La société civile libre n’est pas du tout tendre avec le président de la République, à la suite de sa dernière adresse.
Comme il fallait certainement s’y attendre, le discours à la nation du président de la République, le 17 août dernier, a suscité de vives réactions. La société civile libre y est allée d’une série de critiques et remarques. Elle déplore, sur la forme, un discours incohérent, sans architecture logique. Car, dit-elle, Ali Bongo voltigeait de l’économie au social, du politique à l’économie pour revenir soudainement au social. «Ce propos était caractérisé par de nombreuses répétitions et digressions. Cela ressemblait à du copier-coller débarrassé de toute démarche discursive», a-t-elle laissé entendre. Sur le fond, elle estime qu’il n’y a rien eu de nouveau sous le soleil, car c’était du déjà entendu lors du discours de fin d’année 2014. «A ces redites sur les plans économique et social, on a juste saupoudré de nouvelles promesses plus mirobolantes que nous savons d’ailleurs irréalisables en l’état actuel», soutient la société civile libre.
En effet, à ses yeux, ce discours relève d’«une quête d’affection du peuple gabonais souffreteux et profondément déçu de la gouvernance catastrophique des Bongo depuis 50 ans, à la veille de la présidentielle 2016». Estimant que «des assises nationales tant demandées par la majorité de la population pour amorcer le dialogue en vue de régler la crise profonde qui divise les Gabonais», constituent la préoccupation du moment, la société civile libre s’indigne de ce qu’Ali Bongo n’en ait nullement fait allusion. Pire, il n’a pas daigné aborder la question relative à l’élection présidentielle 2016. «Ce qui démontre (son) refus (…) d’examiner la problématique liée à la réforme du cadre juridique, à la finalisation du vote biométrique et à celle des institutions démocratiques», indique-t-elle, s’indignant de ce que le président de la République ait affirmé qu’il n’y a aucune crise politique, «alors même qu’au sein du PDG, la soupape vient de sauter avec le conflit larvé entre les courants Mogabo et Héritage et Modernité».
Selon la société civile libre, Ali Bongo explique la crise économique actuelle par la baisse du prix des matières premières, «en refusant de reconnaître que sa mauvaise gouvernance et le pillage à grande échelle de nos ressources (…) en sont la véritable cause». Voilà pourquoi, elle s’indigne également de ce qu’aucun diagnostic n’ait été posé et que le président de la République se soit contenté de parler du programme Graine comme d’un projet qui va générer 20 000 emplois, alors que «tout le monde sait que c’est de l’utopie, tant les conditions de base n’existent pas». «Nous resterons longtemps dans l’œil du cyclone tant, le pouvoir n’a rien pour attaquer et vaincre cette crise, rien n’est envisagé pour relancer notre économie», prévient la société civile libre.
Evoquant les aspects sociaux de cette adresse, la société civile s’élève contre l’omission de sujets jugés importants, notamment la paupérisation croissante de la population, l’absence de logements, le sous-équipement des structures de santé et la hausse exponentielle de l’insécurité, etc. Dans la foulée, elle se gausse de l’annonce relative à la cession, à la jeunesse, de la part d’héritage d’Ali Bongo. Or, «tout le monde sait que la dévotion de la succession est bloquée par défaut de production de son acte de naissance au notaire», lance-t-elle, s’étonnant également de la nature de cette d’héritage. «De qu’elle part s’agit-il dans les biens mal acquis par son père au détriment du peuple gabonais et objet d’une action judiciaire en France», demande-t-elle. Plus loin, elle tourne en dérision la promesse d’offrir la propriété du Camp De Gaulle pour en faire une université, «alors qu’il n’arrive pas à faire fonctionner correctement celles de Nkembo et de Masuku. Que sont devenues celles qu’il a promis construire à Oyem, Mouila et Port-Gentil ?». Face à ce qu’elle qualifie de «dérives d’un chef d’Etat en quête de popularité», la société civile libre en déduit simplement que «le bateau de l’émergence est en train de sombrer».