(PAPIER D’ANGLE) Par Jocelin Renders BOUBATA – L’incendie qui a ravagé le magasin ‘’chez Ali bon prix’’ au quartier Nzeng-Ayong, dans le 6ème arrondissement de Libreville, relance le débat de l’efficacité des soldats du feu dans la capitale gabonaise qui ont pour missions de secourir les personnes en danger et de lutter contre les incendies.

Eteindre les incendies et porter secours aux personnes en danger, sont entre autres les missions dévolues aux sapeurs pompiers. Des prérogatives que les pompiers gabonais ont toujours du mal à remplir pour diverses raisons.

Le sinistre de mardi au quartier Nzeng-Ayong dans le 6ème arrondissement de la Commune de Libreville, où un magasin a été entièrement détruit par les flammes, pose une fois encore la problématique de l’efficacité des soldats du feu. Pour comprendre cette situation qui semble perdurer, l’AGP s’est rapprochée mercredi de l’État-major de ce corps d’arme sis au Boulevard Bessieux, non loin de la maison de sépulture Gabosep. Malheureusement, la grande muette a renvoyé les reporter vers la hiérarchie, c’est-à-dire le ministre de la défense nationale.

‘’Nous apprécions votre démarche qui consiste à venir vers nous pour avoir des informations sur cette situation qui nous embarrasse. Nous aimerons répondre à vos questions, mais nous sommes la grande muette, nous ne pouvons pas nous prononcer sans l’autorisation de notre hiérarchie’’, a déclaré le commandant des pompiers rencontré.

Une attitude qui suscite des interrogations, quand on sait que le président de la République, Ali Bongo Ondimba, a instruit l’ensemble des responsables d’administrations de s’ouvrir à la presse en leur donnant toutes les informations dont elle a besoin pour mener à bien son travail.

Toutefois, en discutant mardi avec quelques pompiers à Nzeng-Ayong, après avoir circonscrit l’incendie, le drame, la première raison évoquée est l’absence des moyens roulants.

‘’Il nous est difficile voire impossible d’être sur plusieurs fronts, car nous ne disposons pas assez de moyens roulants. Un seul camion ne peut pas nous permettre d’intervenir en temps réel sur plusieurs sites. Ce n’est pas possible ! Et malheureusement, c’est la situation à laquelle nous sommes confrontés’’.

Pourtant à chaque défilé, le 17 août, pendant la parade des pompiers lors de la célébration de la fête de l’indépendance du Gabon, plusieurs camions et autres engins automobiles pour leur intervention des pompiers sont présentés au public. On se demande où sont donc ces véhicules quand il s’agit des sinistres qui ravagent des maisons et endeuillent souvent des familles ?

Autre argument évoqué par ces pompiers qui ont requis l’anonymat par crainte des représailles, est la vétusté du matériel qu’ils utilisent. Des tuyaux percés à divers endroits et qui laissent échapper d’abondantes quantités d’eau. Comment les pompiers peuvent-ils être efficaces avec ce type de matériel ? Comment peuvent-ils remplir convenablement leur mission si ces derniers n’ont pas les équipements adéquats ?

A côté de ces deux arguments, il y a l’accès difficile à certains quartiers dû à la dégradation des voies secondaires et aux constructions anarchiques qui ne permettent pas aux pompiers de circuler facilement. A cela s’ajoute le manque de bouches à incendie dans certains quartiers. D’où la difficulté pour les soldats du feu de se ravitailler en eau lors des incendies déclarés.

L’absence des casernes de proximité constitue aussi un frein à l’efficacité des sapeurs pompiers compte tenu de la distance entre la base de l’Etat-major et le lieu du sinistre, laquelle ne permet pas d’agir avec promptitude. C’est d’ailleurs dans ce contexte que le chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba, avait annoncé la construction des casernes dans les six arrondissements de la Commune de Libreville, au cours d’une conférence de presse, à l’issue du conseil des ministres délocalisé ayant sanctionné sa tournée républicaine entamée le 12 novembre 2011 dans la province de l’Estuaire.

‘’Chacun des six arrondissements de Libreville sera bientôt doté d’une caserne de sapeurs pompiers, pour renforcer l’action des soldats du feu dans la capitale gabonaise’’, avait dit le président gabonais, avant d’ajouter que Deux autres casernes seront construites à la sortie de Libreville, notamment à 15 km de la capitale et dans la commune d’Owendo située au sud de Libreville’’.

Ces nouvelles casernes des sapeurs pompiers dans les six arrondissements de la Commune de Libreville sont toujours très attendues par les populations. Mais elles ne serviraient à rien, si au préalable celles-ci ne sont pas dotées de matériels roulants et techniques adéquats et conséquents.

Pour l’heure, le ministre de la Défense nationale devrait se pencher sur la situation critique actuelle de l’unique caserne des pompiers de Libreville afin d’éviter que la population continue d’assister impuissante aux pertes des vies humaines et à la destruction de leurs biens.