Quand, il y a deux semaines, Jean François Ndongou appelait les politiques de tous bords à vulgariser auprès de leurs compatriotes la nécessité de se faire enrôler, le ministre de l’Intérieur, semble-t-il, avait alors ouvert la porte au vice «natif» de la plupart des élus et autorités politiques gabonaises : la tricherie. Comme un retour au «naturel», à Ndendé, il semblerait qu’Yves Fernand Manfoumbi se soit impliqué dans une curieuse affaire.
«Manf’10», pour rimer avec Ali’9, aurait-il mal perçu le message de Jean François Ndongou appelant à susciter de la part des populations gabonaises une participation massive au processus d’enrôlement qui, quoiqu’il en soit, à en croire le ministre de l’Intérieur, ne connaîtra pas de prorogation ? Nul ne saurait le dire avec exactitude. Mais si, à l’image de toutes les autres presses «aux buts inavoués [et aux] articles faussement calibrés» (dixit La Calotte, n°52), de nombreux riverains de Mouila et de Ndendé dans la province de la Ngounié, jugent qu’un ensemble de faits et d’éléments plus ou moins négatifs et proscrits sont imputables à Yves Fernand Manfoumbi, c’est que l’évocation même d’une affaire de tricherie éclaboussant une autorité politique et administrative du pays, et notamment le directeur général du Budget, mérite qu’on s’y penche un instant. Loin, l’idée d’une supposée cabale dont certaines presses bien pensantes, accusent les autres.
Ainsi, comme de nombreux individus originaires de la province le murmurent depuis le début du processus d’enrôlement, il semble qu’on se ferait quelques grands billets de francs CFA si l’on se rend dans les villes de Mouila et Ndendé pour se faire enrôler. Le déplacement vaut le coût, conviennent certaines indiscrétions quand les autres, se souciant peu du couvert de l’anonymat, à l’instar de Bruno Ben Moubamba de l’Union du peuple gabonais (UPG), perçoivent le directeur général du Budget comme le «symbole du fiasco de l’enrôlement biométrique» dans la Ngounié.
En effet, pour l’homme politique se réclamant de l’Opposition, «le parti au pouvoir (PDG) depuis un demi-siècle après avoir occupé plus de 2/3 des postes à l’Assemblée nationale s’apprête à rééditer son exploit par une triche s’appuyant [sur] le déplacement massif de populations contre rémunération, jouant ainsi avec le feu définitivement.»
L’accusation publiée sur le blog de Bruno Ben Moubamba, le 9 septembre 2013, vient de ce fait compléter celles déjà entendues dans le milieu. Ben Moubamba indique à cet effet : «Selon de nombreux témoignages, le directeur général du Budget (membre influent du parti au pouvoir) a fait installer (en plus des milliers de Gabonais déplacés comme du bétail électoral pour aller s’inscrire là où ils n’ont aucun lien pour saturer les votes futurs) un «kit biométrique» fort de la protection du Président Ali Bongo (sans doute) chez lui à Mouila pour influencer les élections locales à Ndendé dans tous le département de la Dola au sud du Gabon. Il fait circuler des bus entiers […] pour inscrire à domicile des milliers de gens venus des quatre coins du pays. […] Il souhaite tout simplement avoir le contrôle de la ville de Ndendé, de l’Assemblée départementale, de tous les élus et donc de ce qui se passe dans la localité pour plaire à son Président Ali Bongo Ondimba. C’est sans doute leur faute politique de trop. »
Grappillant ci et là des avis et un certain nombre d’informations liées à cette affaire qui relève plus d’un secret de polichinelle impliquant tous les partis politiques du pays (Opposition et Majorité) que d’un véritable «scandale» devant lequel presqu’aucun Gabonais ne serait surpris, Gabonreview, au terme de cet exercice s’est rendu compte que le phénomène, s’il n’est pas avéré dans la province de la Ngounié, pour le cas d’espèce, existe bel et bien. Chaque gabonais en conviendrait parfaitement : les habitudes ayant la peau dure en république.
