La forte crise qui secoue depuis deux semaines le secteur de l’éducation est en passe de porter un coup à l’entente, jusque-là cordiale des deux «camarades» de Guy Nzouba-Ndama. Une scission serait apparue entre le chef du gouvernement et son «frère» ministre de l’Education. Tension.
Interdit, la population gabonaise assiste depuis plusieurs jours à un curieux spectacle mettant en scène deux illustres personnalités du pays. Chacun luttant de son côté pour, soit être perçu par le chef de l’Etat, soit pour s’attirer les faveurs des Gabonais dont les suffrages seront sollicités le 14 décembre prochain. Mais, à ce jeu, les deux partent quasiment perdant. Tant leur bonne volonté à trouver des solutions à la crise actuelle semble bien faible devant la manière cavalière et non concertée que les deux «frères» ont adoptée en vue de répondre favorablement aux préoccupations des enseignants. Que se passe-t-il donc dans la «famille» de Guy Nzouba-Ndama pour que le ministre de l’Education nationale et son «frère d’ambition», Raymond Ndong Sima, en soient réduits à livrer aux Gabonais le piètre spectacle dont ils sont depuis ces trois derniers jours les «Guest stars» ?
Pourtant, mystérieusement silencieux au début des manifestations de colère de la part des enseignants puis des élèves, les deux frères se sont, comme par enchantement, souvenus que c’était à eux de résoudre les problèmes qui bloquent les cours dans les établissements scolaires publics depuis lundi 11 novembre 2013. L’un, de retour d’un forum universitaire à Grenoble et l’autre après une nouvelle semaine chargée, ont décidé de prendre à bras le corps la crise. Mais, curieusement et une fois de plus, les deux «camarades» que l’on dit plus proches du président de l’Assemblée nationale que d’Ali Bongo, ont choisi de le faire chacun de son côté sans qu’aucune concertation n’ait été initiée au préalable. Surprenant pour des frères !
En effet, on l’a vu. Mardi 19 novembre dernier, alors que le Premier ministre était en concertation avec les différents représentants syndicaux tout en promettant communiquer dans les jours à venir la date de la rentrée des classes, le frère bien aimé, ministre en charge de l’Education nationale, envoyait, lui, ses collaborateurs sur tous les fronts informer de la reprise immédiate des cours. De même, la scission des deux supposés poulains de Guy Nzouba-Ndama devient plus visible dans le choix même de leurs différents interlocuteurs.
En effet, lorsque le premier essaie de trouver un arrangement avec les syndicalistes, fer de lance du mouvement de protestation, le deuxième quant à lui, choisi de faire une tournée des bassins pédagogiques de Libreville et d’Owendo en vue de rencontrer quelques parents d’élèves, des enseignants et des chefs de classes. Des rencontres qui, pour l’un et pour l’autre comportent leur importance. Mais Séraphin Moundounga et Raymond Ndong Sima n’auraient-ils pas trouvé plus probant d’unir leurs forces afin d’affronter les syndicalistes puis les enseignants concernés tous ensemble ? Question.
Qu’à cela ne tienne, le ministre de l’Education qui a entamé une «tournée explicative» depuis le 20 novembre, est contre toute attente revenu sur le communiqué diffusé par ses conseillers sur les médias nationaux jusqu’au 19 novembre en matinée. Devant ses interlocuteurs, Séraphin Moundounga a déclaré qu’il ne pouvait «outrepasser les instructions du Premier ministre, Raymond Ndong Sima» qui repoussait la reprise des cours pour une date ultérieure. On a eu chaud ! Pourtant, hier encore (21 novembre), les deux personnalités tenaient chacun de son côté sa rencontre. Ndong Sima à son cabinet de travail pour la deuxième séance des concertations avec les syndicalistes et Moundounga au Lycée d’Angondjé avec le deuxième bassin pédagogique.
