Repris après plus de deux mois de pause, le Conseil des ministres du 18 septembre dernier à fini par livrer ses conclusions, vingt quatre heures après sa tenue. L’inhabituel retard serait dû, selon certains grands esprits, à la confection d’une liste interminable de nominations. On notera, toutefois, à travers la déclaration finale, la hargne du gouvernement à soulager la population de la pollution et de la nuisance sonores.
À l’issue du tour de table gouvernemental du 18 septembre dernier, traditionnellement organisé par le président de la République en vue d’étudier avec les ministres les «choses au pays», l’équipe Ndong Sima a annoncé sa détermination à améliorer les conditions de vie des Gabonais. L’une des annonces notables du conseil de ministres qui ne s’était d’ailleurs plus tenu depuis de longues semaines, est l’arrêt de «l’importation des véhicules usagés de plus de trois (3) ans».
Relevant de l’action n° 13 du Plan sectoriel environnement du PSGE, cette décision vise à protéger l’environnement et à lutter contre les accidents de la route, très mortels dans le pays. Selon le communiqué final du Conseil des ministres, «un délai de deux (2) mois sera accordé pour le dédouanement après vérification».
Une mesure salutaire, pourrait-on dire, du fait qu’elle participera au bien-être de la population si et seulement si, elle est bien appliquée en tenant compte de plusieurs aspects : l’entretient, le kilométrage du véhicule, l’état de la route sur laquelle elle a été conduite avant d’être importé vers le Gabon, etc. Il importe cependant de s’interroger sur les chances de réussite de ce combat du gouvernement contre les voitures communément appelées «occasion Belgique» de plus de trois ans. Des arguments existent en effet pour la contrarier, car le degré de dangerosité de ces véhicules ne pourrait être établi qu’en tenant compte de plusieurs variables. Car, une voiture usagée de plus de 3 ans peut être en bon état et moins polluante qu’une voiture directement sortie de chez le concessionnaire et conduite pendant à peine un an et demi, tout comme une voiture usagée de plus de 5 ans peut être moins dangereuse qu’une voiture d’occasion de moins de 3 ans.
La décision ne recueille d’ailleurs pas l’assentiment de certaines personnes qui la trouvent un peu fantaisiste et arrêtée sans réelle étude. «Permettez-moi de vous dire combien a été ma surprise quand j’ai écouté madame la porte-parole du gouvernement lire cette décision hier. Donc nous ne cesserons jamais d’amuser la galerie avec nos rêveries. Nous avons de vrais problèmes et des solutions réalistes pour les résoudre, mais on est toujours là à chercher à inventer la roue», a fustigé Max un citoyen gabonais commentant cette mesure dans une salle d’attente de ministère.
«Nous ne disposons pas du budget de l’État comme eux pour nous faire livrer des voitures avec emballage. Moi je leur poserai quelques petites questions qui les aidera à revoir leur stratégie de lutte contre la pollution et les nuisances sonores : combien de kilomètres de route l’État a-t-il construit dans nos quartiers sous-intégrés pour nous permettre de garder en bon état nos occasions Belgique ? À l’issue des contrôles intempestifs de la Brigade de contrôle routier, combien de voitures sont envoyées en visite technique ? Quelle politique l’État, à travers la municipalité, a-t-il mis en place pour stopper la circulation des épaves dites clandos qui polluent en longueur de journée notre quotidien et nos rues ? Combien de voitures mises en fourrière la Mairie n’a-t-elle pas remises en circulation à l’issue de ventes aux enchères ?», a poursuivi le même quidam.
«Moi j’aimerais savoir de quel moyen disposent nos gouvernants pour déterminer la date de mise en circulation de ces voitures ? Et puis soyons sérieux, entre une voiture d’occasion, même de plus de 8 ans venue de l’Europe avec un bon entretien, et une voiture sortie de Toyota Gabon, conduite pendant deux ans sur nos routes, il n’y a pas de comparaison. Celle sortie du magasin ici pollue plus que celle importée. Nous n’avons pas de routes adéquates encore moins la culture de l’entretien des véhicules. Nous savons justes consommer. Combien de conducteurs pensent à amener leur véhicule pour des contrôles ?», a renchéri Hugues un jeune citoyen.
«Monsieur le président, on attend toujours les résultats en termes de proportions quant à la diminution de la pollution après l’interdiction des sachets plastiques non dégradables ? On attend de voir Libreville et Owendo faire un trimestre plein sans que les ordures n’observent un mouvement d’humeur au point de nous envahir, car de là aussi provient la pollution qui développe des maladies vectorielles. On devrait aussi prendre en compte les nuisances sonores avec les bistrots et chapelles qui nous empêchent de dormir, voici des problèmes faciles à régler à mon avis, sur lesquels on devrait se pencher dans l’immédiat».
De plus, la chasse aux voitures polluantes se limitera-t-elle aux seules voitures usagées de plus de 3 ans récemment dédouanée ou s’étendra-t-elle à tous les véhicules en circulation dans notre belle capitale et participant à la pollution de cette dernière ?