Retirée du processus de mise en œuvre de la politique d’ouverture des frontières et donc de libre circulation des personnes et des biens au sein la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Cemac), la Guinée Equatoriale a encore frappé fort en fermant ses frontières notamment entre le Cameroun et le Gabon, le 31 décembre 2013, soir du réveillon de la Saint-Sylvestre et veille de la nouvelle année.
Si toute le monde attendait le 1er janvier 2014 pour voir ce qui allait se passer dans le cadre de la libre circulation des biens et des personnes annoncée dans le sous-région d’Afrique centrale, c’est plutôt une surprise qui a accueilli ceux qui n’ont pas cru à la volonté de la Guinée Equatoriale de se retirer de ce processus.
Selon la télévision nationale camerounaise, CRTV, qui a commis des reporters sur le terrain pour s’enquérir de la situation, au sud du Cameroun, le sous-préfet d’une des villes frontières du Cameroun avec ce pays frontalier a simplement fait savoir qu’il avait reçu un coup de fil d’une autorité du pays voisin l’informant de la fermeture des frontières équato-guinéennes, sans plus.
Et le 31 décembre 2013, sans aucune forme de procès, les autorités de Malabo sont passés à l’acte en barricadant leurs frontières. Or, les habitants des villages partageant ces lignes imaginaires avaient l’habitude, sur présentation d’une pièce d’indenté aux forces de défense et de sécurité, de traverser pour aller faire leurs courses, de part et d’autre. Jusqu’alors, aucune explication officielle n’a été donnée sur cet acte unilatéral de la Guinée Equatoriale qui prive ainsi des populations des trois pays de leur droit de mener paisiblement des activités réciproques qu’elles entretenaient.
Certains observateurs estiment que ce type de décision ne peut avoir été pris que sur l’ordre de Malabo. Toute chose qui fait dire que le pays de Théodoro Obiang Nguema Basogo a mis fin au rêve de la libre circulation avec ses voisins.
Les Camerounais et les Gabonais qui étaient allés en Guinée Equatoriale pour passer les fêtes de fin d’année avec leurs proches ont donc été surpris de constater que les entrées à Campo comme à Kye Ossi ont été fermées par la police guinéenne. A ce niveau, un journaliste Camerounais a relevé que les commerçants camerounais avait dû passer la nuit à la belle étoile dans ces villes en attendant que les frontières leurs soient ouvertes. Nombreux d’entre eux ont perdu leurs marchandises, pour la plupart périssables, qu’ils allaient vendre en Guinée Equatoriale. De même, les élèves en congé à Malabo n’ont pas été épargnés par la mesure de fermeture des frontières qui les a bloqués dans ce pays voisin. Toute chose qui a hypothéqué leur rentrée du deuxième trimestre.
La Guinée Equatoriale devenue, il y a quelques années, l’un des premiers producteurs de pétrole du continent craint en effet d’être envahie par des vagues de migrants venus de ses deux voisins dont le plus important est le Cameroun. En décembre dernier déjà, une trentaine de Camerounais avaient déjà été contraints de quitter, de force, la Guinée Equatoriale en tout laissant derrière eux. Des expulsions récurrentes effectuées au gré des besoins économiques de Malabo et des tensions sociales internes, posant avec acuité l’épineuse équation immigration et droits de l’Homme.
L’Afrique centrale traine donc le pas pour ce qui est de son intégration, même si pour le moment, quatre des six Etats entretiennent déjà des relations économiques fiables, doublées d’une libre circulation effective des biens et des personnes.