L’étudiant Firmin Ollo Obiang, interpellé le 29 octobre 2013 et ayant passé près d’une semaine en détention, a récemment recouvré la liberté provisoire. Interviewé par Gaboneco.com, il revient sur ce qui peut l’avoir conduit dans les cellules, le sens du combat qu’il mène à l’Université Omar-Bongo (UOB). Lançant un appel au président Ali Bongo Ondimba, il déclare que «l’émergence n’est pas un chant. C’est une action qui nécessite la consultation et la prise en compte de la jeunesse».
Firmin Ollo Obiang, candidat aux municipales dans le 1er arrondissement de Libreville aux côtés de l’opposante Chantal Myboto Gondjout, avait été interpellé le 29 octobre 2013 pour trouble à l’ordre public. Libéré il y a quelques jours, il revient sur cette arrestation en déclarant que «c’est au sixième jour de ma détention que j’apprends qu’une plainte a été portée contre moi pour des faits de trouble à l’ordre public au sein de l’université, de destruction de salles de classe, de violence envers un membre du groupe Atos qui se trouverait actuellement dans un service hospitalier. Mais l’auteur de cette plainte reste inconnu à ce jour».
Le leader des mouvements estudiantins relève que «selon la loi, il n’y a que le recteur qui est apte à poursuivre judiciairement un étudiant. Aussi, les mouvements des 22 et 23 septembre ont été répertoriés par le doyen de la Faculté de droit et sciences économiques (FDSE). Ce dernier a donc établi un document qu’il a adressé au recteur, dans lequel il exprimait sa volonté de me poursuivre en justice. Je suppose donc que c’est ce qui s’est matérialisé le 29 octobre dernier. Oui, il existe une plainte contre moi. Les réels motifs derrière cette plainte ne sont connus que par l’auteur de la plainte. Cependant, je sais que l’auteur de la plainte qui a motivé l’enlèvement dont j’ai fait l’objet, est une autorité de l’Université Omar Bongo (UOB). Le contraire m’étonnerait. Mon avocate avait à ce sujet, commis un huissier de justice pour connaître les fond de mon kidnapping du 29 octobre dernier. Aucune personne de l’UOB, n’a reconnu avoir porté plainte contre l’étudiant que je suis. En effet, ni le recteur, ni le doyen, n’est responsable de la fameuse plainte qui me poursuit aujourd’hui».
Interrogé sur la façon dont il voit son avenir au sein de l’UOB, il répond qu’il n’a aucune de les terminer. «Je peux vous dire que de nombreux enseignants me pointent du doigt pour me signaler que malgré ma présence en salle de cours, je n’irai nulle part. Cela fait plus de trois ans que je suis en licence, non pas parce que je suis un cancre, juste parce que je suis fiché, tout comme ceux qui sont dans la même lutte que moi. Le recteur et le doyen nous ont signifié qu’ils ne nous excluraient pas, mais que nous ne progresserons pas non plus», a-t-il expliqué avant d’ajouter : «nous voyons en cela, un moyen d’intimidation à notre endroit. Ce qui est regrettable, c’est le comportement des actuels dirigeants qui se dressent en moralisateurs. L’actuel porte-parole de la Présidence n’a pas franchi le niveau Licence à l’UOB. Pourtant, il tenait avec d’autres étudiants, les rennes de mouvements de revendication, allant jusqu’a poser des actes déshonorants».
Firmin Ollo Obiang poursuit en indiquant, concernant le porte-parole de la présidence de la République, que «mais aujourd’hui installé au sein du pouvoir, il juge négativement l’action que nous menons. Et, dans ces cas, ils sont nombreux à se ranger du côté du pouvoir et à critiquer notre action. Bikoro qui a milité avec l’actuel porte-parole de la Présidence vit en ce moment à Oyem parce qu’il n’a jamais voulu rallier le système. Ce sera le cas pour nous. Jamais, nous ne serons assujettis à un quelconque pouvoir».
Sur le plan familial, l’étudiant reconnait que sa famille vit dans la psychose : «Celle-ci a peur que ma détermination ne me fasse traverser les abîmes. Si ma vie est en danger? Cela est une évidence, car le kidnapping du 29 octobre aurait pu virer au drame si les médias, les étudiants et mon avocat n’avaient pas vulgarisé l’information. C’est donc vous dire qu’à n’importe quel moment, je peux me faire tuer. Et c’est dans cette crainte que vivent mes parents».
Revenant à sa présence sur la liste de la candidate indépendante, Chantal Myboto Gondjout, aux élections locales à venir, il précise que sa présence sur cette liste répond à un idéal qui retrouve sa réponse dans l’idéologie défendue par ce bord politique. «C’est l’idéologie de ce bord politique. Ce sont des personnes qui ont su dire NON au moment opportun. J’ai eu beaucoup d’appels du Parti Démocratique Gabonais, pour les locales dans les arrondissements. J’ai refusé car j’ai une conviction sincère et digne de foi», a-t-il déclaré.
Terminant son entretien avec notre confrère, le jeune étudiant qui se lance donc en politique lance : «Il ne faut pas qu’on fasse de l’UOB ce qui a été fait au Centre Hospitalier de Libreville. Car, le CHL a été détruit en accordant désormais une place importante aux petites cliniques des quartiers. Pour faire le parallèle, en tuant l’UOB, l’Etat favorise la naissance de petites écoles supérieures qui ne dispensent pas de véritable formation. Au Chef de l’Etat, je lancerai un appel : l’émergence n’est pas un chant. C’est une action qui nécessite la consultation et la prise en compte de la jeunesse».