Invité de la matinale de Radio Gabon, le 15 octobre courant, le ministre de la Formation professionnelle et de l’Insertion des jeunes a dit avoir foi dans les réformes initiées, même s’il a reconnu que certaines initiatives n’ont pas été poursuivies, qu’un travail réglementaire reste à faire et que certaines formations sont inadaptées.
Inscrit parmi les priorités du gouvernement, l’adéquation formation/emploi a des allures de casse-tête, au point qu’à moins d’un an de la fin du mandat en cours, on en est encore à tergiverser et à prononcer des discours qui fleurent bon l’incapacité à aboutir aux objectifs fixés en la matière. Pourtant, le gouvernement semble croire dur comme fer que tout devrait s’arranger voire que tout a été mis en œuvre pour ce faire. C’est, du moins, ce qui ressort des propos du ministre de la Formation professionnelle et de l’Insertion des jeunes, invité de la matinale de Radio Gabon le 15 octobre dernier. Loin de se laisser démonter par la réalité de terrain qui montre de réelles carences, Flavien Nzengui Nzoundou a défendu bec et ongles la politique menée durant les deux dernières années. «Des mesures et des réformes importantes ont déjà été engagées. Depuis 2012 jusqu’à ce jour, nous avons adopté trois textes importants : la loi 21 portant orientation de l’éducation, de la formation et de la recherche ; en 2013 les décrets portant statuts de l’agence de formation et de perfectionnement professionnel ont été adoptés ; et en 2015 le décret fixant les modalités de prise en compte de la validation des acquis, de l’expérience, en vue de donner la chance à tout compatriote qui a acquis des compétences dans l’informel», a-t-il expliqué.
S’il a soutenu que «la jeunesse, lorsqu’elle trouve un emploi, c’est gage de stabilité sociale (et) de développement du pays», Flavien Nzengui Nzoundou a tenté d’expliquer le taux de chômage grandissant au sein de la jeunesse diplômée. Pour lui, tout part de l’offre : «La formation est aujourd’hui inadaptée», a-t-il laissé entendre, avant d’exhorter à la poursuite des réformes engagées dans le domaine, sans avoir besoin de suspendre les formations actuelles. Dans la foulée, il a appelé à tisser des partenariats avec les entreprises, «puisque c’est l’entreprise qui absorbe la main d’œuvre qualifiée au niveau de nos structures». «Lorsque ce partenariat est établi, il est évident que l’entreprise suit la qualité de la formation des apprenants et l’Etat régule en assurant les mécanismes de validation qui feront en sorte qu’au bout nous ayons des apprenants bien qualifiés, qui peuvent être facilement employés par des entreprises», a-t-il glissé.
Feu de paille
Alors que le pays peine à mettre en œuvre une véritable politique de réinsertion des jeunes anciens détenus, le ministre de la Formation professionnelle et de l’Insertion des jeunes s’est félicité de l’initiative menée en 2012, pour le soutien et l’accompagnement de 65 jeunes sortis de la prison centrale de Libreville. Sauf que cette initiative plutôt louable, qui a finalement abouti à la réinsertion de 60 jeunes, n’a quasiment jamais été étendue à l’intérieur du pays. «Nous ne baissons pas les bras au niveau de notre ministère», a-t-il lancé néanmoins, reconnaissant que l’initiative n’a duré que le temps d’un feu de paille. «Il y a en ce moment une mission d’audit dans les unité carcérales, pour dénombrer les jeunes qui y sont et nous projeter sur la reprise de cette action qui a porté des fruits salutaires (…), et afin de permettre à ces jeunes de suivre une bonne formation et favoriser ainsi leur réinsertion dans la société», s’est-il défendu.
Au sujet de carences enregistrées dans le domaine de la formation professionnelle et l’insertion des jeunes, comme dans tous les secteurs, Flavien Nzengui Nzoundou a reconnu qu’«on ne peut pas réussir si nous n’avons pas mis en place tous les dispositifs pour parvenir à une bonne et meilleure gouvernance». Pour lui, la réussite passe nécessairement par la mise en œuvre d’«une administration aguerrie aux métiers qui concernent chaque secteur». Evoquant les projets en cours de formulation, il a parlé de la réglementation de la formation en alternance, la formation continue et l’apprentissage. C’est pourquoi, il a appelé à une concertation franche avec le patronat. Comme quoi, il n’est pas venu le temps des actes.
Source : interview réalisée par Hass Nziengui et Kennie Kanga pour Radio Gabon