Le général Jean-Marie Michel Mokoko a annoncé dimanche sa candidature au scrutin présidentiel du 20 mars au Congo-Brazzaville. Cet ancien chef d’état-major de l’armée congolaise a-t-il les moyens de l’emporter face au président sortant Denis Sassou Nguesso ?
Tout est allé vite, très vite même. Après avoir claqué la porte du cabinet présidentiel le 3 février, le général de division congolais Jean-Marie Michel Mokoko a annoncé quatre jours plus tard son intention de se présenter à la présidentielle prévue le 20 mars au Congo-Brazzaville.
Les raisons du divorce Mokoko – Sassou
Si le divorce entre l’officier congolais et le chef de l’État, Denis Sassou Nguesso, est désormais acté par cette candidature, ses causes sont, pour la plupart, à chercher dans le passé. À l’instar de la prise de position en juillet 2015 du général Jean-Marie Michel Mokoko contre le projet de constitution permettant au président sortant de briguer un nouveau mandat.
La sortie médiatique de celui qui était à l’époque conseiller spécial en charge des questions de paix et de sécurité auprès du président Sassou Nguesso, avait fait grincer des dents à Brazzaville.
D’autant que c’est grâce au chef de l’État congolais que l’officier avait été placé fin novembre 2013 à la tête de l’ex-Misca, la mission internationale de soutien à la Centrafrique, et est aujourd’hui le représentant spécial de la présidente de la Commission de l’Union africaine (UA) dans ce pays.
Rappelé dans la capitale congolaise pour s’en expliquer auprès de Charles Richard Mondjo, ministre congolais de la Défense, le général M0koko a vécu cet épisode comme une « humiliation [qui] ne pouvait être acceptée », a-t-il écrit début février à Denis Sassou Nguesso.
Les atouts du candidat Mokoko
Un officier au-dessus des considérations Nord-Sud
Originaire de Mossaka, dans la région de la cuvette, dans le nord du pays, le général Jean-Marie Michel Mokoko, bientôt 69 ans, est perçu par ses compatriotes comme un officier qui a su transcender les clivages ethniques Nord-Sud, bien ancrés pourtant dans la vie socio-politique du Congo-Brazzaville.
« Par son sens du nationalisme, le général Mokoko, alors chef d’état-major de l’armée, nous a évité début des années 1990 une guerre civile dans le pays », témoigne un opposant congolais qui se réjouit déjà du retour annoncé pour le 9 février de l’officier candidat.
Un officier pro CNS
Le général Mokoko, issu de la promotion « Général de Gaulle » de l’École spécial militaire de Saint-Cyr, a en effet joué un rôle de premier plan en 1991 pour l’organisation de la Conférence nationale souveraineté (CNS) du Congo-Brazzaville.
C’est ce forum qui a conduit le pays vers une transition politique et, l’année suivante, une présidentielle pluraliste remportée par Pascal Lissouba face à Bernard Kolélas, Denis Sassou Nguesso, alors président sortant, n’étant pas qualifié pour le second tour avec ses 16,87 % des voix.
Un officier populaire
Depuis, le général Mokoko est respecté dans le pays. On dit de lui qu’il est « intègre et ne s’est pas compromis ». Certains leaders de l’opposition congolaise comptent même sur lui pour jouer les trouble-fête dans le Nord, réputé favorable à Denis Sassou Nguesso.
« C’est l’homme qui va nous aider à engranger des voix dans le nord du pays », soutient Guy-Romain Kinfoussia, porte-parole du Front républicain pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique (Frocad) et de l’Initiative pour la démocratie au Congo (IDC), la principale coalition anti-Sassou.
Malgré ses atouts, l’officier général, qui n’a pas de parti, aura bien du mal à rivaliser avec Denis Sassou Nguesso dont la formation politique, le Parti congolais du travail (PCT), en ordre de bataille depuis 2012, constitue une véritable machine électorale capable de quadriller l’ensemble du pays pendant la campagne.
Trésor Kibangula