Affectée par le recul des cours des matières premières et le ralentissement de l’économie chinoise, la croissance économique de l’Afrique subsaharienne devrait être inférieure de près de 90 points de base au niveau enregistré l’an dernier, avertit la Banque mondiale.
Dans la nouvelle édition d’Africa’s Pulse, sa publication semestrielle sur les perspectives économiques de l’Afrique subsaharienne, la Banque mondiale estime que le PIB de la région devrait croître de +3,7 % en 2015 contre +4,6 % en 2014. En avril, l’institution pariait encore sur une croissance de 4 % cette année.
Le sous-continent devrait enregistrer cette année « son taux de croissance le plus faible depuis 2009 », estime l’institution internationale. Entre 2009 et 2014, le PIB de l’Afrique subsaharienne a crû en moyenne de 4,5 %, contre 6,5 % entre 2003 et 2008.
Pour 2016, la Banque mondiale prévoit un rebond de la croissance à 4,4 % qui s’accélérerait en 2017 pour atteindre 4,8 %.
Plombée
“La croissance économique a marqué le pas dans les pays d’Afrique subsaharienne en raison d’un environnement économique moins favorable”, écrit l’institution internationale dans une note publiée ce lundi.
L’institution basée à Washington explique ce ralentissement par la chute brutale des cours du pétrole et des autres matières premières, ainsi que le ralentissement de l’économie chinoise et le durcissement des conditions financières au niveau mondial.
La chute des cours des matières premières a particulièrement plombé la croissance des pays exportateurs de pétrole (Angola, République du Congo, Guinée équatoriale et Nigeria) et de minerais (Botswana, Zambie et Mauritanie), souligne la Banque mondiale, tandis que des facteurs internes comme l’insuffisance de production électrique ont affecté la croissance du Ghana et de l’Afrique du Sud.
Toutefois, plusieurs pays subsahariens devraient continuer d’afficher une économie robuste, à l’image de la Côte d’Ivoire, de l’Éthiopie, du Mozambique, du Rwanda et de la Tanzanie, “où la croissance devrait ainsi atteindre au moins 7 % par an entre 2015 et 2017”, explique l’institution financière.
Réformes
Reprenant un argumentaire développé plus tôt cette année dans son interview accordée à Jeune Afrique, Makhtar Diop, le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique subsaharienne, assure que “la fin du super-cycle des matières premières constitue une opportunité pour les pays africains de relancer leurs réformes afin de moderniser leur économie et de diversifier leurs sources de croissance”.
Pour le dirigeant sénégalais, “la mise en œuvre de bonnes politiques pour stimuler la productivité agricole et réduire les coûts de l’électricité tout en augmentant l’accès permettra d’accroître la compétitivité et de soutenir la croissance de l’industrie légère”.