Il semble pouvoir persister au moins 9 mois dans le sperme d’anciens malades et se réactiver dix mois après une « guérison » annoncée.
Les patients « ont besoin d’aide pendant les six à douze mois suivant leur guérison pour s’assurer que leurs partenaires ne sont pas exposés au virus », juge l’OMS. Les patients « ont besoin d’aide pendant les six à douze mois suivant leur guérison pour s’assurer que leurs partenaires ne sont pas exposés au virus », juge l’OMS.
Le virus Ebola est vraiment redoutable. Personne n’a oublié les récentes épidémies de fièvres hémorragiques qui ont touché plus de 28 000 personnes en Afrique de l’Ouest (principalement en Sierra Leone, au Liberia et en Guinée) et en ont tué plus de 11 000. Les tenues portées par les soignants et les mesures d’isolement prises pour éviter tout risque de contagion sont encore dans toutes les mémoires. Alors que les périodes les plus sombres semblaient derrière nous (pour la deuxième semaine consécutive, il n’y a eu aucun nouveau cas d’infection signalé à l’Organisation mondiale de la santé), ce virus fait à nouveau parler de lui, de façon plus insidieuse, mais particulièrement inquiétante.
Tout d’abord, avec la situation dramatique de Pauline Cafferkey. Cette infirmière britannique, qui avait travaillé bénévolement en Sierra Leone en 2014, est actuellement hospitalisée dans une unité spéciale du Royal Free Hospital de Londres. Dix mois après avoir été déclarée guérie, elle est victime d’une rechute ou plus exactement d’une « complication » liée à la maladie. Cela prouve que le virus Ebola peut persister chez les personnes traitées avec succès. Cette situation, décrite comme « sans précédent sur le plan médical » inquiète évidemment les spécialistes.
Tests
Le problème est plus général. Jusqu’à présent, une personne était considérée guérie si elle n’avait plus de trace du virus dans son sang. Il est désormais acquis que le virus peut rester dans les fluides corporels comme le lait maternel, le sperme ou le liquide oculaire jusqu’à plusieurs mois après l’infection, sans que le patient ne présente de symptômes caractéristiques. Et une étude menée sur le sperme de 93 hommes volontaires en Sierra Leone âgés de plus de 18 ans et publiée mercredi dans le New England Journal of Medicine va plus loin. Elle indique que du virus Ebola peut être toujours présent dans ce liquide physiologique chez certains survivants au moins neuf mois après l’infection.
Selon un virologue de l’OMS, Ebola peut subsister dans certaines parties de l’organisme après la guérison, car « il faut plus de temps au système immunitaire pour nettoyer certains endroits » comme les testicules, le cerveau, la moelle épinière et le globe oculaire. Les autorités sanitaires recommandent donc aux milliers de survivants de faire tester leur sperme et d’attendre d’avoir eu un résultat négatif pour Ebola deux fois à au moins une semaine d’intervalle avant d’avoir des relations sexuelles ou, sinon, d’utiliser un préservatif.
Ce travail « nous rappelle que malgré le fait que le nombre de cas d’Ebola continue à diminuer, les survivants et leurs familles sont toujours confrontés aux effets de la maladie », a souligné dans un communiqué Bruce Aylward, responsable de la réponse à Ebola à l’Organisation mondiale de la Santé. Selon lui, cette recherche montre clairement que les patients ayant survécu à cette maladie infectieuse « ont besoin d’aide pendant les six à douze mois qui suivent leur guérison pour s’assurer que leurs partenaires ne sont pas exposés au virus ».