A la veille des résultats officiels de l’élection présidentielle au Gabon, deux candidats revendiquent déjà la victoire, le président sortant Ali Bongo Ondimba et son principal rival Jean Ping qui s’est autoproclamé vainqueur. « Je suis l’élu. J’attends que le président sortant m’appelle pour me féliciter », a déclaré Jean Ping dimanche à Libreville devant la presse et des milliers de partisans euphoriques.
Dès samedi, l’ex-patron de l’Union africaine (UA) avait laissé entendre que les « tendances générales » allaient dans le sens de sa victoire. Son entourage revendiquait dimanche soir 60% des voix sur 60% des inscrits, une estimation impossible à vérifier tout comme la participation.
« L’auto-proclamation de monsieur Ping (…) est grave et dangereuse », a condamné le porte-parole d’Ali Bongo, Alain-Claude Bilie-By-Nze dans un communiqué. Le ministre de l’Intérieur Pâcome Moubelet-Boubeya a dénoncé « une tentative de manipulation du processus démocratique ». Le président sortant a lui joué la carte de la loi : « Nous sommes légalistes et nous sommes républicains donc nous attendons sereinement que la Cénap (commission électorale, ndlr) annonce les résultats de l’élection », mardi vers 17 heures (16 heures, heure française). Mais son porte-parole a ajouté qu’Ali Bongo était «en tête avec une avance qui ne peut plus être inversée ».
Les observateurs de l’Union européenne (UE) qui ont supervisé le scrutin doivent s’exprimer lundi à 13 heures (midi, heure française) sur d’éventuelles fraudes.
Jean Ping, 73 ans, qui a occupé différents ministères entre 1990 et 2008 sous la présidence d’Omar Bongo, le père d’Ali Bongo décédé en 2009, avant de prendre la tête de plusieurs institutions internationales, et qui a vécu avec l’une des filles, prétend renverser la dynastie Bongo, au pouvoir depuis 1967 dans le petit État pétrolier d’Afrique centrale.
Redoutant des troubles comme en 2009 après la première élection d’Ali Bongo, beaucoup de Librevillois restaient chez eux, après avoir fait des stocks de nourriture les jours précédents.
Les rues et les plages de la capitale étaient quasi-désertes dimanche, après une nuit sans incident signalé. L’ambassade de France a recommandé aux Français établis au Gabon « d’éviter de se déplacer, sauf nécessité avérée, et de se tenir informés de la situation ».
En 2009, la victoire d’Ali Bongo Ondimba avait été contestée par l’opposition surtout dans la capitale économique Port-Gentil, où malgré le couvre-feu, plusieurs personnes avaient été tuées dans des affrontements. Le consulat de France avait été incendié. La victoire d’Ali Bongo pour succéder à son père avait été proclamée après cinq semaines de tensions et de heurts.