Lors du premier conseil des ministre depuis le coup d’état du 16 septembre, le gouvernement burkinabé a prononcé vendredi 26 septembre la dissolution du Régiment de sécurité présidentiel.
L’heure du retour de bâton a sonné pour les putschistes. Pour le premier conseil des ministres d’après coup d’état, délocalisé dans une primature protégée par plusieurs blindés, le gouvernement intérimaire du Burkina Faso a opté, vendredi 25 septembre, pour la manière forte contre le Régiment de sécurité présidentielle (RSP). L’ancienne garde prétorienne de Blaise Compaoré a été dissoute. Le procureur général a lui fait savoir qu’une enquête avait été ouverte « sur les infractions liées aux actes qui ont été posés sur le territoire depuis le 16 septembre ». C’est à cette date que des soldats du RSP ont interrompu le conseil des ministres, prenant en otages le président intérimaire, Michel Kafando, le premier ministre, Isaac Zida, et deux autres membres du gouvernement.
Le gouvernement burkinabé a enfin annoncé la création d’une commission d’enquête pour « situer les responsabilités et identifier les auteurs, complices, militaires et civils impliqués dans la tentative de coup d’état » qui devra rendre ses conclusions d’ici 30 jours.
L’avenir du général Gilbert Diendéré et des principaux officiers et sous officiers qui ont constitué le noyau dur de la junte a donc de fortes chances de s’écrire devant un tribunal militaire. Le chef de l’éphémère « Conseil national pour la démocratie » avait affirmé le 23 septembre, peu après la cérémonie de réinstallation des autorités de transition : « Je n’ai pas peur d’affronter [la justice]. Je répondrai aux questions qu’on me posera. Je ne vais pas nier qu’il y a eu des morts. » Selon le bilan officiel, la répression des manifestations s’est soldée par la mort de 11 personnes et 271 ont été blessées.
Un désarmement encore confus
Ces mesures punitives à l’égard des putschistes étaient largement attendues par la population et la société civile. L’état major de l’armée a annoncé avoir commencé dès vendredi soir à retirer de l’armement à l’unité qui avait perpétré le coup d’état proclamé le 17 septembre. Cependant, des informations contradictoires circulaient sur la réalité du début du désarmement de l’unité la mieux équipée du pays.
Selon un haut gradé du RSP, les militaires de base, établis à la caserne Naaba Koom, s’y « sont catégoriquement opposés », réclamant au préalable des garanties de sécurité pour eux-mêmes et leurs familles. Un autre officier avançait au même moment qu’il n’y aurait « pas de problème pour que les armes soient transportées où ils veulent. » « C’est un processus qui prendra du temps. On ne vide pas un paquebot en dix minutes. » précisait-il avant d’insister pour que « les politiques ne se mêlent pas de la chose militaire. Je ne leur fais pas du tout confiance. » Des mots prononcés avant l’annonce de la dissolution du RSP. Dans la soirée, cet officier n’était plus joignable et Ouagadougou s’est endormi sous couvre-feu, quadrillée par des blindés de l’armée.