Le Premier ministre s’est cru bien inspiré de tirer à boulets rouges sur les responsables de l’Opposition gabonaise absents à la cérémonie d’inauguration du mausolée Omar-Bongo mardi dernier.
A la différence d’un Michel Essonghé très sobre dans son propos, le chef du gouvernement, en voulant montrer sa loyauté à Ali Bongo, a effectué une maladroite et bien malheureuse sortie lors de l’inauguration du mausolée Omar-Bongo à Franceville, le 2 décembre dernier.
«Ce n’était pas le lieu de venir tenir de tels propos sur les opposants, Daniel Ona Ondo s’est-il lancé lui aussi dans le bal des faux-culs ?», s’est demandé un député PDG du Woleu-Ntem présent à cette cérémonie. Dans son speech, le chef du gouvernement a, en fait, affirmé que «c’est le lieu de faire le triste constat, en tant qu’ancien collaborateur, parmi d’autres, du président Omar Bongo, d’une autre facette de la nature humaine : celle de l’ingratitude». L’élu du canton Nyé s’est aussi plaint de ce que «ce grand homme (Omar Bongo) qui ne comptait ni ses amis, ni même ses protégés et autres fils spirituels parfois autoproclamés dans notre pays, n’ait pas bénéficié de la vénération filiale de ces derniers. Ainsi va la vie».
Méthodes archaïques
Sur ces affirmations, un responsable de l’opposition a fait remarquer que ce n’est pas à travers un communiqué de L’Union que l’on invite des personnalités politiques qui, plus est, devaient se rendre la veille de l’inauguration à une rencontre programmée de longue date avec la communauté gabonaise de France. «Ces méthodes archaïques (le fait de passer par L’Union pour inviter des personnalités – ndlr) doivent prendre fin. C’est dans L’Union de lundi que nous avons appris que nous sommes conviés à Franceville le lendemain ! Était-ce pour nous empêcher de nous rendre en France ? Était-ce pour nous faire insulter par les PDGistes comme ils l’ont fait le 30 novembre dernier contre Zacharie Myboto lors de la marche de soutien à Ali Bongo qui était en réalité une marche contre Zacharie Myboto et nous ses amis», se demande le député sus cité. «En outre, avance-t-il, quand Ona Ondo parle d’ingratitude à l’égard de Bongo, il oublie qu’il s’était présenté lui-même contre Ali Bongo pour obtenir l’investiture du PDG comme candidat à l’élection présidentielle de 2009, et nous savons ce qu’il disait alors sur Ali Bongo et sa famille». «Si nous, nous sommes ingrats, lui il est au moins amnésique», poursuit-il.
Propos diviseurs
Toujours dans son speech, Daniel Ona Ondo, se voulant résolument offensif, s’est demandé «comment comprendre que des amis de vingt ans, dont beaucoup ont bénéficié de ses largesses légendaires, ceux-là qui se distinguent aujourd’hui principalement par la démolition de son héritage politique, n’ont pas jugé utile de faire un geste contributif à l’édification de ce mausolée». Là dessus, un membre du Front uni pour l’Alternance s’est étonné que «le Premier ministre évoque ce sujet, puisque L’Union et Gabon Télévision ont affirmé que «l’ouvrage a été financé en grande partie par la famille du président défunt, ainsi que par quelques contributeurs», Ona Ondo lui-même l’a-t-il financé ? En tout cas L’Union ne parle pas de lui». Et l’opposant de conclure : «ce n’était pas le lieu de faire une telle déclaration, Omar Bongo était un rassembleur, un homme ouvert, pas toujours partisan, il ne mérite pas que sur sa tombe, on vienne déverser de telles insanités». D’autres compatriotes se sont demandé, pour le regretter, pourquoi Daniel Ona Ondo a-t-il saisi cette occasion pour porter des propos aussi peu rassembleurs et diviseurs, alors qu’un tel moment doit être réservé, pour la mémoire d’Omar Bongo, à magnifier l’œuvre de celui-ci. Daniel Ona Ondo s’est incontestablement trompé de tribune. Ce n’est pas là qu’il devait flatter le chef de l’Etat actuel !
Le mausolée Omar-Bongo a été inauguré à Franceville le mardi 2 décembre dans le cadre, selon le Protocole d’Etat, des cérémonies commémorant le cinquième anniversaire de la mort du deuxième président du Gabon. Très peu de responsables de l’opposition et de la société civile ont pris part à cette manifestation, tout comme de nombreux enfants de l’illustre disparu, notamment les enfants d’Edith Lucie Bongo et bien d’autres encore.