Au Gabon, plus de 300 jeunes ont violemment attaqué et caillassé le domicile de l’opposant Jean Ping tôt ce lundi matin à Libreville. L’ancien président de la Commission de l’Union africaine devenu l’un des principaux opposants du régime de Libreville était à son domicile au moment de l’attaque.
Le réveil a été très mouvementé pour Jean Ping et sa famille. Des bandes de jeunes sont arrivés par petit groupe, banderole à bout de bras et ont commencé à hurler devant son domicile. Ils ont commencé par casser sa caméra de surveillance et le compteur d’électricité puis ont allumé un feu devant le portail et lancé des cailloux, des bouteilles et toutes sortes de projectiles.
Jean Ping a entendu ses agresseurs exiger la libération des jeunes interpellés lors de la manifestation de l’opposition le 20 décembre dernier au carrefour Rio. Pour eux, l’opposant serait le responsable de ces interpellations.
Jean Ping a alors appelé ses amis de l’opposition qui sont arrivés rapidement. Près de16 jeunes ont été arrêtés. Ils sont interrogés par la police judiciaire arrivée sur place. Selon quelques jeunes, ils auraient été invités à un meeting du parti au pouvoir et chacun d’eux devait percevoir une somme de 5 000 ou 10 000 FCFA (entre 7,5 et 15 euros).
Jean Ping estime pour sa part qu’il s’agit d’une opération commando pour l’assassiner. Il a décidé de porter plainte.
Une foule, une bande de loubards, a commencé à envahir ma copropriété.
Jean Ping
opposant gabonais
Joint par RFI, le ministre gabonais de l’Intérieur, Guy Bertand Mapangou, apporte de son côté des précisions et nous dit ce qu’il pense de cette attaque.
« Les services m’ont prévenu, ce matin, qu’il y avait eu un attroupement, d’abord non loin du domicile de monsieur Ping, puis devant le portail de Monsieur Ping. J’ai demandé tout de suite au chef d’état-major des polices d’investigation d’aller voir sur place et, arrivé sur les lieux, il m’a rendu compte de ce qu’un groupe de personnes ont été appréhendées par des proches de monsieur Ping pour avoir tenté de saccager son domicile et lancé des pierres », a déclaré le ministre de l’Intérieur gabonais.
« Moi-même, j’ai eu monsieur Ping au téléphone pour lui dire de nous livrer toutes les personnes qui ont fait irruption chez lui et s’ils ont posé des actes répréhensibles, ils doivent être arrêtés et conduits dans les locaux de la police judiciaire pour y être auditionnés. Monsieur Ping m’a bien compris. En ce moment, quatorze personnes – treize Gabonais et un Malien – sont entendues par la police judiciaire. Ces auditions vont se poursuivre et vont déterminer – en tant que de besoin – la responsabilité de chacune d’entre elles. Ils seront présentés devant les tribunaux », a-t-il poursuivi.
A la question de savoir s’il a le sentiment que les forces de police ou de gendarmerie sont intervenues assez rapidement pour pouvoir mettre fin à cette action, Guy Bertrand Mapangou le croit « puisque, avant que la police n’arrive, les services de gendarmerie avaient déjà été sur les lieux et monsieur Ping a fait comprendre que certaines personnes avaient déjà été appréhendées aussi par la gendarmerie », a précisé le ministre de l’Intérieur gabonais.