Les électeurs gabonais ont commencé à voter samedi matin malgré de nombreux retards constatés à l’ouverture des bureaux pour des municipales où la victoire semble déjà acquise au Parti démocratique gabonais (PDG) du président Ali Bongo, face à une opposition affaiblie et divisée.
Environ 580.000 électeurs sont appelés aux urnes pour élire leurs conseillers municipaux et départementaux. Pour la première fois au Gabon, le vote se fera sur la base d’un fichier électoral biométrique.
Le vote a démarré vers 8H30 locales (7H30 GMT), soit avec une heure et demi de retard à Libreville et à Port-Gentil, deuxième ville du pays, avec une affluence moyenne, ont constaté des correspondants de l’AFP.
A l’école publique Roger Buttin à Port-Gentil, le vote a démarré avec environ une heure et demi de retard, avec une quinzaine de votants.
« Je vote pour participer au développement de ma ville qui doit refléter l’image d’une capitale économique digne de ce nom », a déclaré à l’AFP Bertrand Mboula, un enseignant de 42 ans.
Ailleurs, de nombreux bureaux de vote n’avaient pas encore ouvert.
A la Chambre de commerce, dans le troisième arrondissement de Libreville, seuls deux électeurs s’étaient présentés en vain, les membres du bureau n’étant pas au complet. A l’école de Plein-ciel, un quartier populaire de la capitale traditionnellement acquis à l’opposition, près de 300 personnes attendaient pour voter.
« Il n’y a aucun représentant de l’administration et on est là debout depuis 07h00. Est-ce pour nous décourager de voter, pour qu’on parte? » s’est agacé Angué, un électeur.
Le PDG, qui dispose de 1.154 des 1.990 sièges municipaux depuis les dernières élections de 2008, est le seul parti à présenter des listes dans toutes les circonscriptions du pays et part une nouvelle fois favori.
Au total, 48 départements et 54 communes sont en jeu.
Une campagne peu suivie
« Le PDG va certainement remporter cette élection. Nous sommes les seuls à disposer d’un programme cohérent », a affirmé lundi le secrétaire général du parti, Faustin Boukoubi. Pour ce scrutin, le président Ali Bongo met en avant son bilan économique et les nombreuses réformes entreprises depuis son arrivée au pouvoir en 2009 avec le slogan « Gabon émergent ».
Après avoir longtemps hésité, l’opposition s’est finalement décidée à aller au scrutin, sa principale revendication depuis 2006 étant satisfaite avec la mise en place de la biométrie. Il faut dire qu’en boycottant les législatives en 2011, elle avait offert un boulevard au PDG (114 sièges sur 120 à l’Assemblée nationale).
L’une des deux principales formations de l’opposition, l’Union du peuple gabonais (UPG), se présente considérablement affaiblie par des divisions internes depuis la mort de son dirigeant historique Pierre Mamboundou en octobre 2011.
Autre grand courant de l’opposition, l’Union nationale (UN), dissoute en janvier 2011, n’a pas le droit de se présenter. Ses cadres sont donc obligés de présenter des listes indépendantes – une quarantaine au total.
Dans ce pays d’1,5 million d’habitants producteur de pétrole et dont la majorité vit dans la pauvreté, la campagne électorale n’a pas mobilisé les foules, le scrutin étant pour beaucoup joué d’avance.
« Je me suis fait enrôler mais je ne vote pas. La biométrie ne changera pas les choses », a affirmé Jules Nguema, un menuisier du quartier Bac-Aviation à Port-Gentil qui n’a pas fermé boutique contrairement à la plupart des commerçants.
Malgré l’absence d’enjeu majeur, le ministre de l’Intérieur Jean-François Ndongou a annoncé jeudi dans un communiqué la fermeture des terrestres et maritimes et des débits de boissons samedi jusqu’à minuit.
D’après une source proche du ministère de l’Intérieur, les premières estimations devraient être connues en début de semaine prochaine, « mardi au plus tard ».