A l’occasion de la célébration 60e anniversaire de la déclaration universelle des Droits de l’Homme, le président français, Nicolas Sarkozy, a donné une échéance de quelques jours au président soudanais, Omar El Béchir, pour s’engager clairement dans la pacification du Darfour. Le président soudanais est sous le joug d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) depuis le 14 juillet dernier pour crimes contre l’humanité. Le président français avait proposé le 23 septembre dernier un délai pour permettre au président El Béchir d’amorcer concrètement la pacification du Darfour, à la faveur de quoi le Conseil de sécurité de l’ONU serait prêt à suspendre la procédure judiciaire engagée contre lui. Les « arrangements » du chef de l’Etat français pour le Darfour ne semblent pas avoir porté leurs fruits, ou pas dans les délais escomptés, eu égard au discours tenu le 8 décembre dernier à Paris par Nicolas Sarkozy, qui a donné une échéance de quelques jours au président soudanais pour changer sa politique de gestion de la crise du Darfour.
Dans un discours prononcé à l’occasion du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, le président français a affirmé que le président El Béchir devait « faire le choix » de la paix au Darfour dans « les jours qui viennent », estimant qu’il avait « son avenir dans les mains ».
« Nous avons besoin du gouvernement soudanais pour trouver enfin la paix au Darfour, nul ne le conteste, mais le président Béchir a bien peu de temps pour décider, il a son avenir dans les mains », a déclaré Nicolas Sarkozy.
« Soit il change d’attitude, et la communauté internationale peut discuter avec lui, soit il ne change pas d’attitude, alors il sera face à ses responsabilités, notamment devant la Cour pénale internationale (CPI) qui est un progrès de l’humanité », a poursuivi le chef de l’Etat français.
« C’est un choix qu’il doit faire non pas dans les semaines qui viennent, mais dans les jours qui viennent », a insisté le président en exercice de l’Union européenne (UE).
« Quand on a dans son gouvernement un homme qui est poursuivi pour crimes, alors la communauté internationale ne peut pas parler avec vous », a estimé le président Sarkozy.
Le procureur de la Cour pénal international (CPI), l’Argentin Luis Moreno-Ocampo, avait requis le 14 juillet dernier à La Haye, aux Pays-Bas, l’inculpation du président soudanais Omar El Béchir et sa poursuite devant les chambres de la CPI pour «génocide et crimes contre l’humanité».
Le président Béchir a jusqu’à présent toujours refusé de livrer à la justice internationale son ministre aux Affaires humanitaires, Ahmed Haroun, ainsi qu’un chef de milice pro-gouvernementale janjawid, Ali Kosheib, également recherché par la CPI.
« J’ai eu l’occasion de le lui dire à Doha de la façon la plus claire », a rapporté le président français en évoquant son entretien avec son homologue soudanais le 29 novembre dans la capitale du Qatar, en marge de la conférence de l’ONU sur le financement du développement.
« Je sais bien qu’un certain nombre de gens ont dit – mais comment osez vous parler avec le président Béchir ?-« , a-t-il ajouté, avant de demander que « si on n’en parle pas au président soudanais, comment trouvera-t-on la solution dans cette partie du monde? ».
« Si le président soudanais ne change pas de politique, alors plus personne ne lui parlera », a conclu le président français.
A la tribune de la 63e assemblée générale des Nations Unies à New-York le 23 septembre, le président français, Nicolas Sarkozy, a proposé au président soudanais Omar El Béchir, un arrangement alternatif aux recours judiciaires mis en branle pour résoudre la crise du Darfour. Le chef de l’Etat français a exhorté son homologue soudanais à un profond remaniement politique qui permettrait au Conseil de sécurité de l’ONU de suspendre pour un an les poursuites de la Cour pénale internationale à son encontre.
L’article 16 des statuts de la CPI prévoit que les 15 membres du Conseil de sécurité peuvent voter une résolution pour différer de douze mois renouvelables toute enquête ou poursuites initiées par la CPI.
Il avait également demandé que « des gens qui sont accusés de génocide ne restent pas ministres dans le gouvernement soudanais ».
Ces « arrangements » avaient suscité l’inquiétude de nombreuses ONG de défense des droits de l’Homme, qui craignent une remise en cause de la procédure engagée par la justice internationale.
Depuis 2003, les forces gouvernementales appuyées par les milices arabes janjawid luttent contre des mouvements rebelles du Darfour. Le conflit a fait jusqu’à 300 000 morts et déplacé 2,2 millions de personnes, selon l’ONU, alors que Khartoum ne parle que de quelque 10 000 morts.