L’ancien ministre de la Fonction publique, Serge Maurice Mabiala, aurait été interpellé pour «détournement de deniers publics», selon Gabonactu relayant également une déclaration du procureur de la République sur les antennes de Gabon télévision. Logiquement, d’autres gros poissons devraient finir dans la nasse.
Rien à voir , parait-il, avec son appartenance à «Héritage et Modernité» que les «ultras» du PDG présentent comme des militants qui veulent prendre le pouvoir ou parvenir à pousser ce parti à présenter un autre candidat qu’Ali Bongo en 2016. L’interpellation de Serge Maurice Mabiala aurait pour mobile une malversation financière opérée alors qu’il était patron de la Direction des grandes entreprises.
En effet, selon le procureur de la République près le Tribunal spécial de lutte contre la délinquance financière et économique, Serge Maurice Mabiala aurait personnellement recouvré la somme de 1,987 milliard de FCFA dans le cadre d’un redressement judiciaire. Celle-ci aurait été encaissée sans avis de mise en recouvrement et en violation des dispositions du code général des impôts y relatives. «Plus grave (…) les chèques émis par le contribuable ont été libellé au nom du receveur des impôts mais curieusement encaissés (…) par sieur Mabiala Serge Maurice contre une quittance qui aurait été signée et délivrée par ses soins et grâce à un quittancier informatique conçu spécialement par l’intéressé pour des encaissements non déclarés», reproche Sidonie Flore Ouwé qui se dispense de citer l’entreprise ayant fait l’objet du redressement judiciaire.
Comme si cela ne suffisait pas, le membre du mouvement Héritage et Modernité se serait également fourvoyé dans une autre affaire de redressement fiscal d’une valeur de 10 milliards de FCFA, à l’issue de laquelle un manquant de 4,5 milliards de francs CFA aurait été enregistré. Un ensemble de forfaits qui porte à plus de 6 milliards de francs CFA le butin dérobé par l’indélicat. «Mabiala fait actuellement l’objet d’une enquête préliminaire qui se déroule conformément à la loi. Les services veillent à la présomption d’innocence dont il a le droit mais aussi au respect de sa dignité», a précisé le procureur, cherchant à taire toutes les extrapolations autour de cette interpellation conduite par des agents de la DGR de la Gendarmerie nationale, tôt dans la matinée du 17 septembre 2015.
Désignée, le 24 août 2015 lors du dernier Conseil supérieur de la Magistrature présidé par Ali Bongo, comme procureur de la République près le Tribunal spécial de lutte contre la délinquance financière et économique, Sidonie-Flore Ouwé pose sans doute là le tout premier acte de ce nouveau tribunal. Si l’affaire Mabiala n’est pas politique ainsi que cela n’a cessé d’être clamé, d’autres «détourneurs» de fonds publics ne devraient pas tarder à être interpellés. Et il y en a à la pelle au Gabon. Les prochains, par exemple, devront être Paul Biyoghe Mba, l’actuel 1er vice-Premier ministre, ministre de la Santé, de la Prévoyance sociale et de la Solidarité nationale, et Julien Nkoghé Békalé, ancien ministre du Pétrole et hiérarque du parti au pouvoir à Ntoum, largement cités dans une affaire de détournement, orchestré d’octobre 2009 à janvier 2011 et ayant culminé à 20 milliards FCFA. Révélé par un journal proche du palais présidentiel qui avait étalé, en 2013, une panoplie de documents administratifs hautement confidentiels, l’affaire avait fait grand bruit avant d’être reléguée aux calendes grecques.
Sidonie-Flore Ouwé a donc du boulot, car une bonne partie de la nomenklatura du pouvoir actuel est bien connue pour son enrichissement fulgurant sans autre explication que la subtilisation des deniers publics. Chaud devant !