Onaida Maisha Bongo, une héritière d’Omar Bongo, a demandé jeudi 22 octobre devant la justice française que lui soit remise la copie intégrale de l’acte de naissance du président Ali Bongo, dans le cadre de la succession de son père décédé en 2009. Un acte qui fait l’objet d’une controverse sur les origines nigérianes du président gabonais.
L’acte de naissance d’Ali Bongo est-il authentique ? La question se pose depuis que le journaliste Pierre Péan a accusé le président gabonais de l’avoir falsifié pour cacher ses origines nigérianes. Or il faut être né Gabonais pour briguer la présidence. La thèse de Pierre Péan a été vigoureusement démentie par la présidence qui a porté plainte contre le journaliste.
Me Dumont-Beghi, l’avocate d’Ali Bongo, juge la demande de la jeune héritière de 25 ans irrecevable. « Tout d’abord la jeune fille se trompe de juridiction parce qu’elle tente en saisissant le juge de l’état civil d’obtenir un document qu’elle ne peut pas avoir. Nous avons des lois en France très claires. Elle n’est pas habilitée à faire une telle demande », explique-t-elle avant de poursuive : « La deuxième chose, c’est qu’elle tente par cette demande de faire polémique sur la naissance d’Ali Bongo Ondimba, fils de son père Omar Bongo Ondimba. Si elle considère qu’aujourd’hui, elle peut contester au bout de six ans d’ouverture de cette succession, qu’elle le fasse devant la juridiction de Libreville, ce qu’elle ne fait pas. »
Impossible de se procurer l’acte
De son côté, l’avocat de l’héritière indique avoir réclamé à plusieurs reprises, à l’administrateur de la succession, au Gabon, la photocopie intégrale de l’acte de naissance, en vain. La procédure devant la justice française est tout à fait régulière précise Me Eric Moutet, qui récuse toute visée politique.
« Le décret de 1962 prévoit que les autres personnes, sous contrôle du procureur de la République, peuvent si elles justifient d’un motif légitime avoir accès à l’intégralité de l’acte. Donc la légitimité du motif, pour nous, réside dans la qualité d’héritier de ma cliente, [et] du fait qu’il y a quand même des éléments troublants dans cette succession », explique-t-il.
« une succession extrêmement complexe »
L’avocat d’Onaida Maisha Bongo précise encore que « ce n’est pas seulement l’acte d’Ali Bongo que nous poursuivons dans cette succession, c’est la communication de tous les documents, de l’intégralité des éléments de cette succession que nous n’avons pas. Et on bataille pour les obtenir. Donc cet acte de naissance n’est qu’un élément parmi tant d’autres que nous cherchons à obtenir pour avoir une connaissance normale d’héritier dans le cadre d’une succession qui est extrêmement complexe. »
Le ministère public a lui jugé la demande de l’héritière « juridiquement recevable mais mal fondée » et a demandé son rejet. Le délibéré est prévu le 12 novembre.