À Paris (France) où il assiste au «sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique» qui se tient les 6 et 7 décembre 2013, le président Gabonais, Ali Bongo Ondimba, a pris part ce jeudi 5 décembre 2013 à une table-ronde sur la «lutte contre le braconnage et le trafic des espèces menacées». Il y a déclaré qu’«il est permis de penser que si on avait agi pour arrêter le braconnage des rhinocéros et des éléphants au nord de la République Centrafricaine, il y a 35 ans, ce beau pays ne serait peut-être pas dans la situation actuelle».
Convoqué par le président Français, François Hollande, le sommet de l’Elysée qui porte sur les conflits et l’insécurité en Afrique réunira à Paris 42 chefs d’Etat ou leurs représentants en provenance des 54 Etats que compte le continent. La réunion doit examiner, entre autres, la situation en République centrafricaine où la France a décidé d’augmenter le nombre de ses soldats en vue de rétablir, aux côtés de la Force multinationale d’Afrique centrale (Fomac), l’ordre dans le pays ravagé par l’insécurité après le coup d’Etat de la rébellion de la Seleka contre le président François Bozizé.
En attendant ce sommet proprement dit, une table-ronde a donné l’opportunité d’aborder quelques problèmes qui minent le continent, notamment ceux du braconnage et du trafic des produits de la faune et de la flore africaine.
C’est à cet effet que prononçant une allocution, le président Ali Bongo Ondimba a fait le compte des pertes pour chaque année et a indiqué qu’«on estime la valeur du trafic illicite des produits de la faune à 8 milliards € par an. La pêche intensive non déclarée et non réglementée, qui touche particulièrement la côte ouest de l’Afrique,génère autour de 7,5 milliards € par an. En plus, des bateaux de pêche illégaux sont de plus en plus impliqués dans la piraterie et le terrorisme. Si on y ajoute le commerce illégal du bois, qui engrange près de 5 milliards € par an, aujourd’hui, les différents réseaux de criminalité faunique et forestièremobilisent près de 20 milliards € par an et comptent désormais parmi les cinq plus grands réseaux de commerce illicite, à côté du trafic des stupéfiants, des êtres humains, des produits de contrefaçon et des armes. Avec le prix de vente de la corne de rhinocéros estimée actuellement à 45.000 € le kilo – et jusqu’à 360.000 € sur le marché noire – et la vente de l’ivoire évaluée àprès de1500 € le kilo, on constate que le braconnage de ces espèces phares est devenu entré dans les réseaux du crime organisé».
«En effet, en Afrique aujourd’hui on constate que les mêmes réseaux qui trafiquent les armes, la drogue et les êtres humains se lancent aussi dans le trafic illicite de la faune et la flore. L’éléphant de forêt d’Afrique est un animal emblématique. Il joue un rôle capital dans l’écologie de nos forêts, en dispersant les graines de centaines d’espèces de grands arbres, dont beaucoup sont des bois commerciaux précieux. L’éléphant contribue également à la fertilité des forêts en dispersant des minéraux et ainsi à l’accroissement de la productivité, ce qui augmente sensiblement la séquestration du carbone», explique le président Ali Bongo qui croit que «les bénéfices réalisés par la vente illicite de l’ivoire alimentent des groupes criminels qui ont de vastes réseaux internationaux, qui sont de plus en plus utilisés pour financer des conflits civils et des activités liées au terrorisme. En effet, le trafic illicite des espèces sauvages est souvent lié à d’autres formes de trafic illicite, à la piraterie et au blanchiment d’argent».
Le chef de l’Etat gabonais qui fait sien la bataille pour la protection de l’environnement souligne encore que «nous avons vu maintes et maintes fois, des braconniers se déplacer dans toute l’Afrique, qui commence par tuer les rhinocéros et les éléphants, puis s’attaquent au trafic de bois et de minéraux. Enfin, ils plongent dans le vol et le pillage, et finalement ils se transforment en rebelles».
Du coup, il pense que «les pays qui ont perdu le contrôle de leurs ressources naturelles entrent presque inévitablement dans cette spirale infernale». «La criminalité de la faune est devenue une menace sérieuse pour la souveraineté et la stabilité de certains de nos États», a-t-il déclaré tout en déclarant qu’«il est permis de penser que si on avait agi pour arrêter le braconnage des rhinocéros et des éléphants au nord de la République Centrafricaine il y a 35 ans, ce beau pays ne serait peut-être pas dans la situation actuelle !».
«L’Afrique ne peut pas prospérer sans ses éléphants. Si nous laissons les criminels et les diverses milices effacer notre patrimoine naturel, nos nations sont appelées à suivre le même chemin. Les pays qui ont en effet perdu leurs éléphants ont souvent ensuite plongé dans la guerre civile», a fait remarquer le chef de l’Etat gabonais qui relève que c’est pourquoi, son gouvernement agit avec détermination pour rétablir l’ordre.
Pour clore son propos, le président de la République annonce que dans «le cadre d’un accord de réduction de la dette entre la France et le Gabon, nos deux parties viennent de conclure un projet d’investissement portant sur 10 millions d’euros. Ce projet vise à réduire considérablement le braconnage de l’éléphant sur le territoire gabonais, en apportant un appui financier aux institutions nationales chargées de faire face à cette question. Il s’agit là d’un appui considérable de la France aux efforts du Gabon. Recevez, monsieur le Président, les sincères remerciements du peuple gabonais pour cet appui indispensable».