Profitant de sa tournée dans l’Ogooué-Maritime, le président de la République a annoncé sa candidature à la prochaine présidentielle. Une annonce qui suscite des interrogations. Surtout que le congrès d’investiture du Parti démocratique gabonais (PDG) ne s’est pas encore tenu.
Ali Bongo est-il encore en phase avec les statuts du Parti démocratique gabonais (PDG) ou a-t-il l’intention de s’en affranchir ? C’est la question que se pose une partie de l’opinion depuis qu’il a annoncé, le 29 février dernier, sa candidature à la présidentielle à venir, en marge de sa tournée officielle dans l’Ogooué-Maritime. A moins de six mois de cette échéance, nul n’en doutait. Mais, la démarche étonne et interpelle plus d’un.
Alors que cette tournée avait pour objectifs, entre autres, de lancer les activités génératrices de revenus (AGR), l’annonce que celui qu’on présente désormais comme «le président-candidat» a de quoi déconcerter. S’il a affirmé que sa tournée visait à témoigner aux populations son engagement dans la lutte contre la pauvreté, la précarité et les inégalités sociales, son message a été quelque peu brouillé, d’autant qu’il n’a pas manqué de vanter les réalisations de son mandat. En quelle qualité l’a-t-il fait ? En tant que candidat ou plutôt comme président de la République ? «Si Ali Bongo peut se vanter de son bilan à la tête du pays, son nouveau statut de candidat ne lui permet pas d’utiliser l’argent du contribuable, qui sert à financer sa tournée pour faire sa campagne électorale», s’insurgent certains, pointant du doigt «un mélange des genres». «J’espère que la Cour constitutionnelle s’intéressera à cette question», a lancé un journaliste.
L’annonce de la candidature du président de la République à sa propre succession n’a pas toujours trouvé d’écho favorable au sein de la majorité au pouvoir, et particulièrement au PDG. Sachant que ce parti n’a pas encore tenu de congrès d’investiture, la précipitation du «distingué camarade» fait désordre. Du coup, certains s’interrogent sur ses véritables motivations. Ali Bongo anticiperait-il sur ses propres calculs au mépris des statuts du parti ? Faustin Boukoubi a-t-il préalablement été informé de cette annonce ? Qu’est ce qui peut expliquer une telle précipitation ? Ali Bongo chercherait-il à contourner les primaires souhaitées par les membres du groupe Héritage et Modernité ? Autant de zones d’ombre qui ne sont pas pour préserver l’apparent climat de sérénité qui règne au PDG.
Auteur : Jean-Thimothé Kanganga
