Alors que l’opération d’enrôlement des populations en vue de la constitution des fichiers électoraux biométriques s’achève dans trois jours, de nombreuses voix s’élèvent pour appeler davantage à se faire enrôler. Pour aller plus loin, le Bloc Démocratique Chrétien (BDC, majorité) a saisi le Premier ministre, Raymond Ndong Sima, pour solliciter simplement la prorogation, de 15 jours, de cette période.
Ces derniers jours, toutes les formations politiques et leurs leaders, même les plus irréductibles, sont montés au créneau pour inviter les populations à aller massivement se faire enrôler sur les listes électorales biométriques. Cette opération réclamée par toute la classe politique a été, au départ contestée. L’on dénonçait l’initiative unilatérale et l’impréparation du ministère de l’Intérieur, de même que la mise à l’écart des partis de l’opposition. Mais avec l’annonce de la candidature de certaines personnalités, et les appels à l’enrôlement venant de tous bords, les centres sont de plus en plus bondés de monde. C’est le plein des derniers jours.
Et dans ce contexte et au regard des pannes enregistrées, les machines semblent ne pas tenir le coup. Des observations qui ont conduit le Secrétaire exécutif du Bloc Démocratique Chrétien (BDC), Guy Christian Mavioga, porte-parole de la Majorité, à produire une lettre à l’adresse du Premier ministre, Chef du gouvernement, dans laquelle il demande a la prolongation de 7 à 15 jours de l’opération d’enrôlement des électeurs en cours dans le pays.
«En décidant de la mise en œuvre de la biométrie pour la confection du fichier électoral et civil de notre pays, le président Ali Bongo Ondimba voudrait marquer de son empreinte notre jeune histoire. Cet objectif ne peut être atteint que si cette opération est une réussite, en enrôlant le maximum de Gabonais, si ce n’est tous les Gabonais remplissant les critères de la loi», note-t-il dans une lettre datée du 3 septembre et dont les extraits ont été rendus publics par le quotidien en ligne Infosgabon.com.
Guy Christian Mavioga ne manque pas de fustiger le fait que le ministre de l’Intérieur ait déclaré avoir pour objectif l’enrôlement de 300.000 électeurs alors que la moyenne enregistrée sur les quatre dernières élections dans le pays, depuis 2006, est de 715.000.
Se référant également à l’une des sorties du même ministre de l’Intérieur, il s’est encore demandé pour quelle raison «il n’est pas disposé à prolonger la période de cette opération malgré la marge supplémentaire de 15 jours que prévoit la loi». Le patron du BDC finit ainsi par constater que cette «cette ambition du gouvernement n’est pas honorable», mais plutôt, «inquiétante car elle est de nature à décrédibiliser l’action et l’image du Président de la République auprès de son peuple comme à l’extérieur…».
La loi n°7/2013 du 22 juillet 2013 modifiant et comportant certaines dispositions de la loi n° 7 du 12 mars 1996 portant dispositions communes à toutes les élections politiques au Gabon, stipule en son article 37 nouveau alinéa 7 que «la durée de l’enrôlement est de 45 jours, celle-ci peut faire l’objet d’un prolongement dont la durée est fixée par arrêté du ministre chargé de l’Intérieur. Cette prolongation ne peut excéder 15 jours».
Le porte-parole de la Majorité puise aussi ses arguments dans le fait que «cette opération d’enrôlement a commencé dans sa première semaine avec des balbutiements dus essentiellement à des problèmes techniques et structurels». Par ailleurs, il a fait remarquer «qu’un fichier civil fiable et incontestable aura aussi une incidence sécuritaire favorable sur le travail des forces de sécurité…».