Le Nigeria s’est réveillé ce lundi matin avec un nouveau visage : suite à la mise à jour de son appareil statistique, le pays le plus peuplé d’Afrique est devenu le plus riche du continent. Son produit intérieur brut a quasiment doublé, il est maintenant de 510 milliards de dollars.
Le Nigeria est un peu dans la peau d’une personne qui ne s’est plus regardée dans un miroir depuis plus de vingt ans, car la dernière mise à jour de ses statistiques remonte à 1990. Et la nouvelle image projetée par les chiffres de 2013 est très avantageuse. À tel point que les statisticiens ont refait plusieurs fois leurs calculs avant de publier les résultats. Le produit intérieur brut pèse maintenant 510 milliards de dollars, cela en fait la première économie du continent, bien loin devant l’Afrique du Sud, le moteur historique de la croissance africaine.
En devenant la 26e économie au niveau mondial, le Nigeria pourrait disputer à son rival sa présence au G20 et pourquoi pas son entrée dans le club des Brics. Mais attention aux effets d’optique, en terme de PIB par habitant, le Nigeria est très loin derrière, à la 126e place. C’est encore un pays en phase de développement qui doit s’équiper en infrastructures.
Quelles sont les conséquences concrètes de ce toilettage ?
À moyen terme, ce sera sans doute un catalyseur très efficace pour attirer les capitaux et les grands groupes pourvoyeurs de marchandises et d’emploi. Les investisseurs qui se tournent naturellement vers l’Afrique du Sud quand ils pensent à l’Afrique vont désormais regarder le pôle Ouest du continent avec plus d’attention. Les grandes marques présentes au Nigeria n’ont pas attendu la révision des statistiques pour s’installer, mais elles vont sans doute faire des émules, car avec cette nouvelle batterie d’indicateurs le potentiel du pays est plus explicite. On découvre par exemple que le pétrole, s’il est bien le premier pourvoyeur de devises, n’est plus le premier secteur de l’économie, l’industrie et les services sont maintenant en tête.
Autre révélation spectaculaire : la montée en puissance des télécoms, elle contribuait à 1% de la richesse nationale, c’est aujourd’hui 8% du PIB. Nollywood, l’industrie locale du cinéma insignifiante en 1990 représente maintenant 1 % de produit intérieur brut. En devenant plus riche aux yeux du monde, le Nigeria recevra moins d’aide publique au développement, c’est aussi une conséquence de cette révision. Que le gouvernement a anticipé. Il cherche à créer sa propre banque de développement, à l’instar de ce qu’ont fait par le passé les membres des Brics.
La révision des chiffres pourrait aussi avoir des conséquences sur l’endettement
La dette publique va baisser en valeur relative. En pourcentage du produit intérieur brut, elle va diminuer de 50 %. C’est plutôt une bonne nouvelle, mais attention aux excès, avec un ratio dette PIB plus favorable, l’État pourrait être tenté de dépenser plus. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé au Ghana.
Suite à la révision des statistiques réalisée en 2010 qui a dopé le PIB de 60 %, le président de l’époque, candidat à un deuxième mandat, avait augmenté les fonctionnaires de 50 %. Un dérapage qui n’a pas permis sa réélection, mais qui pénalise toujours le Ghana. Or le Nigeria est aussi à la veille d’un scrutin présidentiel.
♦ En bref dans l’actualité économique
Le Japon et l’Australie sont prêts à signer un accord de libre-échange
Il aura fallu 7 ans de négociations pour arriver à un compromis, notamment sur le boeuf australien fortement taxé sur l’archipel nippon et de l’automobile japonaise, elle aussi soumise à une taxe à son entrée sur le territoire australien. Cet accord doit permettre de rééquilibrer les échanges entre les puissances économiques asiatiques, l’Australie étant de plus en plus dépendante de la Chine.
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Le Nigeria, première puissance économique d’Afrique
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