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Voeux 2016 du Dr. Daniel Mengara: « L’élection de 2016 ne peut se passer avec Ali Bongo toujours au pouvoir » (Texte et Vidéo)

Ci-dessous, le texte et la vidéo du message de voeux 2015 à la nation du Dr. Daniel Mengara, qui affirme que l’élection de 2016 ne peut se passer avec Ali Bongo candidat ou Ali Bongo toujours au pouvoir.


Gabonaises, Gabonais,

Chers compatriotes.

Je voudrais ici, comme chaque année, vous souhaiter une bonne et heureuse année. Au moment où beaucoup d’entre vous continuent à souffrir la torture des méfaits de l’arrivée au pouvoir du clan des Bongo Ondimba il y a près de 50 ans, au moment où certains d’entre vous cèdent au désespoir, j’adresse à notre pays et à chacun d’entre vous mes salutations et mes meilleurs vœux, en mon nom propre mais aussi au nom des compatriotes qui se battent avec moi en vue de l’avènement d’un Gabon nouveau qui soit juste et équitable envers tous ses enfants.

A vous, donc, qui cédez au désespoir,

parce que vous ne savez plus où aller pour soigner vos enfants malades,

parce que vous ne savez plus quoi faire pour garantir à vos enfants une éducation digne de ce nom dans des classes et des écoles où ils seraient assis sur des tables et non à même le sol,

parce que vous ne savez plus quoi faire pour trouver un emploi qui puisse valablement nourrir votre famille dans un pays où le chômage frappe désormais près de 30% de la population, avec des taux avoisinant désormais 40% chez les jeunes,

parce que vous ne savez plus quoi faire pour vous débarrasser des malfrats et délinquants bongoïstes qui prennent en otage votre pays depuis près de 50 ans,

A vous, je voudrais dire ma compassion, ma solidarité et surtout ma détermination à poursuivre avec vous le combat pour un Gabon nouveau débarrassé des Bongo Ondimba. Oui, à vous qui souffrez dans votre âme et dans votre être à cause des méfaits d’une seule famille, d’un seul clan, je dis mes encouragements à ne pas perdre espoir, à continuer le combat car quelle que soit la durée de la nuit, le soleil finit toujours par se lever. Toutes les choses ont une fin et le régime des Bongo Ondimba n’échappera pas à l’inéluctabilité de cette vérité.

Et cette vérité commence par le constat d’incompétence qui frappe les Bongo Ondimba et leur régime depuis près de 50 ans, une incompétence qu’Ali Bongo vient vomir chaque année à la télévision, à vous raconter des bobards sur ses fameuses réalisations fantômes dans ce qui constitue aujourd’hui sa fameuse République des maquettes. En six ans de pouvoir, c’est toujours du vent, des sornettes, du pipeau qu’il vient vous vendre, comme un magicien raté essayant de vous convaincre d’un talent qui n’a jamais existé. C’est ce qui arrive quand on a passé toute sa vie sous les jupettes d’un papa incompétent, quand tout ce qu’on a comme CV se résume au fait qu’on est né fils de président aux origines douteuses dans une famille aux origines douteuses. Et quand on ajoute à cela le fait qu’on dit avoir des doctorats dont on ne retrouve nulle part la trace, on comprend alors pourquoi, pendant six ans, on a vendu des illusions aux Gabonais.

Non, chers compatriotes, il faut arrêter avec la mécréance et les mensonges. Six ans, c’est une éternité en politique et on peut faire beaucoup en six ans. Ali Bongo vous avait promis beaucoup de choses, y compris 5000 logements par an. Après six ans de gros discours, il vous en a livré combien? Rien.

Au Gabon, nous avons pourtant suffisamment de moyens pour pouvoir faire en cinq ans ce que les Bongo n’ont pu accomplir en près de 50 ans de pouvoir sans partage.

Les gens avec un peu d’honneur, quand ils constatent leur incompétence, ils démissionnent. Puisqu’Ali Bongo, comme son père, a montré son incompétence, il doit partir. Mais parler d’honneur aux Bongo Ondimba, c’est comme conter le mvet à un crapaud. Ils n’y comprennent rien.

Mais il n’y a pas que l’incompétence chronique des Bongo Ondimba que les Gabonais reprochent à Ali Bongo. Ali Bongo doit également partir parce qu’il a péché contre le Gabon, parce qu’il a commis des crimes impardonnables contre la République, dont le crime de faux et usage de faux qui lui a permis de se hisser frauduleusement à la magistrature suprême du Gabon en 2009.

Chers compatriotes, on ne peut pas, comme cela, balayer ce crime d’un revers de la main et demander aux Gabonais d’aller à des dialogues inclusifs ou de participer à des élections perdues d’avance sans que ce crime contre la République n’ait été élucidé ! On va dialoguer avec qui ? Un faussaire ? On va aller à des élections avec qui ? Un président faussaire ? AKAH, mes chers compatriotes, vous aussi. On va continuer à vous tromper combien de fois encore pour que vous vous rendiez compte de la supercherie organisée contre vous par les bongoïstes qui veulent vous éconduire une fois de plus ?

Avant de parler de dialogue inclusif ou d’élections, il me semble à moi qu’il y a, au préalable, des questions épineuses qui doivent concerner les Gabonais aujourd’hui, et sur lesquelles tous les Gabonais se doivent de concentrer leur attention, et ce avant tout nouveau dialogue, avant toute nouvelle élection.

J’irai droit au but en disant que la démarche qui consiste, pour l’opposition, à toujours se mettre en position de quémandeuse de dialogues est dangereuse car elle met Ali Bongo en position d’arbitre. Autrement dit, si Ali Bongo dit “non”, on fait comment? C’est là la véritable question à se poser. Or, c’est depuis 2009 que l’opposition demande ce dialogue, et depuis 2009, Ali Bongo refuse. Il me semble que, avant que de demander des dialogues, l’opposition se doit, avant tout, de se mettre en position de force non pas pour quémander le dialogue, mais pour imposer ce dialogue. Or, ce n’est pas d’un salon de velours qu’on impose le dialogue à un dictateur ; on le lui impose dans la rue.

Depuis un moment, hélas, on entend des gens demander le dialogue inclusif, un peu comme hier, on a demandé la conférence nationale, mais sans expliquer aux Gabonais ce qu’ils ont véritablement à gagner de cette énième tentative d’engager le régime dans des pourparlers sans lendemain. Et, comme hier, Ali Bongo a encore dit “non” dans son discours de nouvel an pour cette année 2016 ; il a réaffirmé son Conseil National de la Démocratie, son CND, comme le seul cadre dans lequel il serait prêt à dialoguer avec l’opposition, et ce à titre purement consultatif puisque les prérogatives du CND ne sont pas contraignantes.

Combien de “non” un homme doit-il dire pour qu’on comprenne qu’il a dit “non”? Et cet homme que l’on continue à interpeller, n’est-il plus le président parjure dont la situation administrative relative à son acte de naissance truandé reste entière?

S’agissant de la notion de “dialogue inclusif” elle-même, je voudrais bien que quelqu’un m’explique ce que la notion de “dialogue inclusif” veut dire. A ce que je vois, c’est une notion dangereusement vague puisque, paradoxalement, elle veut tout dire et en même temps elle ne veut rien dire du tout. Oui, dialogue inclusif, mais de qui, pour quoi faire et qui est-ce qu’on réunit? Et pour qu’un dialogue soit inclusif, il doit contenir qui et parler de quoi? Est-il inclusif parce que quelqu’un, quelque part, aura arbitrairement décidé que c’est tel ou tel groupe, ou telle ou telle personne, qui doit y participer? Est-il inclusif parce que des groupes ou des individus se seront auto-sélectionnés pour y participer? Qui décide de quoi? Qui décide des participants ? En quoi ce dialogue différera-t-il de tous ceux que nous tenons depuis 1990 ? Qu’offrirait ce dialogue qui fût nouveau ou suffisamment original pour conforter les Gabonais dans la possibilité d’un changement négocié ?

Mais il y a plus: on peut aussi se poser la question de qui l’organise, ce dialogue inclusif: l’opposition ou le pouvoir? Qui le finance? Qui paie pour réunir ceux qui doivent se réunir? Vous verrez, chers compatriotes, que si vous commencez à creuser, vous trouverez tellement de zones d’ombre dans cette notion que vous finirez par la trouver dangereuse comme moi, tout simplement parce qu’elle est trop vague. Et quand les choses sont vagues, c’est qu’il y a manipulation: on veut, une fois de plus, conduire les Gabonais à une voie de garage.

Il manque, dans cette notion de dialogue inclusif, l’essentiel, c’est-à-dire, premièrement, la question du cadre, et deuxièmement, la question de la finalité. Voyez-vous, quand on dit « Conférence Nationale », les Gabonais ont une idée assez claire de ce que c’est ; quand on dit « Assemblée Constituante », on peut encore là, avec un peu d’effort, savoir l’objet d’un tel rassemblement car le thème est plus ou moins contenu dans le nom. Mais « dialogue inclusif », c’est quoi exactement ? Pour parler seulement ? Et après ? Mais n’a-t-on pas déjà suffisamment parlé au Gabon depuis 1990 sans que ces salamalecs n’aient abouti à rien de positif pour le pays?

Donc, dialogue inclusif, oui, mais encore faut-il en préciser le cadre ! L’expérience et la petite connaissance que j’ai de la politique gabonaise, la modeste connaissance que j’ai de l’historique de nos faits politiques, me dicte que, quand, chez nous, on commence à parler de dialogue, si on ne définit pas le cadre au préalable, on va au casse-pipe. Du coup, dire « dialogue inclusif » ne suffit pas : il faut préalablement définir le cadre de ce dialogue. En d’autres termes, ce dialogue se passera-t-il dans un cadre contraignant ou non contraignant et quel sera le nom et le contexte juridique de ce cadre ?

Un cadre de dialogue est non contraignant quand les résolutions qui en sortent ne sont que des recommandations et donc, n’engagent pas juridiquement ou constitutionnellement le régime en place. C’est ce que nous avons vu avec non seulement la Conférence Nationale de 1990, mais aussi les Accords de Paris en 1994. Ce qui a fait que les résolutions sorties de ces deux cadres de dialogue n’aient aucune valeur contraignante est que, justement, ces cadres n’ont pas été négociés comme des cadres juridiquement et constitutionnellement contraignants. Omar Bongo et son régime étaient plus ou moins libres de les appliquer ou pas. Et voilà pourquoi ces dialogues ont accouché d’une souris.

J’ai donc envie de dire ici, chers compatriotes, qu’il nous faut tirer leçon du passé et conclure que tout dialogue initié hors des voies constitutionnelles et qui, en même temps, n’engagerait pas le Peuple d’une manière ou d’une autre pour lui donner une valeur juridiquement contraignante, est une illusion. Il n’y a, hélas, pour tout Peuple aspirant à la liberté que, TROIS cadres de dialogues contraignants possibles:

Le premier cadre juridiquement contraignant est celui, purement législatif, par lequel l’Assemblée Nationale existante se dessaisirait volontairement de ses prérogatives constituantes pour les céder à un organe tiers qui pourrait, par exemple, être une Conférence Nationale ou tout autre organe spécifiquement formé pour cet objectif. Ceci voudrait dire, alors, que l’Assemblée Nationale voterait, avant la tenue d’une telle Conférence Nationale, une loi qui l’engagerait à entériner, sans les modifier, toutes les résolutions constituantes sorties d’une telle Conférence. Elle donnerait les pleins pouvoirs constituants à un tel organe. Comme vous le voyez, dans ce cas, un dialogue organisé dans le cadre d’une Conférence Nationale dite véritablement Souveraine n’aurait de valeur juridique que si l’Assemblée existante se dessaisissait de ses prérogatives constituantes pour les céder à cet organe tiers. La souveraineté d’une Conférence Nationale ou d’un dialogue ne vient pas du simple fait que des groupes ou individus auto-sélectionnés se soient réunis. Cette souveraineté, dans ce cas spécifique, ne peut venir juridiquement que du Peuple soit directement par référendum, soit indirectement par le biais de ses représentants que sont les Députés.

Le deuxième cadre juridiquement contraignant est, justement, celui d’un Référendum par lequel le Peuple, avant la tenue formelle de la concertation, serait amené à voter pour donner force constituante à un dialogue. Dans ce contexte, on demanderait au peuple de donner les pleins pouvoirs constituants à un groupe d’hommes et de femmes réunis dans le cadre d’une Conférence Nationale ou autre qui produirait alors des résolutions contraignantes à même d’engager toute la nation.

Le troisième et dernier cadre juridiquement contraignant est celui d’un dialogue résultant d’une révolution populaire qui mettrait en place une Assemblée Constituante. Dans ce contexte, la Révolution étant l’expression de la volonté du Peuple, toutes les démarches constituantes qui en découleraient une fois le régime en place évincé seraient forcément juridiquement contraignantes car émanant directement du Peuple.

Malheureusement pour nous au Gabon, le premier cas, celui d’une Assemblée Nationale qui donnerait force constituante à un organe tiers, demande la bonne volonté du régime en place ou des députés. Et le deuxième cas, malheureusement, demande soit la volonté de l’Assemblée, soit la volonté de l’Exécutif, pour convoquer un référendum visant à donner force juridiquement contraignante à un dialogue national. On a du mal à imaginer Ali Bongo et son régime se pliant aussi facilement au jeu de la démocratie en donnant force constituante à une concertation nationale.

Il faut donc se le dire : tant que le Peuple n’est pas engagé indirectement au travers de son Assemblée nationale ou directement par le référendum ou la Révolution pour entériner un dialogue, ce dialogue n’a pas force contraignante et tout ce qui en sortirait serait de simples recommandations que le pouvoir en place serait libre d’appliquer ou pas. Et tant que la force contraignante n’est pas assignée AVANT tout dialogue, nous aboutissons automatiquement à une situation où toutes les formes de dialogues envisageables vont demander soit la bonne volonté d’Ali Bongo et de son régime, soit une révolution populaire en bonne et due forme.

Du coup, on voit que la seule manière de garantir une force juridiquement contraignante à un quelconque dialogue national que ce soit passe, inévitablement, par le canal d’une Révolution, donc la mise en place d’une Assemblée Constituante révolutionnaire organisée et décidée par le Peuple lui-même. S’engager, donc, dans un dialogue inclusif dont le cadre n’est pas défini d’avance comme contraignant est une incohérence politique excessivement grave qui peut nuire aux aspirations des Gabonais pour une démocratie véritable.

Mais, comme je l’ai dit plus haut, il faut aussi élucider la question de la finalité de ce fameux dialogue inclusif que d’aucuns demandent. A ce niveau, il nous faut faire la différence entre dialogue et négociations. Le dialogue est une question de bonne volonté entre fils et filles d’un même pays souhaitant, sans y être forcés, se parler pour avancer ensemble sur des questions épineuses préoccupant la nation. La négociation, quant à elle, procède d’une situation de crise qui forcerait les fils du pays à un dialogue où des choses doivent être négociées, parce que chacun, dans ce contexte, se verrait obligé de négocier une sortie de crise qui lui fût favorable tout en faisant avancer les intérêts de la République.

Autrement dit, un dialogue sans crise à négocier est un exercice en futilité qui a tendance à avantager le régime en place. La question que moi, j’aimerais poser à la frange de l’opposition qui demande le dialogue inclusif est la suivante: où est la crise? Où est la crise qui doit nous forcer aujourd’hui à un dialogue inclusif? Je ne vois encore personne dans la rue, là…

La crise, encore une fois, ne se décrète pas dans les salons de velours. La crise se décrète dans la rue et c’est la rue qui force à une négociation équitable dès lors que l’opposition se retrouverait en position de force. Pour l’opposition donc, toute possibilité de dialogue visant à protéger les intérêts du Peuple doit passer par la rue, et c’est la rue qui mettra l’opposition en position de force pour pouvoir, non plus quémander le dialogue, mais imposer la négociation, une négociation qui, dès lors, consistera simplement à imposer le départ inconditionnel d’Ali Bongo du pouvoir.

Demander un dialogue inclusif ou parler de candidature unique pour l’élection de 2016 quand on sait très bien que la seule voie du dialogue et, partant, d’une élection digne de ce nom au Gabon passe par le pouvoir démocratique de la rue est, à mon sens, un signe de duplicité et les Gabonais doivent rejeter non seulement toute idée de dialogue entre l’opposition et le régime, mais aussi toute idée d’élection au Gabon tant que les vrais enjeux n’auront pas été élucidés.

C’est quoi, ces enjeux?

Le premier est celui de la situation administrative d’Ali Bongo, que nous savons vautré illégalement au pouvoir alors que, pour y accéder, il a fait usage de faux en introduisant un faux acte de naissance dans son dossier de candidature en 2009. Rien qu’avec ça, Ali Bongo est cuit !!! Même s’il amène aujourd’hui un vrai acte de naissance, cela n’annule pas le premier crime, le crime primordial, et à cause de ce crime primordial, il est cuit ! Il suffit à l’opposition de savoir comment faire de ce crime le levier de la chute des Bongo. L’élection de 2016 ne peut donc se tenir avec Ali Bongo comme candidat alors même que nous savons que par cet usage de faux, il a commis un crime impardonnable contre la République. Le départ inconditionnel et immédiat d’Ali Bongo du pouvoir est donc une condition obligatoire de la tenue de toute nouvelle élection présidentielle au Gabon. Et participer à une élection avec Ali Bongo comme candidat c’est le reconnaître comme un président légitime.

Le second enjeu, chers compatriotes, est que l’élection de 2016 ne peut se tenir sans une réforme constitutionnelle et électorale préalable.

Oui, chers compatriotes,

Débarrasser le Gabon de l’insupportable malédiction nommée « Bongo » est devenu un urgent devoir national, un impératif national pour tous les Gabonais, et 2016 est la dernière chance que le Peuple gabonais a pour en finir, une bonne fois pour toutes si on ne veut pas voir Ali Bongo rester au pouvoir pendant 30 ans au moins. Mais ce ne sera pas par des dialogues inclusifs ou des candidatures uniques à une élection perdue d’avance  que le Peuple obtiendra sa victoire. Je le répète donc : rien de bon ne se passera au Gabon tant qu’un Bongo sera au pouvoir. Il n’y aura ni réforme constitutionnelle ni réforme administrative au Gabon tant que les Bongo seront au pouvoir ; il n’y aura aucune possibilité ni de démocratie ni d’éradication de la corruption, de l’impunité et des arbitraires tant qu’un Bongo se vautrera au pouvoir. Il n’y aura pas de progrès économique au Gabon tant qu’un Bongo sera au pouvoir. L’opposition ne gagnera pas le pouvoir par les urnes au Gabon tant qu’un Bongo sera au pouvoir. Ce sont là, hélas, des fantasmes. Les mêmes fantasmes qui éconduisent les chances d’une démocratie véritable au Gabon depuis 1990.

Par ailleurs, pour notre opposition, la question de l’unité qui divise tant les gens est pourtant simple à résoudre: au lieu de se battre pour une unité construite autour des hommes ou d’un seul homme, et qui mènerait à une candidature unique illusoire dans le cadre d’une élection perdue d’avance, il faut construire une unité de l’opposition autour des idées les mieux partagées. Or, pour causer la chute immédiate du régime des Bongo, il suffit à chaque leader de l’opposition, à chaque groupe politique et à chaque portion du peuple de l’opposition de s’accorder sur quatre petites idées très simples que tout le monde va répéter, sur lesquelles tout le monde va agir, et qui vont servir de levier insurrectionnel au Gabon:

1) L’élection de 2016 ne peut se tenir avec Ali Bongo toujours au pouvoir ;

2) L’élection de 2016 ne peut se tenir avec Ali Bongo comme candidat ;

3) Aucune nouvelle élection ne doit se tenir au Gabon qui fût organisée unilatéralement et exclusivement par le système Bongo-PDG.

4) Aucune nouvelle élection ne doit se tenir au Gabon sans une RÉFORME TOTALE et PRÉALABLE du cadre institutionnel et électoral, ce qui suppose, au minimum, et entre autres, une révision de la Constitution qui ramenât le système électoral à deux tours, réduisît le mandat présidentiel à 5 ans, et limitât le nombre de mandats successifs à deux seulement.

La manière d’obtenir ces quatre choses ne consiste pas à chercher le dialogue avec le régime, mais à le rompre, pour engager résolument le peuple sur la voie d’une insurrection qui non seulement empêchera physiquement la tenue de l’élection prévue en 2016 si Ali Bongo est candidat, mais aussi mettra en place une Assemblée constituante organisée indépendamment par le Peuple qui aurait pour objectif, entre autres, la destitution d’Ali Bongo Ondimba, l’évincement des institutions bongoïstes, la mise en place d’une transition politique ayant pour charge principale, suite à un référendum, l’organisation d’élections libres et crédibles et la proclamation d’une nouvelle République démocratiquement organisée sur la base d’une nouvelle Constitution qui soit garante des libertés démocratiques et de la dignité du peuple gabonais.

La question à se poser est alors la suivante : Cela coûte quoi à l’opposition de s’accorder sur ces quatre idées de réforme préélectorale qui vont avantager tous les candidats et leur donner une vraie chance de gagner par les urnes dans un contexte où le vote des Gabonais aurait vraiment un sens ?

Il faut donc que nous soyons clairs, chers compatriotes. Se battre aujourd’hui pour la candidature unique ou pour le dialogue inclusif est un faux débat. Ceux-là qui vous vendent aujourd’hui le dialogue inclusif ou les candidatures uniques travaillent directement ou indirectement pour Ali Bongo. Quand ils vous disent que le dialogue inclusif est la solution miracle au problème politique gabonais ou que la candidature unique est la solution pour gagner, ils mentent. Ils ne veulent pas le changement. Ils veulent garder Ali Bongo au pouvoir pour ensuite aller négocier demain des gouvernements d’union nationale par lesquels ils se partageront, une fois de plus, le gâteau national sur le dos des Gabonais.

Chers compatriotes, l’un de mes objectifs, en rentrant au Gabon en août 2015, était d’aller étudier, sur place, les conditions de la chute immédiate du régime des Bongo. J’ai vu que cette chute serait en fait très facile si l’opposition s’arrêtait de se préoccuper de qui serait candidat pour simplement imposer la réforme avant toute nouvelle élection au Gabon. J’ai vu que ce sont les tendances électoralistes des uns et des autres qui sont le plus gros fléau de l’opposition et ceux qui pensent que les élections sont une solution au Gabon sont, en fait, ceux qui aident le pouvoir bongoïste à survivre. Mon séjour au Gabon m’a donc plus que jamais convaincu de l’inévitabilité de l’insurrection au Gabon si le Gabon doit changer.

Voilà pourquoi je déclare aujourd’hui me situer dans l’option de la troisième voie, qui est la voie de la rupture totale, la voie qui dit que le changement au Gabon ne viendra ni de la bonne volonté des Bongo, ni par les urnes, mais uniquement par le pouvoir démocratique de la rue.

Au moment donc où commence l’année 2016, les choses sont claires. En ce qui me concerne, et en ce qui concerne les Gabonais qui s’organisent actuellement dans l’ombre pour mener à bien les idéaux de cette troisième voie, les idéaux du projet insurrectionnel au Gabon, il n’y a plus aujourd’hui que trois mots à retenir : “DESTITUTION, TRANSITION, ELECTIONS.” Voilà la seule démarche qui reste aux Gabonais si nous voulons assurer à nos enfants un avenir sans les Bongo Ondimba qui soit synonyme de progrès et de bien-être pour tous.

En dehors de cette démarche, le Gabon ne changera pas. Le reste c’est du vent, du pipeau, du mensonge, de la manipulation. Si, donc, demain, quelqu’un vient à vous pour dire que le dialogue inclusif, c’est la solution, que être candidat ou candidat unique dans un système non réformé, c’est la solution, dites-lui que ce sont des bobards. Dites-lui que vous savez déjà qu’il n’y aura aucun dialogue réformateur au Gabon tant qu’un Bongo sera au pouvoir, qu’il n’y aura aucune victoire de l’opposition au Gabon qui ne passât par la force démocratique de la rue et que la seule démarche qui vaille aujourd’hui est celle qui passe par la destitution d’Ali Bongo avant toute nouvelle élection au Gabon.

Sans cette vision commune, sans cette idée simple qui dit qu’Ali Bongo ne peut être candidat en 2016, que l’élection ne peut se tenir avec Ali Bongo toujours au pouvoir, que l’élection ne peut se tenir sans réforme, que le dialogue inclusif non contraignant que d’aucuns demandent est une illusion, il faudra simplement conclure que nous avons décidé de garder Ali Bongo au pouvoir. Et, dans ce contexte, tout vote pour un candidat de l’opposition en 2016 dans le cadre d’une élection perdue d’avance sera forcément un vote pour Ali Bongo. Et tout dialogue inclusif voudra dire le maintien d’Ali Bongo au pouvoir.

Je lance donc un appel à l’unité des hommes et des femmes qui veulent le vrai changement, non pas autour des hommes, mais autour des idées fortes qui vont constituer l’ossature du combat de libération nationale des Gabonais en 2016, et ce autour des idéaux que nous appellerons désormais les idéaux de la « Troisième Voie », c’est-à-dire la dynamique: DESTITUTION – TRANSITION – ELECTIONS.

Pour ma part, je continue à travailler avec mes compagnons de lutte à la seule démarche qui vaille la peine d’être engagée aujourd’hui, celle de la rupture totale d’avec l’agonie du Gabon sous les Bongo Ondimba. Et je compte, dans les semaines qui viennent, travailler à unifier la frange de l’opposition qui partage la finalité d’une rupture immédiate autour de cette dynamique.

Chers compatriotes,

Mon séjour au Gabon, plutôt que de me décourager, m’a conforté dans ma position que rien de bon ne se passera au Gabon tant qu’un Bongo sera au pouvoir et que le changement au Gabon ne viendra pas par les urnes. Les réalités que j’ai vues au Gabon sont également réconfortantes car j’ai vu un peuple déterminé et prêt à en découdre, mais qui attend simplement que ses leaders lui disent exactement quoi faire et comment le faire, tout en assumant publiquement et ouvertement leurs mots d’ordre.

Mon silence, depuis quelques mois, n’est donc pas et n’a jamais été signe d’abandon, ou comme certains auraient pu croire, un émoussement de ma détermination face à ce qu’on appelle les réalités du terrain. Bien au contraire, bien que ce voyage au Gabon n’ait pas eu pour objectif de déclencher l’insurrection, mais plutôt pour évaluer la situation du pays, je suis content d’être allé sur le terrain pour toucher par moi-même ces réalités, voir par moi-même ces réalités, et ce que j’ai vu, ce que j’ai entendu m’a plus que jamais convaincu que la seule voie du changement au Gabon reste la rue.

J’ai aussi vu que ce n’est pas très difficile d’engager la rue, d’engager les Gabonais, dans une révolution juste comme celle que nous voulons pour la libération de notre peuple. Tout ce qu’il faut, c’est un peu de détermination de la part des leaders et un peu de moyens. Et c’est à cela, et surtout à cette recherche de moyens, que mes compagnons de lutte et moi travaillons depuis quelques mois, dans le silence et le calme de la méditation et de la préparation. Dans les semaines qui viennent, je ferai, avec mes compagnons de lutte, des déclarations importantes dans le cadre de notre combat.

Mais entretemps, que ceux qui le peuvent contribuent à nos côtés à l’effort financier et politique qui va nous assurer la victoire par la force démocratique de la rue. Travaillons ensemble, pour que, à la première seconde du 1er septembre 2016, on ne puisse plus dire qu’il y a encore un président autoproclamé au Gabon portant le nom d’Ali Bongo Ondimba.

Vive le Gabon.

Vive la nouvelle République.

Dr. Daniel Mengara
Président, Bongo Doit Partir-Modwoam

P.O. Box 3216 TCB
West Orange, NJ 07052

Tél. (+1) (973) 447-9763

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