En dépit des instructions du chef de l’Etat, certains membres du gouvernement – notamment ceux ayant des entreprises publiques sous leur tutelle – n’hésitent pas à solliciter ou à continuer de percevoir, comme le faisaient leurs prédécesseurs, des fonds mensuels pour «le fonctionnement de leur cabinet». L’enrichissement illicite a encore de beaux jours devant lui !
C’est sous la belle appellation de «fonctionnement du cabinet du ministre» que les agences, fonds et offices publics continuent de procéder à des versements de fonds à leur «ministre de tutelle». Récemment, notre confrère La Doc’ révélait, dans sa parution du jeudi 9 avril, que l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (Agasa) et l’Office national de développement rural (Onader) reversaient mensuellement la somme de 10 millions de francs CFA au ministre de l’Agriculture, de l’Elevage, de la Pêche et de la Sécurité alimentaire. S’il était avéré, ce cas constituerait une sorte d’enrichissement illicite. Et l’on comprendrait mieux pourquoi les membres du gouvernement aiment à «placer» leur parentèle ou leurs amis à la tête des entreprises publiques ou à des fonctions de directeur financier.
Au ministère de la Forêt, le Fonds forestier national, par exemple, reverse chaque mois 2,5 millions de francs CFA au chef de ce département ministériel. Quid des autres agences placées sous la tutelle de ce ministère ? Au ministère des Transports, le Conseil gabonais des chargeurs (CGC) et la Sogatra versent chacun 3,5 millions mensuels au chef du département ministériel. Il n’a pas être vérifié si l’Oprag et la CNNII finançaient également le «fonctionnement du cabinet du ministre». Au ministère de l’Economie et de la Poste, l’entreprise La Poste S.A ne se prive pas de verser 2 millions de francs mensuels au ministre de tutelle, tout en lui finançant certaines missions à l’étranger, lorsque le budget n’est pas encore mis en place. On ne peut pas imaginer ce que reversent des services comme la Douane ou les Impôts au ministre de l’Economie, de la Promotion des Investissements et de la Prospective, ou ce que peut reverser le Trésor Public au ministre du Budget et des Comptes publics. Des sommes résolument inimaginables !
La pratique aurait repris depuis que le chef de l’Etat a décidé de supprimer la PIP aux membres du gouvernement. Ainsi que l’avait déjà révélé Gabonreview, les montants alloués aux ministres au titre de cette prime allaient de 24 à 90 millions de francs. Parce que, au Gabon, il y a toujours un moyen de contourner les instructions du chef de l’Etat qui, du reste, est si peu regardant lorsqu’il a donné des instructions. Tout porte donc à croire que ces pratiques qui sont revenues, après leur disparition momentanée, ont de beaux jours devant elles.