Défiant une importante présence policière, des centaines de manifestants ont défilé contre la candidature du président Ali Bongo Ondimba à la prochaine présidentielle, à Libreville, le 23 juillet 2016.
Une manifestation de l’opposition a dégénéré ce samedi après-midi à Libreville. Appelée par un collectif de sept candidats à la prochaine présidentielle ainsi que l’Union sacrée pour la patrie, la manifestation a été empêchée assez brutalement par les forces de l’ordre.
D’après des témoins, la présence policière était forte dès le matin. Un collectif de sept candidats à la présidentielle de fin août ainsi que l’Union sacrée pour la patrie avaient appelé ensemble à une marche pacifique contre la candidature du président Ali Bongo, estimant qu’il n’est pas né Gabonais et qu’en vertu de la Constitution il n’a pas le droit de se présenter à l’élection. Avant le début de la manifestation, le rond-point de la Démocratie, d’où le cortège devait partir, était quadrillé. Les participants se sont alors rassemblés à quelques centaines de mètres de là, autour du siège du parti Adere.
Les candidats présents, notamment Casimir Oyé Mba, Bruno Ben Moubamba ou encore Guy Nzouba Ndama ont alors décidé d’aller ensemble, de front, à la rencontre des policiers pour leur dire soit de laisser passer la manifestation, soit de tous les arrêter. Les candidats ont avancé, en ligne, suivis des manifestants, vers les forces de l’ordre. Selon des témoins, lorsque le groupe est arrivé à une centaine de mètres d’eux, les policiers ont chargé et lancé des gaz lacrymogènes pour disperser la foule.
Une partie des opposants a fui. Certains se sont repliés vers le siège du parti Adere d’où ils ont jeté des pierres vers les forces de l’ordre qui ont répliqué avec des gaz. Plus tard, les participants ont rejoint le siège du parti Union nationale, situé à proximité, avant de se disperser en fin d’après-midi.
Selon plusieurs sources, les policiers auraient tiré à balles réelles durant les affrontements. Plusieurs personnes auraient été blessées et d’autres arrêtées. Samedi soir, la présence policière restait forte dans certains quartiers de Libreville.
« Pousser M. Bongo Ondimba à la faute »
« Nous ne comprenons pas qu’un chef d’Etat puisse empêcher l’expression démocratique. La Constitution reconnaît la liberté d’expression. Lui peut se permettre de tenir ses meetings n’importe où, mais les autres n’ont pas le droit de le faire, s’insurge Guy Nzouba-Ndama, ancien président de l’Assemblée nationale et candidat à l’élection. Nous sommes obligés d’aller dans des espaces privés pour tenir nos meetings. » Guy Nzouba-Ndama appelle à une nouvelle manifestation afin de « pousser M. Bongo Ondimba à la faute, pour montrer son véritable visage, le visage d’un autocrate ».
De son côté, le ministre gabonais de l’Intérieur assume l’intervention des forces de l’ordre. Pacôme Moubelet Boubeya reconnaît avoir reçu une lettre de l’opposition annonçant la manifestation de ce samedi. Mais selon lui, il ne suffit pas d’annoncer une marche pour qu’elle soit autorisée. L’opposition n’ayant, d’après lui, pas respecté les règles, leur marche n’était pas autorisée. « La police, c’est son travail de s’assurer de la quiétude de la cité et que s’il y a un événement qui se passe dans la cité, qui n’est pas prévu, la police doit s’assurer de l’ordre dans la cité, justifie le ministre de l’Intérieur. Il était prévu un rassemblement qui n’était pas autorisé au rond-point de la Démocratie, il fallait prendre les mesures pour que ce rassemblement ne se fasse pas. »