Au Gabon, 101 personnes étaient jugées ce lundi 5 janvier à Libreville pour leur participation à la manifestation de l’opposition du samedi 20 décembre dernier. Elles sont poursuivies pour « troubles à l’ordre public ». Le procès a été suspendu après de longues heures d’audience et il reprendra vendredi.
La journée a été longue et pénible. L’audience a démarré à 10 heures et a été suspendue à 23 heures. Vingt-six prévenus seulement sont passés devant la barre, un seul a été reconnu non coupable et a été automatiquement relaxé. Les soixante-cinq prévenus qui n’ont pas du tout été entendus reviendront au tribunal vendredi prochain. Tous sont poursuivis pour troubles à l’ordre public et sont passibles d’une peine maximale de trois ans de prison.
« Ce procès est inutile, le dossier est vide. Il faut immédiatement libérer nos clients », a plaidé un avocat. « Monsieur le président, la détention de ces personnes pourrit inutilement le climat politique dans le pays. Une mauvaise décision de votre part peut fabriquer de nouveaux opposants », s’est alarmé un autre avocat.
Mais le ministère public qui a engagé huit magistrats pour cette audience correctionnelle a tenu bon. Et le tribunal a préféré renvoyer sa décision au 13 janvier prochain. Quasiment tous les détenus sont retournés en prison. Une mère s’est écroulée à la sortie de l’audience à laquelle ont assisté de bout en bout les leaders du front de l’opposition qui avaient appelé à ce meeting.
Venu plaider pour arracher la libération de ses clients en prison depuis deux semaines, Maître Jean-Paul Moubembe, avocat commis par l’opposition pour défendre ces 101 prévenus, est plus ou moins satisfait après cette première journée d’audience : « Nous avons obtenu une relaxe et c’est une bonne chose. Mais le ministère public reproche à mes clients le fait qu’ils aient été à un meeting. Donc à partir de ce moment-là, c’est un procès à connotation politique. »
Des accusations rejetées par le procureur de la République, Sidonie Flore Ouwé : « Pour moi, c’est du pénal purement et simplement. Pour le ministère public, ce n’est pas un procès politique, absolument rien à voir avec le procès politique ».