À moins de quatre jours du second tour de la présidentielle au Bénin, le Premier ministre Lionel Zinsou, qui affrontera Patrice Talon le 20 mars, a reçu le soutien d’un important syndicat de zémidjans, les taxis-motos béninois.
C’est un revirement dont la politique béninoise a le secret. Traditionnellement proche du président Thomas Boni Yayi, le Mouvement des zémidjans pour un Bénin d’espoir a annoncé, mardi 15 mars, qu’il soutiendrait le Premier ministre Lionel Zinsou. C’est une surprise puisque ce mouvement avait appelé à voter pour Sébastien Ajavon au 1er tour et que ce dernier fait désormais campagne pour Patrice Talon.
« Le Mouvement des zémidjans pour un Bénin d’espoir soutient Lionel Zinsou au second tour parce qu’avant d’être candidat, il avait déjà un programme pour les zémidjans. Signalons que Lionel Zinsou a fait venir au Bénin des opérateurs économiques français de haut niveau, pour discuter avec les responsables des zémidjans. Et, ils reviendront certainement après les élections pour collaborer avec ceux du Bénin dans le cadre de l’amélioration des conditions de travail et de vie des zémidjans », a déclaré le secrétaire général de ce regroupement des taxi-moto de Cotonou.
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C’est un soutien de taille pour le Premier ministre en vue du second tour, le 20 mars. Le Mouvement des zémidjans pour un Bénin d’espoir regroupe environ un tiers des taxis-motos du pays. Initialement nommé Mouvement des zémidjans pour un Bénin émergent (Mozebe), il a été crée en 2008 par Robert Yèhouénou, qui dirige ce syndicat depuis 1997. Il y a plus de 300 000 taxis-motos au Bénin. Cette profession compte des membres dans de nombreuses familles du pays.
S’exprimant mardi pour la première fois depuis le 1er tour, Lionel Zinsou a fait part de sa stratégie pour contrer les nombreux ralliements obtenus par Patrice Talon.
« Dans un 1er tour, on exprime souvent un jugement sur un bilan de 10 ans, de 25 ans de renouveau démocratique. Mais, un second tour, c’est une nouvelle élection où deux hommes sont devant leur peuple pour parler de l’avenir », a déclaré le candidat de l’Alliance républicaine (qui regroupe les Forces cauris pour un Bénin émergent, le Parti du renouveau démocratique et la Renaissance Bénin). « Nous choisissons désormais un chef de l’État, nous ne partageons plus des candidats. Nous avons un vrai choix devant nous. Nous choisissons un homme qui pour une génération doit conduire le développement du pays », a-t-il ajouté.
Montrant une volonté de se démarquer du président Thomas Boni Yayi, Lionel Zinsou a clamé qu’on « élisait pas un président pour en remplacer un autre ». « Deux hommes ne cachent personne d’autre, ils sont eux-mêmes pour le peuple. »
Se présentant comme le candidat de la « réconciliation » et du « consensus » et non de « la division » et « du régionalisme », il a assuré « qu’il n’y a pas de place pour la vengeance et pour la colère ». « Un chef ne peut pas être en conflit d’intérêts et ne peut pas l’avoir jamais été », a déclaré Zinsou.
Et de conclure : « Le changement, on peut parfaitement le faire dans la paix et avec tous les enfants de ce pays, sans exclure. »
Vincent Duhem