Pour Régis Immongault, le manque d’infrastructures est un obstacle au développement du secteur privé. DRRégis Immongault, ministre de l’Économie, de la Promotion des investissements et de la Prospective du Gabon, revient pour « Jeune Afrique » sur la conjoncture économique du pays d’Afrique centrale et sur ses besoins en matière d’infrastructures.
Entré au gouvernement en octobre 2009, Régis Immongault Tatagani, 55 ans, a survécu à toutes les tempêtes du septennat. Passé du portefeuille de l’Énergie (2009-2012) à celui de l’Industrie et des Mines (élargi en janvier 2014 à celui du Tourisme), il a été promu à la tête d’un grand ministère de l’Économie, de la Promotion des investissements et de la Prospective lors du remaniement d’octobre 2014. Plus technocrate que politique – bien qu’il ait été élu député lors de partielles en 2010 et réélu aux législatives l’année suivante -, l’affable et pragmatique économiste a fait ses classes au Trésor public, avant d’intégrer le Minefi en tant que conseiller financier (2002-2009).
Compte tenu de l’étendue de son portefeuille, Régis Immongault est sur presque tous les fronts. En première ligne : le contrôle et l’évaluation, sur le terrain et dans les administrations, de l’efficacité des mesures prises pour contenir l’inflation et lutter contre la vie chère, ainsi que l’accélération de la mise à niveau des infrastructures et des réformes, structurelles comme fiscales, à même d’améliorer la compétitivité du pays et de permettre au secteur privé de se développer dans une saine émulation.
Jeune Afrique : Faut-il craindre un ralentissement de la croissance en 2015 ?
Régis Immongault : Non, il n’y a pas de crainte à avoir. En dépit de la baisse des cours du pétrole, qui est de nature à nous fragiliser, notre économie se porte bien, et nos prévisions budgétaires sont réalistes. Nous avons cependant conçu un mécanisme de sauvegarde, au cas où la situation se dégraderait davantage. Dans ce cadre, certains postes de dépense pourraient être revus sans pour autant que soient remises en cause les dépenses d’investissement, qui sont cruciales pour notre économie. En bref, la stabilité macroéconomique se renforce. Et les perspectives qu’ouvrent les mesures prises par le chef de l’État sont rassurantes.
La dépendance aux hydrocarbures ne constitue-t-elle pas un problème ?
Certainement, mais nous y travaillons. La production pétrolière a décliné pour se stabiliser à environ 10 millions de tonnes depuis quelques années, ce qui aurait pu nous fragiliser. Mais le choc a été atténué. La croissance sur la période 2010-2014 a été en moyenne de 6 %, grâce à une augmentation du PIB hors hydrocarbures, ce qui est un bon résultat. Nous devons cependant le consolider.
Faut-il revoir à la baisse certains programmes d’investissements publics ?
Le chef de l’État ne le souhaite pas, car ces programmes sont un levier de croissance. Depuis 2010, nous avons injecté beaucoup d’argent dans l’économie pour financer la construction d’infrastructures. Mais il va falloir en faire davantage si nous voulons atteindre une croissance à deux chiffres.
Les obstacles sont-ils encore nombreux ?
Oui, à commencer par le manque d’infrastructures. Il est clair que, pour avoir un secteur privé qui fonctionne, il faut des routes, un chemin de fer, une énergie électrique disponible… Ces carences nous font perdre des points de croissance. Quand le port ne fonctionne pas, les coûts de passage explosent et menacent notre compétitivité. Et puis, notre modèle de croissance étant bâti sur le secteur privé, et les investissements directs étrangers étant au coeur de notre stratégie, nous devons améliorer le climat des affaires.