L’invité du week-end de la rédaction d’Info241 est Son Excellence Monsieur Germain Ngoyo Moussavou, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République Gabonaise en France. Le chef-diplomate nous parle de sa fonction, des actions concrètes menées par l’ambassade du Gabon en France, de la question des passeports et de l’inscription sur les listes électorales en vue des prochaines élections présidentielles au Gabon.
Germain Ngoyo Mousavou évoque en primeur sur Info241, le début dès le 3 novembre 2015, de l’établissement pérenne de passeports par la DGDI à l’ambassade du Gabon à Paris.
Quel est le rôle de l’Ambassadeur et de l’Ambassade du Gabon en France ?
Germain Ngoyo Moussavou : Permettez-moi tout d’abord de vous remercier de me donner l’opportunité de m’exprimer pour la première fois dans les colonnes de votre journal d’une part, et de vous traduire toute ma reconnaissance pour l’intérêt que vous portez au rôle de l’Ambassadeur et de l’Ambassade. Pour répondre au premier volet de votre question, il me plaît de dire que l’Ambassadeur est le représentant de l’Etat gabonais en France. En tant que chef de mission diplomatique, je tiens mon pouvoir du Chef de l’Etat et du Gouvernement et ne l’exerce qu’en leur nom et sur leur demande expresse.
L’Ambassadeur est le représentant de l’Etat gabonais en France. En tant que chef de mission diplomatique (…), il se doit en tant que de besoin assurer secours et protection des compatriotes résidents dans sa juridiction ».
Dans ses lourdes tâches, il se doit en tant que de besoin assurer secours et protection des compatriotes résidents dans sa juridiction. Il négocie avec l’Etat d’accréditation et défend les intérêts de son pays. Il tient régulièrement ses autorités au courant de la situation de la zone dans laquelle il exerce ses compétences. En outre, il est chargé de promouvoir des relations amicales et de développer les relations économiques, culturelles, politiques, scientifiques, militaires, etc., entre les deux Etats.
Quant au second volet, je dois dire que l’Ambassade est la représentation diplomatique d’un Etat auprès d’un autre. Il désigne le lieu où sont établis les locaux qui abritent plusieurs services parmi lesquels le Consulat général. Il est aidé et assisté dans ces tâches, parfois complexes, des collaborateurs permanents, c’est-à-dire des fonctionnaires nommés et ceux recrutés localement pour des raisons de renforcement des effectifs.
Quelles actions concrètes mène l’Ambassade du Gabon vis-à-vis de la communauté gabonaise de France ?
Germain Ngoyo Moussavou : Sur ce plan, je voudrais dire que la diaspora gabonaise de France est une réalité tangible sur laquelle le Gabon compte énormément. Avec une population de 1.600.000 habitants environ, le Gabon conscient de sa faiblesse démographique, ne saurait laisser sa diaspora hors de ses ambitions et de ses perspectives de développement. De manière globale, les statistiques laissent apparaître que nous comptons près de 15.000 ressortissants gabonais établis sur le territoire français, en y ajoutant les binationaux, les étudiants et les stagiaires. Ce qui en fait la diaspora gabonaise la plus importante à travers le monde.
Je m’efforcerai toujours en cas de besoin d’intercéder auprès de certaines administrations et sociétés, en vue de faciliter les démarches de certains de nos compatriotes détenteurs de projets viables et qui désirent rentrer pour se mettre au service du Gabon ».
Afin de mieux encadrer ces compatriotes, le Gouvernement gabonais, sur instructions de Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence, Ali Bongo Ondimba, a décidé de la création en août 2004, du Conseil des Gabonais de France (CGF). Celui-ci est notamment chargé de fédérer, de véhiculer et de consolider l’unité, la solidarité au travers de leurs associations et de soutenir des projets initiés par les Gabonais de France. En tant qu’organe représentatif, il vise à créer des passerelles entre les Gabonais de France et les autorités diplomatiques et consulaires. Ils sont nombreux, ceux de nos compatriotes qui ont pu, par leur génie, créer de petites et moyennes entreprises dans plusieurs domaines.
Leur insertion, nous parlerons même d’intégration, dans le pays d’accueil leur permet de contribuer de manière significative, à des degrés divers, au développement socio-économique du Gabon. Ils concourent, chaque jour, à la promotion de notre pays en France. A titre d’illustration, c’est grâce à leur action que nous avons présenté pour ne prendre que cet exemple à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Brest-Bretagne, en novembre 2014, devant plus de 200 chefs d’entreprises, les « Opportunités d’Affaires au Gabon ». Ce type d’initiative, vous conviendrez avec moi, s’associe aux efforts de notre gouvernement visant à faire du Gabon une destination toujours privilégiée pour l’ensemble des investisseurs français. Je remercie au passage nos partenaires économiques qui n’ont de cesse d’accompagner notre volonté à mieux servir nos compatriotes.
Il s’agit entre autres de TOTAL, ERAMET-COMILOG, et tout récemment le Groupe CECA GADIS qui a lancé des offres d’emplois dans de domaines aussi variés. A ce titre, l’Ambassade a fait large diffusion auprès de la communauté aux fins d’aider les compatriotes à trouver des stages et des emplois. Je m’efforcerai toujours en cas de besoin d’intercéder auprès de certaines administrations et sociétés, en vue de faciliter les démarches de certains de nos compatriotes détenteurs de projets viables et qui désirent rentrer pour se mettre au service du Gabon.
Quel regard jetez-vous sur cette communauté qu’on appelle aussi par son nombre la « 10ème province du Gabon ? »
Germain Ngoyo Moussavou : Comme vous le dites si bien, la diaspora gabonaise de France constitue véritablement la 10ème province du pays au regard de la forte présence sur le sol français de près de 15.000 gabonais. Je suis heureux de savoir chaque jour que mes compatriotes se comportent bien dans ce pays qui leur a offert son hospitalité. Cela démontre que le Gabon peut compter sur sa diaspora. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les plus hautes autorités du pays ont pris la décision de consacrer un ministère chargé des Gabonais de l’étranger. Cette décision s’appuie sur le constat selon lequel la diaspora gabonaise est une réalité avec laquelle il faudra davantage compter.
Je suis fier de découvrir à l’occasion de certains rendez-vous ou manifestations à Paris que cette communauté regorge d’hommes et de femmes de valeur ».
Je suis fier de découvrir à l’occasion de certains rendez-vous ou manifestations à Paris que cette communauté regorge d’hommes et de femmes de valeur. Ces talents s’expriment dans pas mal de secteurs de la vie économique et culturelle française. Le Président de la République ne peut que se réjouir de ce dynamisme et attend beaucoup d’elle pour réaliser ensemble le défi de faire du Gabon un pays Emergent à l’horizon 2025.
Dans le cadre de la diplomatie culturelle et des affaires, la diaspora gabonaise de France se positionne aussi comme relais dans la consolidation des relations bilatérales entre nos deux pays. A cet égard, je forme le vœu ardent de voir nos associations œuvrer davantage dans la recherche, à l’échelle locale, de nouveaux partenaires pour une coopération décentralisée plus vivante, grâce aux jumelages entre les villes françaises et gabonaises. En substance, le Gouvernement gabonais, conscient des défis qu’il doit relever pour le développement de notre pays, encourage chaque membre de la diaspora à être un fervent ambassadeur du Gabon.
Pourquoi les passeports ne sont-ils pas délivrés par l’Ambassade ?
Germain Ngoyo Moussavou : Je me permets de répondre pour une énième fois à cette question. Il faut savoir que la délivrance des passeports est du seul ressort de la Direction Générale de la Documentation et de l’Immigration des forces de police nationales, appelé communément Cédoc. En effet, chaque année, une délégation du Cédoc séjournait en France aux fins de régulariser la situation de nos compatriotes. Au regard du nombre croissant de demandes à traiter, les autorités gabonaises ont décidé d’affecter une équipe et d’installer un bureau permanent de la DGDI à l’Ambassade afin de mettre un terme à cette difficulté.
Je vous informe que dans quelques jours les passeports seront désormais établis à Paris. Le démarrage effectif de l’opération est prévu pour le 3 novembre prochain ».
A toutes fins utiles, je vous informe que dans quelques jours les passeports seront désormais établis à Paris. Le démarrage effectif de l’opération est prévu pour le 3 novembre prochain. J’invite les demandeurs à se rendre sur le site https://www.dgdi.ga. Toutefois nos services se tiennent à votre disposition pour mieux vous informer en cas de besoin. C’est donc l’occasion de féliciter nos autorités qui ne ménagent aucun effort pour l’amélioration des situations et des conditions de vie des Gabonais.
En 2016, il y aura une élection présidentielle au Gabon et la grande majorité des Gabonais de France est en âge de voter. Qu’avez-vous prévu pour inciter vos concitoyens à s’inscrire pour accomplir leur devoir de citoyen ?
Germain Ngoyo Moussavou : En toute chose, il y a un temps pour tout. Des mesures incitant les Gabonais à s’impliquer à cette élection sont en préparation. Le moment venu la communauté gabonaise de France sera informée soit par le biais des associations soit directement par les services de l’Ambassade.
Toutefois, je rappelle que ceux qui sont en âge de voter peuvent déjà se faire établir une carte consulaire, permettant ainsi au Consulat général de mieux maîtriser les effectifs réels de la communauté. Cette préoccupation étant essentielle, je souhaite vivement que la communauté soit prête à s’enrôler en vue de sa participation massive au prochain scrutin.
Propos recueillis par Jocksy Ondo Louemba