la loi nationale. A partir de cet instant les habitudes et les bonnes pratiques par rapport aux standards internationaux deviendront la règle dans nos Etats. C’est à ce prix que le FOHBAC réussira sa mission.