Il était attendu de pied ferme et de nombreux commentaires ont déjà fusé çà et là. Chacun y allant de son commentaire sur les débarqués et les coptés. Des dates relatives à ce remaniement avaient même été avancées. Cependant, seuls les membres du sacro-saint sérail étaient dans le secret des dieux. Fidèle à sa méthode imprévisible, Ali Bongo a choisi de chambarder l’équipe gouvernementale à moins d’un mois de la rentrée scolaire. Comment comprendre la nouvelle composition gouvernementale ? Analyse.
Des 39 nouvelles nominations, la plus surprenante d’entre toutes est sans aucun doute celle du farouche opposant Jean de Dieu Moukagni Iwangou au poste de Ministre d’Etat, Ministre de l’Agriculture et de l’Entreprenariat agricole, Chargé de la mise en œuvre du Programme Graine. Pas besoin d’être politologue pour comprendre que cette nomination s’inscrit dans une logique électoraliste. En tendant la main à l’opposition, Ali Bongo fragilise le Front Uni de l’Opposition Pour l’Alternance, (le FUOPA). De façon empirique, il ressort qu’en politique tous les coups sont permis .Une offre stratégique et alléchante déclinée par l’intéressé.
Dans le même registre, il faut noter le retour au gouvernement de Paul Biyoghe Mba en qualité de Premier Vice-Ministre, Ministre de la Santé, de la Prévoyance Sociale et Solidarité Nationale. En fait, ce rappel dans l’équipe gouvernementale du fils de Bikélé est à inscrire dans un contexte d’apaisement. De nombreux observateurs clamaient haut et fort que ce dernier menaçait de sortir de la grande famille du Parti Démocratique Gabonais. Connaissant le poids et la capacité de nuisance de Paul Biyoghé Mba, cette nomination va très certainement calmer les ardeurs de l’ancien Président du Conseil Economique et Social. Toujours au titre des récompenses, celle du Général Flavien Nziengui Nzoundou qui vient de remporter haut la main l’élection sénatoriale, après un contentieux électoral.
Le retour des Promotions
« C’est dans les vieilles marmites que l’on fait les meilleures sauces » soutient l’adage populaire. C’est certainement ce qui explique le retour vers l’ancien schéma dans lequel les membres du gouvernement sont hiérarchisés en Vice-Premier Ministre, Ministre d’Etat, Ministre et Ministre Délégués. Séraphin Moundounga est donc promu et va désormais occuper le poste de 2ème Vice-Premier Ministre, Ministre de la Justice et des Droits Humains, Gardes des Sceaux. Parmi les privilégiés élevés au rang de Ministre d’Etat, Emmanuel Isozet Ngondet, Jean Pierre Oyiba, Gabriel Ntchango et Denise Mekamne. En regardant de près, les promus sont de fervents défenseurs de l’action et de la politique du locataire du bord de mer. Un engagement qui n’a pas laissé de marbre Ali Bongo Ondimba.
Le Baptême du feu
A la surprise générale, des technocrates font leur entrée au gouvernement. On peut citer Mathias Otounga Ossibadjouo, ancien Directeur de Cabinet à la Présidence de la République, d’un maire d’arrondissement de Lambaréné, Janvier Nguema Mboumba, Flore Mistoul et Irène Lindzondzo, pour ne citer que ceux-là. Dans la même foulée, le 1er magistrat gabonais a sorti des tiroirs des oubliettes Célestine Oguewa Ba et le Professeur Léon Nzouba, poussé vers la porte de sortie après s’être agenouillé devant un gréviste de la faim, au sortir d’une précédente édition de la Journée du Drapeau. Au regard de l’actuel contexte socio-économique gabonais, la nouvelle équipe gouvernementale est attendue au pied du mur et dans les plus brefs délais.