Samedi 27 août, 628 124 électeurs gabonais sont appelés aux urnes pour choisir leur futur président. Biométrie, annonce des résultats, observateurs internationaux déployés… Jeune Afrique fait le point sur les principales modalités d’un scrutin présidentiel à un seul tour.
628 124 électeurs, 2 580 bureaux de vote
Ils étaient au nombre de 14 il y a encore dix jours. Après d’âpres négociations et les ralliements de Casimir Oyé Mba, Guy Nzouba-Ndama, Léon Paul Ngoulakia et Roland Désiré Aba’a Minko à la candidature de Jean Ping, ils seront finalement neuf face à Ali Bongo Ondimba.
Pour les départager, 628 124 inscrits sur les listes électorales sont appelés aux urnes le 27 août dans 2 580 bureaux de vote, selon la liste remise par le ministre de l’Intérieur, Pacôme Moubelet Boubeya, à la Commission nationale électorale autonome et permanente (Cenap).
La biométrie en question
Pour la première fois lors d’un scrutin présidentiel gabonais, les électeurs sont inscrits sur une liste électorale établie par le biais de la biométrie. Une technologie déployée lors du processus d’enrôlement depuis 2013 par l’entreprise française Gemalto, choisie par l’État après un appel d’offre lancé en 2011.
« Pour l’établissement des listes électorales, le Gabon a retenu deux critères : les empruntes digitales des dix doigts et la reconnaissance faciale, ce dernier critère étant une proposition de l’opposition. La photographie des électeurs apparaîtra sur les listes électorales pour donner une garantie supplémentaire », explique-t-on au sein de la cellule du ministère de l’Intérieur en charge de la biométrie. Comme au Tchad, la biométrie ne sera pas « complète » : les électeurs ne devront pas présenter leurs empruntes pour voter.
Une technologie critiquée par bon nombre d’opposants, qui remettent en cause la transparence et la fiabilité de la technologie déployée par Gemalto. Ce que dément le ministère de l’Intérieur. « Lors des élections locales de 2013, quand la biométrie était déjà utilisée, l’opposition n’a émis aucun grief. Nous réfutons totalement les critiques manifestées ces dernières semaines », rétorque-t-il.
Les résultats attendus le 30 août
Les procès-verbaux des 2 580 bureaux de vote seront regroupés par les comités locaux de la Cenap, qui les centralisera ensuite pour établir un procès-verbal général. Un document qui devra être signé par tous les membres de la commission électorale, « y compris ceux de l’opposition », précise le ministère de l’Intérieur. Les résultats seront ensuite annoncés par le ministre Pacôme Moubelet Boubeya.
Selon la Cenap, le vainqueur de l’élection devrait être connu 72 heures après le scrutin, soit le 30 août. « La loi ne fait pas obligation de publier dans ces délais », précise toutefois le président de la Cenap, le magistrat René Aboghe Ella.
Plus de 120 observateurs internationaux
Alors que la tension est montée de plusieurs crans à l’approche de l’élection, plusieurs institutions internationales ont dépêché des missions d’observation. À commencer par l’Union européenne, qui a déployé « à l’invitation du gouvernement gabonais « une soixantaine d’observateurs » dans les neuf provinces du pays.
Ces derniers sont chargés d’observer plusieurs étapes clés du scrutin : l’établissement des listes électorales, la validation des candidatures, le dépouillement des votes, l’agrégation des premiers résultats, la gestion de possibles contentieux ainsi que la proclamation des résultats définitifs.
L’Union africaine a également envoyé 42 observateurs, a fait savoir à Jeune Afrique l’organisation panafricaine. Douze d’entre eux y « séjourneront du 8 août au 11 septembre pour l’évaluation de l’environnement pré et postélectoral », précise l’UA. Trente autres sont arrivés le 21 août pour une dizaine de jours, jusqu’à la proclamation des résultats. Selon le ministère de l’intérieur, l’ONG américaine National Democratic Institut (NDI) est également présente.
La Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) a également constitué une mission électorale dotée d’une vingtaine de personnes. Comme l’UE et l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), qui a également dépêché une mission d’information, la CEEAC a plaidé pour « une élection apaisée », appelant les candidats « à s’abstenir de toute idée ou déclaration de violence », alors que les esprits s’échauffent à l’approche du scrutin.
Claire Rainfroy