A l’occasion de la journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard femmes, célébrée le 25 novembre 2013, la Première Dame du Gabon, Sylvia Bongo Ondimba, a commis une tribune libre dans laquelle elle donne sa vision de ce fléau et dénonce l’insuffisance du cadre législatif réglementaire susceptible d’offrir l’opportunité aux femmes de demander réparation.
Se prononçant, le 25 novembre, à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard femmes, Sylvia Bongo Ondimba précise qu’«en tant que femme, mère et sœur de toute les Gabonaises, en tant que Première Dame de notre nation», elle ne peut «rester insensible à tant de souffrances, et de non-dits». «Bien plus, il est de mon devoir de traquer sans relâche toutes les injustices que subissent les femmes gabonaises, trop souvent maltraitées, humiliées, tourmentées, dépouillées», a-t-elle écrit.
Il faut noter que la violence contre les femmes est une violation des droits de l’homme. C’est également une discrimination à leur l’égard, tant dans le droit que dans les faits, ainsi que de la persistance des inégalités entre hommes et femmes. La violence contre les femmes a de lourdes conséquences et peut empêcher la réalisation de progrès dans certains domaines, comme l’élimination de la pauvreté, la lutte contre le HIV/Sida, la paix et la sécurité. Sa prévention est non seulement possible mais essentielle. Ceci du fait que le problème est mondial et que jusqu’à 70% des femmes en sont victimes au cours de leur vie.
C’est donc pour attirer l’attention, notamment des législateurs que la Première Dame du Gabon donné ce coup de gueule afin que chacun, à son niveau, prenne conscience de l’impact que ces violences peut avoir sur le développement d’une nation, d’un peuple et d’un pays.
«Qu’une seule et unique mère, épouse, adolescente ou fillette ait à vivre la violence d’une époux, père ou petit ami, dans notre pays, est suffisamment révoltant pour que je dénonce cet état de fait et cherche les moyens pour l’enrayer. Quand, plus encore, une femme sur deux admet à demi-mots être violentée dans son propre foyer, parfois sur son lieu de travail ou à l’école, c’est tout simplement inacceptable», s’insurge la Première Dame qui interroge : «Comment en effet, concilier de telles remises en cause de la dignité humaine avec l’idéal démocratique des Droits de l’homme qui caractérise notre pays et qui fait notre fierté ?».
On devrait en effet se rendre à l’évidence que «la violence est bien le lot quotidien de beaucoup de femmes au Gabon». Madame Sylvia Bongo Ondimba, fondatrice et promotrice de la fondation éponyme pour la famille poursuit ainsi son questionnement et se demande «quelle image du couple les enfants garderont-ils ? Que deviendra le petit garçon dont le père brutalise la mère, sinon un futur bourreau ? Comment la fillette, devant le supplice quotidien de sa mère, pourra-t-elle se construire une image d’elle digne et valorisante ? Comment construire sa citoyenneté ?».
Au-delà de ces interrogations, la Première Dame adjoint à la violence conjugale un autre fléau qu’elle trouve «tout aussi destructeur, mais plus dangereux encore, car insidieux, innommable, très souvent tapi dans l’ombre». Il s’agit des abus sexuels. «Il est présent sous toutes les formes, à la maison, à l’école, à l’université, au bureau ; il fait des ravages, de manière invisible mais profond, puisque la victime, tributaire du tabou qui l’accompagne, n’ose pas demander réparation», relève la Première Dame qui salue le courage dont font montre certains écrivains. Elle nomme en l’occurrence Jean Divassa Nyama, Justine Mintsa et Sylvain Nzamba qui dénoncent ce qu’on nomme avec dérision MST (Moyenne sexuellement transmissible).
Si tout cela semble si grave, la Première dame reproche également aux femmes elles-mêmes le fait d’être parfois l’instrument de leur propre aliénation, tout en reconnaissant qu’elles sont le plus souvent dans l’incapacité physique ou morale de réagir. Le tabou ou le poids et le pouvoir de la coutume contribuant à les confiner dans leur réserve et les réduisant également au silence. Dès lors l’épouse du chef de l’Etat estime que c’est justement à l’Etat de les défendre, de les soutenir. «Il revient à la nation de ne pas les oublier, de ne pas fermer les yeux sur cette triste réalité qui est notre responsabilité à tous», a-t-elle déclaré.
«Il est urgent d’agir. Il est vital de prendre les mesures adéquates pour protéger toutes les femmes de notre pays, d’œuvrer pour leur épanouissement, non pas contre les hommes, mais avec eux, afin qu’ensemble, tous les citoyens de notre beau pays, transforment notre société en un univers où chacun, quelque soit son origine ou son sexe, soit reconnu et valorisé dans ce qu’il a de meilleur», a-t-elle relevé avant de fustiger le fait «qu’actuellement aucune loi spécifique n’a été promulguée pour lutter contre ce fléau».
En quelques chiffres, ce sont 56% de femmes au Gabon qui sont victimes de violences conjugales au cours de leur vie. 52% sont victimes de violences physiques au moins une fois depuis l’âge de 15 ans. 21% de femmes gabonaises subissent de violences sexuelles tandis que 22% des femmes exercent des violences sur leurs conjoints.