Plusieurs centaines de retraités Gabonais, répartis à travers le pays, ne percevraient pas leur pension militaire depuis la mise en place du service de sécurité au sein du Trésor public. Pourtant, à en croire les agents du ministère du Budget, ces pensions sont bel et bien versées chaque année. Où va donc cet argent ? Seul le commandant de gendarmerie Serges Binga, confondu en justice, semble en avoir la réponse.
L’affaire a véritablement été portée à la connaissance des populations il y a trois semaines quand M. Mbela, agent de sécurité en fonction au Trésor d’Owendo a déposé plainte contre son employeur pour «licenciement abusif» auprès de l’Inspection du travail. La plainte reçue, l’institution a alors demandé à entendre la version d’un responsable du service dans lequel l’infortuné avait ses fonctions. Pour ce faire, la présence du commandant de gendarmerie, Serges Binga, par ailleurs responsable du service de sécurité du Trésor public, était la mieux indiquée, si on voulait voir clair dans cette affaire quelque peu banale comparée à celle que les agents de l’Inspection du travail porteront au grand jour au fil de l’avancement de l’enquête. Un piège ? Nul ne le sait.
Qu’à cela ne tienne, Serges Binga regrettera très vite de s’être rendu dans les locaux de l’Inspection du travail et d’avoir donné son consentement pour la «fouille» minutieuse dans laquelle l’enquête s’est ensuite lancée. En effet, d’une affaire à une autre, il s’agira quelques semaines après de «détournement» de la pension des agents de sécurité du Trésor public, ainsi que le révèle le journal Echos du Nord du lundi 2 septembre 2013, en son numéro 195. Selon les confrères, « depuis 2008, date de sortie de la première promotion des agents de sécurité du Trésor public, les pensions de ces derniers prennent une destination inconnue. Pourtant au ministère du Budget, on reconnaît qu’elles sont régulièrement versées.» Où est donc passé l’argent de ces Gabonais qui, pour la plupart, regrettent le traitement injuste dont ils sont victimes depuis de nombreuses années quand leurs collègues de la Société gabonaise de sécurité (SGS) bénéficient d’un meilleurs honoraires ?
A cette interrogation, le responsable de la sécurité du Trésor public est appelé à répondre le 12 septembre prochain devant le tribunal de première instance. Les faits qui lui sont reprochés sont assez lourds, dit-on. L’homme de 50 ans sera amené à répondre des deux milliards de francs CFA en sa possession que lui prêtent certaines indiscrétions. Le compte bancaire de l’homme serait bien garni grâce aux pensions détournées de ses collègues : un processus bien huilé qui aurait consisté à recruter de la «main d’œuvre non permanente» comme agents de sécurité pour ensuite prétendre à une suspension (non justifiée) de la pension des militaires retraités par le ministère du Budget qui, on l’a vu, a vivement rejeté l’accusation éhontée du commandant. La suite de l’enquête aurait révélé que c’est la secrétaire de Serges Binga qui s’occupait chaque fin de mois de faire les états de ces pensions pour les toucher avec la complicité de son «patron» qui, quant à lui, prenait le soin de «mouiller» certains de ses collègues pour ne pas être le seul à tomber.
N’aurait été la probité du nouveau secrétaire général du ministère de la Défense, le Général Soka, l’affaire aurait pris une importance imaginable. L’homme, après avoir bénéficié à deux reprises d’une enveloppe de six millions de francs CFA, sans raison apparente, s’en serait inquiété la troisième fois, comme l’indique Echos du Nord. L’argent, selon certaines indiscrétions provenait de Serges Binga, responsable de la sécurité au Trésor public.
