Après trois jours de discussions, l’Union africaine a décidé d’envoyer une délégation de « hautes personnalités » pour obtenir le consentement de Bujumbura pour l’envoi d’une force dans le pays. Celle-ci sera déployée « si le Burundi l’accepte », a précisé le commissaire Paix et sécurité, Smaïl Chergui.
L’Union africaine (UA) n’a pas totalement renoncé à envoyer des troupes au Burundi. En revanche, il n’est plus question de les envoyer sans le consentement du gouvernement burundais.
Une délégation de « hautes personnalités » à Bujumbura
Pour tenter de l’obtenir, l’UA va mettre sur pied une délégation de « hautes personnalités » dont la mission sera de discuter « du dialogue inclusif et du déploiement de la force », a expliqué le commissaire Paix et sécurité de l’organisation panafricaine, Smaïl Chergui, lors d’une conférence de presse, dimanche 31 janvier, au dernier jour du 26e sommet de l’UA.
Le déploiement de la force se fera « si le Burundi l’accepte », a-t-il précisé. Un consentement qui est pour l’instant très loin d’être acquis. « Un long débat a eu lieu sur l’envoi de la force, a expliqué Smaïl Chergui. Le gouvernement [Burundais] est réservé, pour ne pas dire hostile à cette idée ».
Le ministre burundais des Affaires étrangères, Alain-Aimé Nyamitwe s’est dit satisfait de cette décision. « Le conseil paix et sécurité nous a rendu justice. La décision (de l’envoi de troupes africaines, ndlr) du 17 décembre n’avait pas été prise sur la base d’informations rigoureuses (…) La délégation de haut niveau peut venir à Bujumbura. Nous dialoguerons avec elle », a-t-il fait savoir. Puis de rappeler : « Mais je crois que nous avons été suffisamment clair sur notre refus de toutes troupes. »
Quatre objectifs pour la force
« Le Burundi accuse le Rwanda de permettre aux mouvements d’opposition armés burundais d’utiliser son territoire pour des infiltrations et des recrutements », a rappelé Smaïl Chergui.
Si la force l’UA au Burundi était acceptée, ses missions seraient « le désarmement des milices, la protection des civils en collaboration avec la police locale, la récupération de toutes les armes et, éventuellement le déploiement à ses frontières », a précisé Smaïl Chergui.
Cette force serait composée de 5 000 hommes. Selon la commission de l’Union africaine, les États de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) seraient prêts à y contribuer.
Smaïl Chergui n’a en revanche pas été en mesure de préciser la composition et la date de l’envoi de la délégation de hautes personnalités chargée de convaincre Bujumbura d’accepter le déploiement de la force de l’UA.
Pierre Boisselet