Certains enseignants gabonais, en grève depuis plus d’un mois, ont eu mercredi la mauvaise surprise de ne pas retrouver les virements de salaires sur leurs comptes bancaires. Le gouvernement a décidé de les payer désormais par bons de caisse pour les inciter à reprendre les cours.
« J’ai approuvé la décision prise par le gouvernement de mettre sur bons de caisse les agents de l’Éducation nationale », a déclaré le 25 mars sur sa page Facebook le président gabonais Ali Bongo Ondimba, marquant ainsi une nouvelle étape dans le bras de fer entre son gouvernement et les syndicats de l’enseignement. En d’autres termes, l’État ne paiera que les enseignants qui assurent leurs cours.
Une grève paralyse une partie de la fonction publique gabonaise depuis le 9 février. Les syndicats réclament notamment le relèvement du point d’indice salarial et l’augmentation du Smic (salaire minimum) de 80 000 francs CFA (121 euros) à 300 000 francs CFA (454 euros).
Sauver l’année scolaire 2014-2015
Le gouvernement justifie sa décision de ne pas virer les salaires sur les comptes bancaires des enseignants par un souci d’équité. « Payer les salaires des enseignants qui ne travaillent pas ne serait juste ni pour ceux de leurs collègues qui ont repris les cours, ni pour les contribuables et les parents d’élèves, encore moins pour les enfants », indique le message publié sur Facebook par le président Ali Bongo Ondimba.
Mais pour les syndicats, il s’agit d’un acte de provocation délibéré du gouvernement. « Les autorités veulent employer la manière forte pour résoudre un problème social. Cette trouvaille de bons de caisse est une manière de mettre la pression sur les grévistes pour qu’ils reprennent leurs postes », soutient Marcel Libama, coordonnateur des syndicats de l’éducation.
Mettre fin aux violentes manifestations
Comme en novembre 2013, les manifestations d’élèves réclamant le retour en classe des enseignants se suivent avec leur lot de violences. Le 23 mars, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Libreville à l’appel de la « Dynamique unitaire », un regroupement de syndicats de la fonction publique. Les forces de l’ordre ont réprimé le rassemblement à coup de gaz lacrymogènes et de matraque.
Le gouvernement reproche aux syndicats d’être de mèche avec l’opposition après la participation de Jean Ping à la manifestation du 23 mars. Marcel Libama répond que « partout dans le monde, les leaders politique s’expriment sur des revendications sociales sans pour autant manipuler les syndicalistes ». Le leader prévient que le mouvement pourrait se durcir si le gouvernement ne « rectifiait pas le tir ».