Selon le site d’investigation Mediapart, le procureur de la République de Nantes, s’est saisi du dossier sur les origines du président de la République, à la suite d’une requête formulée par une de ses supposées sœurs consanguines.
Nouveau pavé jeté dans la marre par Mediapart, ce 16 mars, qui annonce que le procureur de la République de Nantes «tient peut-être entre ses mains l’avenir politique du Gabon». Selon notre confrère français, «le magistrat a officiellement été saisi en début d’année de l’affaire des origines du président en exercice Ali Bongo». Héritière d’Omar Bongo Ondimba au même titre qu’une cinquante d’autres personnes, Onaida Maisha Bongo Ondimba a saisi le procureur de la République de Nantes d’une demande de communication de l’acte de naissance d’Ali Bongo.
Selon Mediapart, le raisonnement déployé par l’avocat de l’héritière réservataire, dans un courrier adressé au parquet le 14 janvier dernier, est simple : «si Ali Bongo est né, comme il l’affirme, en 1959 à Brazzaville, alors les archives du registre de l’état-civil (qui est domicilié à Nantes pour la France et ses anciennes colonies) doit logiquement contenir le document».
Faut-il rappeler qu’en 1959, la capitale du Congo était partie intégrante de l’Afrique équatoriale française (AEF) ?
Né Alain-Bernard Bongo, l’actuel président du Gabon a pris le nom d’Ali Ben Bongo en 1973 lorsque son père avait converti la famille à l’islam. A ce sujet, l’avocat de la requérante s’étonne de ce que, dans le cadre de la succession d’Omar Bongo, «pour les autres légataires universels, les références précises du décret et du jugement ayant autorisé les changements et adjonction de patronymes sont indiquées, ce qui n’est pas le cas pour Ali Bongo». S’appuyant sur un acte de notaire daté du 25 juin 2010 et dressant la liste des héritiers du précédent président du Gabon, le média français avait déjà indiqué qu’«Ali Bongo est le seul des enfants reconnus par Omar Bongo à n’avoir pas été capable de fournir un acte de naissance en bonne et due forme. Et le fameux acte de naissance de la mairie de Brazzaville n’a pas été annexé dans la succession en tant que tel par l’intéressé». Le notaire attendrait donc, depuis 5 ans bientôt, le décret et le jugement ayant permis le changement de nom d’Alain-Bernard en Ali Bongo.
Pourtant, souligne l’avocat d’Onaida Maisha Bongo Ondimba «cette information nous est indispensable dans le cadre de la succession. S’il existait une autre vérité sur la filiation, cela impacterait directement la répartition des avoirs successoraux». Le parquet de Nantes a confirmé avoir été saisi de l’affaire et son dossier est référencé sous le numéro 2015/EC/817. «C’est toujours à l’instruction», fait-on savoir au parquet, sans autre forme de commentaire.
Toutefois, deux mois après la réception de la requête d’Onaida Maisha Bongo Ondimba, la justice n’est toujours pas en mesure de dire si le document réclamé existe bel et bien. «D’après certaines indiscrétions de palais, l’affaire fait partie des dossiers sensibles signalés auprès du gouvernement français, au regard de ses possibles implications sur la vie politique gabonaise. Ceci expliquant peut-être cela», souligne Mediapart à cet effet.
Mise en grand jour en 2009 par Luc Bengono Nsi, l’affaire de la filiation d’Ali Bongo a été déterrée en novembre 2014 par le livre «Nouvelles Affaires africaines – Mensonges et pillages au Gabon» de Pierre Péan. Des révélations qui ont poussé les partis politiques de l’opposition et des leaders de la société civile à demander au président de la République des éclaircissements. Depuis lors, la présidence de la République a fait fuiter une déclaration de naissance de établie à la mairie de Brazzaville. Seulement, de très sérieux soupçons pèsent sur cet acte.
Ali Bongo est-il vraiment, comme il le prétend, le fils naturel d’Omar Bongo ? Quoi qu’il en soit, la question reste intacte à ce jour et la démarche entamée auprès du tribunal de Nantes constitue un «dossier explosif au Gabon, que ce soit sur le plan des institutions ou d’un point de vue financier, à un an de l’élection présidentielle», conclut Mediapart.