Le candidat socialiste s’est imposé avec plus de 20 points d’écart, mardi soir…
De notre correspondant aux Etats-Unis,
C’est une claque monumentale. La victoire de Bernie Sanders dans son jardin du New Hampshire était attendue. Mais avec une marge de 21 points d’écart, à 60 % contre 39 %, c’est une véritable fessée qu’a reçue Hillary Clinton. Jusqu’où la vague socialiste peut-elle aller ? Pas forcément jusqu’à la nomination, mais Sanders a désormais de quoi faire durer le suspense.
Les valeurs socialistes séduisent la jeunesse
Chez les 18-29 ans (un électeur sur cinq), Sanders réalise un véritable casse en remportant 83 % des voix. C’est bien plus que Barack Obama dans son duel face à Hillary Clinton en 2008. Pas mal pour un candidat qui a 73 ans. Dépitée, Clinton a d’ailleurs reconnu qu’elle avait encore « beaucoup de travail, notamment du côté de la jeunesse ». L’expert Nate Silver relève que les moins de 30 ans sont les seuls qui ont une opinion positive du socialisme – un gros mot synonyme de « communiste » depuis la Guerre froide pour une large majorité d’Américains plus âgés.
Son combat contre Washington plaît aux indépendants
Dans le New Hampshire, la primaire est ouverte aux indépendants (ceux qui ne se déclarent ni démocrates ni républicains), soit environ un électeur sur deux. Elu sous cette étiquette au Sénat, Sanders les a séduits à 72 %, contre seulement 27 % pour Hillary Clinton. Alors que ces derniers sont globalement mécontents de la direction actuelle, Sanders se présente comme un candidat anti-système, qui promet de s’attaquer « à la corruption de Washington et de Wall Street ». Hillary Clinton, elle, veut « poursuivre les progrès réalisés par Barack Obama ». Sans les indépendants, la lutte serait bien plus serrée : chez les encartés démocrates, les deux candidats sont à égalité parfaite, relève Daily Kos.
Les petits donateurs rapportent gros
Dans ses discours, Clinton c’est « je/moi ». Sanders, qui poursuit le même combat contre les inégalités depuis 40 ans, utilise surtout « vous/nous ». Ses électeurs terminent ses phrases, comme Obama il y a huit ans. Bref, il génère un véritable enthousiasme. Et comme pour le président américain, cela se traduit par un succès record chez les petits donateurs. Avec 3,7 millions de contributions individuelles (27 dollars de moyenne), il a récolté 75 millions de dollars. C’est, certes, deux fois moins que la machine d’Hillary Clinton mais Bernie Sanders devrait avoir assez de cash pour mener une campagne nationale.
La suite s’annonce quand même compliquée
L’électorat du New Hampshire est blanc à 93 %. Dans les prochains scrutins, en Caroline du Sud et dans le Nevada, Hillary Clinton va pouvoir s’appuyer sur le vote noir et hispanique. Surtout, environ la moitié des primaires démocrates ne sont pas ouvertes aux indépendants, ce qui va sérieusement handicaper Sanders. Lors de la convention démocrate, Clinton va également pouvoir compter sur le soutien de plusieurs centaines de « super-délégués » non-élus (des cadres du parti et des anciens élus, notamment). Bref, les maths sont largement en sa faveur. Malgré la débâcle, l’expert statistique de Princeton, Sam Wang, estime qu’elle « reste la favorite ».