Une cérémonie de désarmement du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) s’est tenue mardi à Ouagadougou. Le point final de l’unité responsable du coup d’Etat avorté du 17 septembre qui a secoué la transition burkinabè pendant une dizaine de jours.
Quelques armes ont été exposées sur la place de la Nation. Des blindés, des lances grenades et lances roquettes, des mortiers et des canons antichars. Cet arsenal appartenait au Régiment de sécurité présidentielle (RSP), un groupe responsable du coup d’Etat du 17 septembre dernier, dont le désarmement a donné lieu mardi à Ouagadougou à une cérémonie symbolique.
En présence d’une délégation de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), l’état-major général des armées burkinabè a fait le point sur le processus de recensement et de collecte des armes de l’ex-RSP.
« Ce coup d’Etat était le couronnement d’un plan savamment préparé par le général Gilbert Diendéré et donc l’objectif n’était autre que de mettre fin à la transition et d’installer un régime de terreur. Les chiffres officiels de 14 morts et de 251 blessés enregistrés en si peu de temps en sont une preuve », a accusé le Premier ministre burkinabè Yacouba Isaac Zida, ancien du RSP et devenu l’un de ses farouches adversaires.
Le chef du gouvernement en a aussi profité pour saluer le professionnalisme des forces loyalistes qui ont lancé l’offensive contre le camp de l’ancien RSP. « Je salue l’esprit patriotique et la bravoure de nos soldats ainsi que la tactique adoptée par la hiérarchie militaire qui ont permis aux soldats loyalistes de triompher sans une tuerie massive, a-t-il déclaré. J’exprime la gratitude du peuple burkinabè à la communauté internationale qui a unanimement condamné le coup de force contre la transition et s’est mobilisée aux côtés du peuple burkinabè. »
Toutes les armes saisies seront distribuées aux différentes unités de l’armée. La priorité sera donnée aux forces positionnées aux frontières nord du pays.
Unité d’élite créée en 1995, le RSP comptait 1 300 hommes. Sa dissolution était demandée depuis des années par la société civile mais même les institutions de transition n’osaient pas s’attaquer à cette « armée dans l’armée » qui effrayait militaires comme civils.
Parallèlement à cette cérémonie de désarmement, les autorités judiciaires – justice militaire d’une part, et commission d’enquête de l’autre – ont procédé à plusieurs arrestations. Après celles d’une quinzaine d’officiers putschistes dont leur chef le général Gilbert Diendéré, deux hommes politiques ont été interpellés lundi soir.
Léonce Koné, deuxième vice-président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti de Compaoré, et Hermann Yaméogo, président de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD), sont « auditionnés dans le cadre des enquêtes sur le coup d’Etat » et ont été placés en garde à vue, selon la gendarmerie.
Ce sont les premiers civils à être interpellés dans l’affaire du coup. Un autre politique, Djibrill Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères de Compaoré, arrêté le 29 septembre, a lui été général de la gendarmerie au sein de laquelle il n’occupe plus de fonctions depuis 2000.