Jean Marc Sansovini, directeur général de l’Aéroport de Libreville (ADL), semble avoir la rancune tenace envers la famille Bongo. L’aversion du ressortissant français serait telle que la simple évocation du célèbre patronyme le mettrait hors de lui. A tel point qu’un «Bongo» n’ayant rien à voir avec la famille présidentielle en aurait récemment fait les frais.
Arrivé à la tête de l’Aéroport de Libreville (ADL) le 27 juillet 2007, Jean Marc Sansovini laissait pourtant entrevoir une nouvelle vision du management de cette structure où il remplaçait Pierre André Collet. En effet, si le prédécesseur de l’actuel directeur général de l’ADL avait quitté le Gabon et son poste par la petite porte, c’est parce que, dit-on, l’aéroport international Léon Mba de Libreville était devenue une plaque tournante de trafics en tous genres. A vigilance et le contrôle de l’ancien responsable de l’ADL n’ayant pas été aussi aiguisé qu’il le prétendait. On mit donc à sa place un fin connaisseur du domaine, sans relation étroite avec le pouvoir.
Pourtant, il semblerait que l’actuel DG de l’ADL, Jean Marc Sansovini, ait eu des affaires avec la famille présidentielle depuis son arrivée à la tête de la structure. Des affaires qui auraient tourné court, se murmure-t-il. Toute chose qui a, depuis lors, suscité l’aversion du DG pour les Bongo. De tous les Bongo, semble-t-il. La récente démonstration de ce dégoût pour un nom qui ouvre pourtant grandes bien de portes dans le pays, aurait eu lieu en octobre dernier, à en croire la dernière livraison du journal Croissance Saine Environnement.
Après avoir négocié, deux ans durant, pour l’installation d’un kiosque dédié à la vente de montres dans le hall principal de l’Aéroport de Libreville, Jean Victor Bongo, promoteur de la Société Watch Africa, obtient, en septembre 2013, un contrat le liant avec l’ADL de Jean Marc Sansovini. Mais le 1er vice-président chargé des Equipes nationales et du Marketing à la Fédération gabonaise de football (Fegafoot) va vite déchanter lorsque le DG d’ADL l’a convoqué dans son bureau quelques semaines plus tard, après s’être rendu compte qu’un Bongo avait bénéficié d’un marché dans «son» aéroport. «Encore un Bongo !», se serait-il exclamé.
S’en suit alors l’interrogatoire (ou plutôt le monologue) d’un Jean Marc Sansovini au bord l’hypertension que CSE rapporte comme suit : « Vous êtes un Bongo ; Vous êtes du Haut-Ogooué ; Vous êtes du village du ministre [qu’il n’apprécie certainement pas – ndlr] ; Vous êtes du village du PCA […] ; Vous êtes du village du directeur commercial […] ; Vous avez bénéficié de la complaisance familiale du directeur commercial. Je n’aurais pas dû signer ce contrat. J’ai été induit en erreur. On m’a fait signer n’importe quoi. Vous devez impérativement arrêtez vos travaux…» Une colère devant laquelle, l’infortuné Jean Victor Bongo, simple homonyme de la famille du Président de la République, n’a rien pu dire, sur le coup.
Une réaction pour le moins confondante quant on sait les relations plus qu’étroites que la plupart des patrons étrangers entretiennent ou s’échinent à obtenir avec le pouvoir, du moins les Bongo. Mais la supposée aversion de Jean Marc Sansovini pour le patronyme laisse également sans voix en ce qu’il fait référence, une fois de plus, au «délit de patronyme» dont sont victimes, depuis quelques temps les membres de la famille Bongo, le Chef de l’Etat Ali Bongo en premier.
À moins que l’ordre ne vienne d’en haut du fait qu’un Bongo Ondimba ait été mis au courant d’un name-droping ou d’une resquille. À moins également qu’il ne s’agisse d’une histoire de famille à rebondissement ; tous les Bongo, notamment ceux de la famille du sus-prénommé Jean Victor, ayant longtemps été connus pour être du même clan jusqu’à l’institutionnalisation de la jonction Ondimba. Il faudrait sans doute que le DG d’ADL s’explique sur cette histoire.