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Primaires américaines : Hillary Clinton et Bernie Sanders montrent leurs crocs

Le ton est monté lors du dernier débat démocrate avant le vote du New Hampshire. Les deux candidats se sont affrontés pour savoir qui était le plus à gauche.

DE NOTRE CORRESPONDANTE À WASHINGTON, HÉLÈNE VISSIÈRE

Deux candidats, deux philosophies, deux choix pour les électeurs et, finalement, un beau duel. À droite, hier soir, lors du dernier débat démocrate avant les primaires du New Hampshire mardi, il y avait Hillary Clinton qui jouait la carte du pragmatisme. À gauche, il y avait Bernie Sanders qui se présentait comme un socialiste et appelait à une « révolution ». Hillary Clinton, qui a gagné d’un cheveu l’Iowa, est montée violemment au créneau en accusant le Sénateur du Vermont de mener une campagne d’insinuations et de calomnies qui sous-entend qu’elle est corrompue. Il la critique depuis des mois pour les millions qu’elle a gagnés en conférences tarifées à Wall Street, notamment 675 000 dollars payés par Goldman Sachs. « Assez, c’est assez, a-t-elle dit d’un air hargneux. Si vous avez quelque chose à dire, dites-le directement. »

À plusieurs reprises, elle a semblé sur la défensive, élevant la voix d’un ton virulent. Mais Sanders, qui était mieux préparé, moins échevelé que d’habitude et avait un peu modéré son ton de tribun de la plèbe, ne s’est pas laissé décontenancer. Il l’a poussée dans ses retranchements en répétant qu’un groupe de bailleurs de fonds de Wall Street avait versé 15 millions de dollars à sa campagne. « Il y a une raison pour laquelle ces gens mettent tant d’argent dans le système politique. Ça sape la démocratie américaine », a-t-il lâché. Elle a eu l’air aussi sur la défensive quand on lui a demandé si elle communiquerait le texte de ses conférences à Goldman Sachs. « Je vais y réfléchir », a-t-elle dit.

Attaques sur la politique étrangère

Sanders l’a attaqué également sur son point fort, la politique étrangère. Oui, a-t-il dit, « j’ai beaucoup moins d’expérience », mais « l’expérience n’est pas tout, il y a aussi le jugement », avant d’ajouter qu’elle avait voté en faveur de la guerre en Irak en 2002. Cependant, Hillary Clinton, beaucoup plus à l’aise sur les questions internationales, l’a mouché en rétorquant : « Un vote en 2002 n’est pas un plan pour vaincre Daech. » Ils se sont surtout affrontés pour savoir lequel était le plus à gauche. Si, au fond, ils partagent tous les deux les mêmes principes de base sur la lutte contre les inégalités, la défense de la santé, etc., Bernie Sanders est pour de grandes réformes qui changeraient le système. Il milite notamment pour réformer le financement des campagnes, réduire la taille des banques, instaurer une couverture santé universelle et l’éducation gratuite.

Clinton, à côté, prône la continuité, un troisième mandat Obama, avec des réformes graduelles qui durcissent la réglementation en matière financière, améliorent Obamacare… Bref, bien moins excitant, surtout pour les masses de jeunes qui sont séduits par Sanders. Le sénateur du Vermont a recueilli l’énorme majorité des voix des électeurs de 17 à 29 ans, plus encore que Barack Obama en 2008. « Le progressiste, c’est quelqu’un qui fait des progrès », a répété Mme Clinton, se moquant de Sanders « le gardien autoproclamé du progressisme » et de ses « grandes idées » qui vont coûter des milliards et sont totalement irréalistes. « Je veux faire des promesses que je puisse tenir », a-t-elle clamé.

Bernie Sanders a contre-attaqué en disant, par exemple, qu’en matière de santé il y avait plein de pays, dont la France, qui avaient une couverture universelle et bien moins chère. Quant à l’éducation gratuite, on peut la financer, selon lui, grâce à une taxe sur Wall Street. Mais, à mesure que le débat avançait, les deux candidats ont enterré la hache de guerre et ont même fini par une poignée de main cordiale. Le débat ne va sans doute pas changer grand-chose dans le New Hampshire, État voisin du Vermont, où Bernie Sanders est largement en tête des sondages. Mais Hillary Clinton, en jouant pragmatisme, vise déjà les prochains scrutins où l’électorat est plus modéré.

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