Raul Castro entame ce lundi 1er février une visite d’Etat de deux jours en France. C’est la première visite d’Etat d’un président cubain en France depuis l’indépendance de l’île.
Arrivé samedi, Raul Castro entamera sa visite officielle ce lundi matin avec une cérémonie à l’Arc de Triomphe. Il sera reçu l’après-midi par son hôte François Hollande avec lequel il dînera à l’Elysée. L’annulation et la reconversion de la dette par la France, et une feuille de route des investissements dans l’île sont à l’ordre du jour.
Fidel Castro était déjà venu en France dans un cadre non officiel. Son frère Raul qui lui a succédé en 2008 a répondu à l’invitation de François Hollande, qui a été lui aussi le premier chef d’Etat européen à se rendre à Cuba en mai dernier, quelques mois après le rapprochement de Washington et La Havane annoncé en décembre 2014.
Signature d’un accord sur la dette
Sur le plan politique, la France souhaite faire de Cuba un allié stratégique et une porte d’entrée symbolique en Amérique latine. Cuba peut aussi être un allié sur des questions multilatérales auprès de l’ONU, comme le climat. Il aurait ainsi joué un rôle non négligeable dans l’accord trouvé à Paris lors de la COP21.
Sur le plan économique, plusieurs entreprises françaises sont déjà présentes sur l’île. Mais la dette cubaine de 14,7 milliards d’euros constituait un frein aux investissements. Ce frein a été levé le 12 décembre dernier lors de l’accord du Club de Paris sur l’annulation des intérêts qui formaient 80 % de la dette cubaine.
La France étant le principal créancier de Cuba, la signature ce lundi 1er février d’un accord bilatéral pour alléger le reste de la dette sera donc le point d’orgue de cette visite. Il resterait environ 360 millions d’euros qui seront en partie annulés, ou convertis en projets de développement à Cuba. Des opérations qui se feront après l’ouverture à La Havane d’un bureau de l’Agence française de développement.
Cuba souhaite privilégier des projets dans le domaine du tourisme, des transports, de l’agroalimentaire et des énergies renouvelables, et compte sur la France pour diversifier ses relations commerciales et diplomatiques et faire évoluer la position commune de l’Union européenne.
Faire évoluer les droits de l’homme
« Il faut investir à Cuba. Ça va permettre la prospérité, ça va permettre les échanges, ça va permettre à ce pays d’évoluer aussi, affirme Jean-Pierre Bel, envoyé spécial de François Hollande pour l’Amérique latine, dans une interview à RFI. Est-ce que c’est en mettant en place un blocus que l’on arrive à faire évoluer les droits de l’homme, la démocratie, ou est-ce en favorisant les échanges, de personnes, de biens ? » Il penche plutôt pour la deuxième formule.
Et en la matière, en particulière en ce qui concerne la liberté de la presse, beaucoup de progrès restent à faire. « Lorsque les journalistes et les blogueurs essaient de faire leur travail convenablement, en dehors des circuits traditionnels surveillés par le régime, c’est un véritable parcours du combattant », déclare à RFI Emmanuel Colombié, chef du département Amérique latine de Reporters sans frontières, basé à Rio de Janeiro. Manque de pluralisme des médias, mainmise du régime castriste sur la diffusion de l’information, arrestations arbitraires de journalistes, confiscations de matériel… Cuba figure bon dernier parmi les pays d’Amérique latine dans le classement RSF 2015 de la liberté de la presse.
Des sources diplomatiques françaises assurent ainsi que la question des droits de l’homme ne sera pas oubliée lors de cette première visite d’Etat de Raul Castro en France.