A la faveur d’une «causerie politique» à Bitam dans le Woleu-Ntem, quelques cadres de l’ex-Union nationale (UN) ont entretenu leurs suiveurs du département du Ntem sur la nécessité de recouvrer leur souveraineté. De cette rencontre est née «La déclaration de Mameni» dont le sens peut cacher énormément de choses.
Réuni au village Mameni dans le département du Ntem, à quelques kilomètres du Cameroun, des cadres de l’Union nationale (UN), parti politique aujourd’hui dissous, ont tenu une «causerie politique» avec les riverains de la localité. Il était essentiellement question de l’actualité politique du pays et notamment de la nécessité que ces derniers, comme tous les Gabonais, prennent conscience du pouvoir dont ils disposent en qualité de peuple souverain.
La rencontre, rendue publique par le journal Nku’u le Mesager du lundi 9 septembre 2013, a enregistré la présence, entre autres, de l’ancien maire d’Oyem, Vincent Essone Mengue, de personnalités politiques telles que Jean Christophe Owono Nguema, Fabien Mbeng et du Professeur John Joseph Nambo, perçu comme le principal acteur de cette rencontre qui a découlé sur «La déclaration de Mameni», du nom de la localité où celle-ci a été faite, mais plus encore comme un symbole : «ce village qui, note le journal, a vu naître Alfred Memini Me Zuè, ministre de l’Education nationale du gouvernement alternatif constitué par André Mba Obame», gouvernement qui, par ailleurs, lui a valu les déboires qu’on connaît.
Une déclaration qui, à en croire le correspondant local de « Nku’u » se résumerait en cette phrase qui tient plus d’un appel aux intensions douteuses et encore mal définies par leur auteur qu’à un véritable chant patriotique : « Peuple gabonais, le pouvoir vous appartient, prenez-le ! » En d’autres termes, et comme pour tenter de donner une explication à cette déclaration, le journal relève que « pour le Pr John Nambo, (auteur de la déclaration) dans des pays véritablement démocratiques la souveraineté appartient au peuple qui décide à qui transférer une partie du et/ou des pouvoir(s). Raisons pour laquelle dans ces pays, les peuples sont craints par ceux qui détiennent ce et/ou ces pouvoirs, de peur d’être sanctionnés, le moment venu, soit par le vote, soit alors par des insurrections populaires ! » Une sorte d’appel qui peut donner froid dans le dos et laisser libre cour aux interprétations diverses : les plus perfides en l’occurrence.
Ainsi, pour John Nambo qui a regretté le mutisme et l’inaction des populations gabonaises, et le fait que celles-ci semblent craintives, «timorées par les 45 ans de pouvoir des Bongo», il y a lieu que les Gabonais s’insurgent. Mieux, qu’ils se lèvent «comme un seul homme pour reconquérir [leur] souveraineté.»
Si nul ne doute qu’en République démocratique, le peuple est souverain et possède de ce fait un pouvoir non négligeable, il convient tout de même de garder à l’esprit que la «reconquête» de sa souveraineté par le peuple gabonais ne saurait se faire sans véritable concertation, même si «le Pr John Nambo espère lui […] que bientôt le peuple gabonais se lèvera pour exiger la tenue d’une conférence nationale, cette fois-ci souveraine.» Si telle est la seule concertation «exigée» par les dignitaires de l’UN, il semble que ces derniers veuillent recourir à «tous» les moyens permettant d’y arriver ; «By any means necessary», dirait Malcom X, le prêcheur musulman afro-américain, militant des droits de l’homme dans les années 60. C’est du moins une des interprétations que les idées scandées par les initiateurs de «La déclaration de Mameni» peut engendrer. Un rapide recadrage sera donc la bienvenue.