Les troupes du régime syrien poursuivent leur progression dans la province d’Alep. Durant les dernières 24h, les rebelles ont été contraints d’abandonner trois positions.
Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh
Menacés par les frappes russes, les rebelles syriens se rendent à l’évidence : ils ne font pas le poids face aux Sukhoï et n’ont pas d’autre choix que de battre en retraite. Les habitants de ces localités de la province d’Alep demandent désormais eux-mêmes aux rebelles de l’Armée syrienne libre de se retirer de leur village pour éviter l’hécatombe.
Sur le terrain, la machine de guerre syrienne est enclenchée. Les troupes de Bachar el-Assad sont accompagnés de plusieurs milices, celles du Hezbollah libanais, mais aussi des combattants chiites soutenus par l’Iran. Autrefois coupée en deux, sous contrôle du régime à l’ouest et celui des rebelles à l’est, la ville d’Alep est à présent entièrement encerclée par les forces de Damas. Une avancée exceptionnelle qui a été permise par une violente offensive.
L’armée syrienne n’est plus qu’à vingt kilomètres de la frontière turque, une distance qu’elle n’avait plus atteinte depuis 2013. Elle a pris ce lundi deux nouveaux villages et se trouve à cinq kilomètres seulement de la localité de Tall Rifaat, un des trois derniers bastions rebelles au nord d’Alep, avec Aazaz et Mareh.
Les rebelles pris en étau
Saignés par de lourdes pertes et désorganisés par la progression fulgurante des troupes loyalistes, les rebelles ne parviennent plus à lancer des contre-offensives. Selon les sources de l’opposition, le Front al-Nosra, la branche syrienne d’al-Qaïda, un des composantes essentielles des groupes rebelles, aurait perdu 300 hommes dans la seule bataille de Retian, en fin de semaine dernière.
Et comme un malheur n’arrive jamais seul, les rebelles doivent faire face à un autre danger venant de l’ouest. Les combattants kurdes avancent de leur fief de Efrin au nord-ouest d’Alep, vers l’est. Les rebelles sont pris en tenaille par les Kurdes d’un côté et l’armée syrienne de l’autre, et n’ont plus comme voie de repli que les chemins menant à la Turquie.
L’armée syrienne poursuit également son avancée à Lattaquié. Elle est aux portes de Kansabba, dernier fief rebelle dans cette province côtière. Il y a trois mois, les groupes armés occupaient 20% de Lattaquié.
Pour les rebelles de l’Armée syrienne libre, leur insurrection lancée il y a près de cinq ans contre Bachar el-Assad est en danger. Ils ont besoin d’armement, de missiles antiaériens pour tenir leurs positions. Mais aucune aide militaire de ce genre de la part des pays les soutenant n’est annoncée.
La situation sur le terrain est très mauvaise. (…) Mais la résistance des combattants de l’Armée syrienne libre est légendaire, elle marquera l’histoire…
Assaïd Nassif, général de l’armée syrienne libre
Publié le 08-02-2016 Modifié le 09-02-2016 à 02:01