Le procureur de la République a affirmé, le 15 janvier dernier, que l’ancien président de la Commission de l’Union africaine devra aussi rendre des comptes sur la base des articles 230 et 250 du Code pénal.
La descente d’une bande de jeunes «délinquants» au domicile de Jean Ping n’a pas fini de faire des remous. Pour donner une suite à cette affaire, le procureur de la République, a tenu à livrer la version officielle. A en croire Sidonie Flore Ouwé, «la question posée et les enjeux que soulève (cette affaire) réclament beaucoup de mesure et un esprit de responsabilité partagé». «Lorsque de jeunes compatriotes s’organisent à se faire justice eux-mêmes, c’est dangereux pour la République», a-t-elle lancé, relevant que «lorsqu’un homme politique, qui a occupé de hautes fonctions publiques sur le plan national et au plan international, utilise les mêmes moyens pour donner une réponse à un fait pourtant prévu et puni par la loi, c’est l’Etat qui est en danger». En conséquence, elle a invité «l’ensemble des institutions de la République à être unies contre les ennemis de la République. Porter atteinte à l’ordre public, c’est porter atteinte à la République».
Selon le procureur de la République, tout a commencé le 12 janvier 2015 autour de 8 heures et 30 minutes. Un groupe de jeunes s’est rendu au domicile de Jean Ping pour demander à ce dernier ce qu’il en est de la situation de leurs parents et amis incarcérés à la suite des événements du 20 décembre 2014 mais aussi pour réclamer des fonds qui leur aurait été promis en contrepartie de leur participation auxdits événements. Seulement, l’ancien président de la Commission de l’Union africaine n’aurait pas accepté de deviser avec ces jeunes, qui auraient été escortés par la police préventive jusqu’au domicile de Pierre Amoughe Mba, avec qui ils auraient échangé. Jean Ping s’étant refusé à discuter avec eux, les choses ont vite dégénéré. «Certains individus ont été arrêtés par sieur Ping Jean et ont subi des traitements humiliants outre le fait que les occupants des lieux refusaient de les mettre à la disposition de la police judiciaire», a lancé Sidonie Flore Ouwé.
C’est au terme d’un entretien qu’elle a eu avec Jean Ping que ces jeunes ont été remis aux enquêteurs. Au regard de ces faits, le procureur de la République a expliqué que «la législation rend le droit plus fort. Elle renforce la volonté populaire». «Et une démocratie qui s’appuie sur le droit doit faire preuve d’unité lorsqu’il s’agit de faire face à des individus et des groupes qui ne respectent aucune règle». Pour ce faire, a-t-elle relevé, s’agissant des faits reprochés au groupe d’individus ayant cassé et dégradé les biens de Jean Ping, ceux-ci sont prévus et punis par l’article 333 du Code pénal, tandis que pour ce qui est des sévices corporels et la torture subie par ces jeunes compatriotes, les auteurs répondront de leurs actes sur le fondement des articles 230 et 250 de Code pénal.
En cela, le parquet de la République qui s’est autosaisi des premiers faits, s’est également saisi des faits de séquestration et de torture physique, qualifié de coups et blessures volontaires. Irrémédiablement, Jean Ping devra donc répondre de ses actes, selon le procureur de la République.