Depuis plusieurs mois, Libreville croule sous des tas d’immondices. Pour tenter d’endiguer ce malheureux phénomène en passe devenir une véritable question de santé publique, le gouvernement et des organisations gabonaises multiplient les appels au secours. L’artiste Régis Divassa a, semble-t-il, trouvé une solution pour contrer la puanteur et l’incivisme des populations.
Comme pour exprimer un ras-le-bol de la situation d’insalubrité extrême qui n’a que trop duré et qui, de jour en jour, enlaidi la capitale gabonaise, le jeune dessinateur, grapheur, tagueur gabonais, Régis Divassa, a pris son courage à deux mains et a décidé d’agir sans attendre le soutien de l’Etat. Sa mission, depuis quelques jours : sillonner les rues de Libreville et pulvériser la souillure grâce à la seule force de sa détermination. Ainsi, l’artiste de 34 ans a déclaré la guerre à l’insalubrité grandissante en s’attaquant particulièrement aux odeurs d’urine. Pour Régis, le phénomène est national : «Le Gabonais a une très bonne habitude, c’est que quand il a un peu levé le coude, hop, il te refait la peinture de la maison.» Il s’agira donc pour lui de cacher par le biais de la peinture et de son œuvre, les murs souillés par l’urine, dans le but d’embellir la ville, dans une moindre mesure.
L’artiste compte ainsi réaffirmer l’éclat et la beauté des coins de rue reculés de la capitale, malheureusement utilisés comme toilettes de fortune par certains, et faire des murs des maisons résidentielles touchés, de véritables œuvres d’art. Ceci avec un message érigé en slogan tagué en lettres rouges, blanches et jaunes qui ne devrait pas passer inaperçue : «Défense d’uriner». Et l’artiste d’expliquer : «Le rouge, c’est l’interdit, mais aussi la renaissance.» Une vision apparemment noble et murement réfléchie que Régis Divassa espère fertile. «Un graph, c’est comme un tableau. Si les gens voient quelque chose de beau sur un mur, ils ne vont pas venir pisser dessus.»
Si le projet du jeune artiste mérite d’être soutenu pour son patriotisme et son courage, l’absence de toilettes publiques et gratuites dans la capitale est une réalité blâmable à laquelle l’Etat gabonais ne semble pas vouloir remédier depuis plusieurs années, bien que des effets d’annonces dans le domaine aient été enregistrés, effectués par les différents gouvernements qui se sont succédés, sans réelle mise en pratique. De ce point de vue, l’artiste, conscient de la situation, comprend presque que des individus soient obligés de faire leurs besoins sur les murs des habitations.
En attendant, après son détour à la Cité Mebiame, un quartier populaire de Libreville, Régis a déclaré ne pas vouloir attendre le changement de mentalités des populations ni même l’intervention du gouvernement pour jouer sa partition de citoyen et personnalité publique afin d’endiguer l’insalubrité. En compagnie de son partenaire Blatino, il cible désormais de nouvelles zones d’intervention à travers Libreville en vue de pulvériser ses slogans et ses fresques. Pour Régis Divassa, le street art est un acte politique, une sorte de rébellion qui peut servir à sensibiliser le public.