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Destruction des panneaux publicitaires : le gouvernement liquide-t-il un secteur économique ?

panneau-mairie-libreville1Depuis le 10 janvier 2014, une opération de destruction des panneaux publicitaires a été initiée par le gouvernement gabonais dans les communes d’Akanda, Libreville et Owendo. Une initiative qui a suscité, dès son démarrage, de vives réactions, d’abord d’étonnement face à la rapidité de l’opération, ensuite de protestation de la part des professionnels de l’affichage et de la communication dont le collectif, s’est exprimé en début de semaine.

Dans la matinée du lundi 20 janvier 2014, à la Chambre de Commerce de Libreville, le Collectif des professionnels de l’affichage et l’Association des professionnels gabonais de la communication ont livré leur sentiment quant à l’opération, initiée par le gouvernement, de destruction des panneaux publicitaires à Libreville et dans sa périphérie. Pour l’essentiel, l’ensemble des représentants du secteur de la publicité présents à la conférence de presse animée par Hans Founguès, porte-parole du collectif, a exprimé un profond malaise. Si les professionnels de l’affichage et de la communication se sont dits abusés et lésés par une telle opération, c’est que l’attitude du gouvernement qui dit lutter contre la hausse du chômage est assez troublante.

Le prétexte de la loi

Pour justifier l’opération de démolition en cours des panneaux publicitaires, le gouvernement s’est s’appuyé sur les dispositions de l’ordonnance n° 29/70 du 17 avril 1970 et celle de la loi n° 13/2003 du 17 février 2005 portant protection du patrimoine routier national, a-t-on appris du collectif des professionnels de l’affichage et de la communication. Il se trouve cependant que ces dispositions ne suffisent pas à engager une quelconque opération de destruction d’espaces commerciaux publics ou privés. Une loi portant ratification de l’ordonnance sus citée prévoit à cet effet la prise en compte de l’article 52 de la Constitution, avant la mise en pratique d’un tel programme. En effet, celle-ci, indique, selon un rappel de Hans Founguès, que «le gouvernement peut, en cas d’urgence, pour l’exécution de son programme, demander au Parlement l’autorisation de faire prendre par ordonnances pendant l’intersession parlementaire, les mesures qui sont normalement du domaine de la loi.» Ce qui, on s’en doute, n’a été fait, ni par le gouvernement de l’époque, ni par le présent qui prétexte de cette loi pour justifier la mise en pratique de son programme de destruction des panneaux publicitaires.

Ainsi, indique-t-on, «frappée de caducité depuis 44 ans» au regard de l’absence de ratification dont elle devrait être l’objet, l’ordonnance n° 29/70 du 17 avril 1970 est visiblement difficile à avaler comme raison, à en croire les professionnels de l’affichage et ceux de la communication pour qui, il est évident qu’une autre raison se trame derrière cette opération. D’aucuns, à tort ou à raison, y voient déjà une façon de leur subtiliser des marchés, «de tuer l’entreprenariat gabonais» pour satisfaire les projets d’un tiers dont les ramifications s’étendraient jusqu’au palais du bord de mer. Toute une histoire !

500 jeunes au chômage !

Complaisance ou pas, le projet du gouvernement semble pourtant incompréhensible. En effet, comment comprendre que ce même gouvernement, mu par la volonté du chef de l’Etat de faire régresser le taux du chômage chez les jeunes, décide de la mise en pratique d’un tel programme ? Ceci, sans prendre en compte l’impact non négligeable que ladite opération aura sur l’avenir de nombreux ouvriers et responsables des sociétés œuvrant dans le domaine. En effet, responsable de la perte de 500 emplois environ, selon des estimations du Collectif, l’opération de destruction en cours des panneaux publicitaires impactera indéniablement un secteur d’activité pour le moins porteur, tout en ayant une certaine conséquence sur le plan économique, dans la mesure où, indique Hans Founguès, «la destruction des panneaux publicitaires se chiffre en milliards de francs CFA», soit la destruction d’un peu plus de 2 500 panneaux.

Place à l’arbitrage du Président !

Pour le collectif des professionnels de l’affichage et l’association des professionnels de la communication, l’heure est au questionnement. «Nous nous interrogeons sur les motivations réelles de cette opération, d’autant plus qu’elle ne se limite pas seulement à la libration du domaine routier public comme annoncé, mais s’étend jusque dans les propriétés privées, où sont installés certains panneaux», se sont-ils exprimé avant de s’insurger contre «la rapidité et la facilité avec laquelle les biens des régies d’affichages ont été détruits». Toute chose qui, selon eux contribue à «détruire le climat des affaires et dissiper tout sentiment de sécurité chez les professionnels de cette filière».

Face à cette opération qu’ils perçoivent comme une injustice, un déni de leurs droits en tant qu’entreprises bénéficiant de tous les quitus administratifs pour exercer, le Collectif en a appelé à l’intervention d’Ali Bongo en leur faveur, conformément à l’alinéa 1 de l’article 8 et l’alinéa 1 de l’article 23 de la Constitution qui le présentent comme l’arbitre suprême ayant «le droit de grâce». Ceci dans le but d’«user de toute son autorité aux fins de cessation de trouble et d’initier des concertations placées sous son haut patronage aux fins d’examiner avec les professionnels de la filière concernée, la mise en place d’une commission d’évaluation».

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