Les années passent, les méthodes restent les mêmes au sein du parti créé par Papa Bongo. Le Parti démocratique gabonais qui se retrouvait, le week-end dernier, pour la cinquième fois depuis le décès de son fondateur, en vue de célébrer son 47e anniversaire, n’a pas changé de paradigme : chansons, discours, slogans à la seule gloire du chef du parti.
Sous le chapiteau du Jardin botanique de Libreville, ils étaient venus en grand nombre samedi dernier. Sept, huit, peut-être neuf mille cadres et militants du parti pour commémorer la création de leur formation politique. Parmi eux, le président du parti, Ali Bongo, et son épouse, Sylvia Bongo, présidente d’honneur de l’Union des Femmes (UFPDG).
Discours, slogans, prestation culturelle
Le programme prévoyait, en tout premier lieu, les allocutions de la déléguée nationale de l’UFPDG, du responsable de l’Union des Jeunes (UJPDG) et du secrétaire général du parti – deuxième personnalité de la plus vieille formation politique du Gabon-, conformément à l’ordre protocolaire. Si Annie Chrystel Eugénie Limbourg Iwenga a appelé le «distingué camarade» à solliciter un nouveau mandat présidentiel en 2016, mettant en exergue la fidélité et la loyauté de la femme PDGiste, Vivien Péa a, pour sa part, appelé les responsables du parti à une introspection pour susciter de l’envie auprès de l’opinion, dénonçant, au passage, divers manquements et insuffisances du parti vis-à-vis de la jeunesse gabonaise, l’indifférence aux maux qui minent la société gabonaise (le chômage, le mal-logement,…). Le discours du délégué national de l’UJPDG était, de l’avis de nombreux observateurs, de bonne tenue. La langue de bois qui sied généralement à ce type de manifestation était quasiment absente dans cette allocution. Pas de déni des réalités, pas d’autosatisfaction absolue. Quant à Faustin Boukoubi, il a redit que le PDG se portait bien, et qu’il n’est pas «le parti mourant et moribond» que l’on dit. Après les allocutions, devait intervenir la seconde phase ; celle de la prestation des groupes socio-culturels.
Le culte de la personnalité toujours aussi vivace
Ce qui a le plus marqué les observateurs, c’est ce qui s’apparente au culte de la personnalité. Les affiches grandes et moyennes visibles dans la salle étaient dédiés au distingué camarade. L’une d’elles notamment le présentait comme disposant de trois armes : «l’expérience des sages, la fidélité des femmes et le dynamisme des jeunes». Une autre portait un message de soutien au Programme Graine qu’il a lancé en décembre dernier dans la perspective d’une politique agricole volontariste au Gabon. Les slogans lancés par les maîtres de cérémonie, Eric Dodo Bounguendza et Clémence Loupdy, les allocutions et les chansons des femmes des groupes socio-culturels n’étaient eux aussi dédiés qu’à la seule gloire du chef du parti, Ali Bongo. On croyait être revenu «au temps de Papa Bongo, le grand timonier». Aucune image présentant les militants à la tâche. Aucun message de soutien à l’endroit même du gouvernement qui en est pourtant l’émanation. Aucun mot d’encouragement à l’endroit de ces nombreux militants qui parcourent les villages et les hameaux chaque semaine pour porter la «parole» du parti. Le PDG n’est pas le parti des militants, ou de ses sympathisants. Le PDG est «le parti de son président».
Près de six ans après la disparition de «Papa Bongo», le Parti démocratique gabonais demeure une formation politique qui exalte le culte de la personnalité. Cela peut paraître surprenant de la part d’une formation qui appelle à un changement de paradigme. Il y a quelques mois, le chef d’un parti de la majorité, Paul Mba Abessole du RPG, avait estimé que le Gabon devenait une dictature à la nord-coréenne. L’observation des méthodes employées par ce parti lors de son quarante-septième anniversaire ne peut lui donner entièrement tort.