Lors d’une communication faite le 4 décembre 2013 dans l’après-midi, le Président de la République française est apparu devant les journalistes l’air grave, sérieux et préoccupé. Et pour cause, François Hollande s’apprêtait à annoncer une nouvelle intervention militaire de son pays en Afrique, quelques mois seulement après le retrait des troupes françaises au Mali.
C’est au cours d’une brève déclaration télévisée depuis l’Elysée, dans l’après-midi du jeudi 5 décembre 2013 que l’annonce d’une nouvelle intervention de l’armée française en Afrique subsaharienne est tombée, à la grande surprise de tous. La décision, prise au terme de plusieurs heures de concertation avec un conseil restreint de Défense (Jean-Yves Le Drian, Laurent Fabius et Manuel Valls), « imposait » une intervention de la France en Centrafrique. En effet, selon les ministres et le chef de l’Etat français, sur les indications du chef de l’état major, Edouard Guillaud, il s’agit « d’agir immédiatement en coordination avec les Africains » afin de porter « assistance et solidarité à l’égard d’un pays ami, pays le plus pauvre du monde, pays qui appelle au secours. […] Pour éviter une catastrophe humanitaire. »
Ainsi, la France qui a reçu l’accord et le soutien du Conseil de sécurité de l’ONU compte sur les 650 militaires dont elle dispose déjà sur place, disséminés à travers l’Afrique centrale, aussi bien au Gabon, au Cameroun qu’à Bangui. L’opération « Sangari » (du nom d’un petit papillon rouge éphémère) a aussitôt été mise en œuvre dès la déclaration du Président Français. Celle-ci devrait faire intervenir 1 200 soldats au total, avec une dizaine de rotations d’avions gros porteurs Antonov 124 chargés d’acheminer le matériel nécessaire à une telle intervention.
Les soldats Français devraient donc, selon l’état major, « désarmer la Séléka », un groupe hétéroclite de rebelles locaux et de mercenaires créé il y a un an, dont le principal chef, Michel Djotodia (actuel Président de la RCA) semble avoir perdu le contrôle depuis plusieurs mois au regard des nombreuses exactions enregistrées dans les villes centrafricaines après la chute de François Bozizé. L’objectif français est, de ce fait, d’ordre « humanitaire et sécuritaire », à en croire l’Elysée qui veut à tout prix à « éviter le scénario d’une vaste zone de non-droit ouverte à tous les trafics et base arrière potentielle de groupes islamistes. » Un risque qui impose donc une rapide intervention, d’autant plus que depuis plusieurs mois, ce sont les civils qui pâtissent le plus des insurrections des rebelles armés qui s’en prennent de plus en plus aux non-musulmans, a déclaré François Hollande.